Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

improvisation (suite)

Folklore et jazz

Loin de telles expériences parfois empiriques ou encore stériles, on retrouve une réelle sincérité dans les improvisations folkloriques, tziganes, etc. Celles-ci sont, certes, assez traditionnelles, mais elles se caractérisent par une fraîcheur d’inspiration qui se ressource continuellement au contact permanent d’un folklore vivace, riche et varié. Avec une virtuosité qui semble innée tant elle est naturelle, ces musiciens improvisent sur des instruments dont ils maintiennent la pratique et qu’ils sont sans doute les seuls à jouer avec cette autorité : flûte de Pan, cymbalum, etc. Une même sincérité se retrouve également chez les musiciens de jazz. Collective dans les formes instrumentales, l’improvisation n’exclut nullement les solos, comme en témoignent S. Bechet, L. Armstrong ou J. Coltrane.

P. G.

➙ Aléatoire (musique) / Folklore / Jazz / Orgue.

 A. Pirro, Jean-Sébastien Bach (Alcan, 1906) ; Histoire de la musique, de la fin du xive siècle à la fin du xvie (Laurens, 1941). / C. Rostand, Dictionnaire de la musique contemporaine (Larousse, 1970). / L’Improvisation, numéro spécial de Musique en jeu (Éd. du Seuil, 1972).

inadaptée (enfance)

Enfants qui, pour une raison ou pour une autre, de façon transitoire ou durable, de manière grave ou légère, ne peuvent suivre correctement le parcours affectif, éducatif et pédagogique de l’enfant dit « normal ».


C’est situer tout de suite cette notion comme la résultante d’une interaction individu-structure sociale. Dans cette relation, les deux termes devraient toujours être également envisagés. Ce n’est que par facilité que l’on tend à situer les problèmes uniquement au niveau de l’individu en cause comme s’il pouvait être isolé de son milieu.

Il ne s’agit donc pas d’un état défini dans l’absolu, mais d’une relation dynamique dont tous les pôles sont variables, chaque élément pouvant jouer son rôle dans une action de réadaptation.

Il apparaît ainsi combien il est anormal de séparer la notion d’enfance inadaptée de la notion d’enfance tout court : tout d’abord parce que toutes les formes de transition existent entre un enfant dit « normal » et un enfant pathologique ; ensuite parce que l’importance numérique des enfants touchés devrait interdire de les rejeter dans une catégorie ségrégative.

Il faut donc comprendre la notion d’enfance inadaptée comme une notion pratique globale destinée, à l’origine, à prendre en charge les problèmes posés. Ce n’est qu’une notion temporaire, qui devrait s’effacer devant une conception globale du problème de l’enfance et de l’adolescence.


Catégories

Il résulte de cela que le domaine de l’enfance inadaptée se présente comme très hétérogène. Il regroupe toutes les causes qui, à un titre ou à un autre, perturbent l’évolution normale d’un enfant. En fait, la pratique va faire apparaître deux catégories, dont l’approche est extrêmement différente : les handicapés physiques et les handicapés mentaux.


Les handicapés physiques

Le problème qu’ils présentent s’est avéré plus facile à résoudre, en raison de l’absence de retentissement mental grave.

Pour les enfants malades chroniques (tuberculeux, asthmatiques, cardiaques ou atteints de toute maladie de longue durée), des structures spécialisées peuvent aisément les prendre en charge, assurer leur évolution affective et éducative, et les remettre dans le circuit normal.

Les handicapés moteurs (infirmes traumatiques, de plus en plus fréquents à la suite des accidents de circulation, poliomyélitiques, dont le nombre a considérablement diminué depuis la vaccination, infirmes moteurs cérébraux, myopathiques, etc.) trouvent de plus en plus leur place dans les structures très spécialisées et adaptées à leurs besoins. Il faut noter, enfin, que leur nombre est proportionnellement assez faible.

Les handicapés sensoriels (aveugles, amblyopes, sourds, hypo-acousiques) relèvent d’établissements spécialisés, où des techniques d’instrumentation, de rééducation et de pédagogie spécialisées leur sont proposées.


Les handicapés mentaux

Ils représentent, au sens large, le plus grand nombre, les catégories les plus diverses, les problèmes les plus aigus et les moins résolus.

La notion de débilité recouvre toutes les diminutions de l’efficience scolaire et professionnelle, qu’elles soient d’origine organique, c’est-à-dire correspondant à une lésion précise du cerveau, qu’elles soient psychotiques, c’est-à-dire dues à des perturbations graves de la vie affective au tout début de l’existence, ou qu’elles soient mixtes, c’est-à-dire résultant d’un facteur organique et des perturbations affectives qu’il entraîne. Son degré est extrêmement variable, et, à sa limite supérieure, on rejoint les problèmes posés par les simples retards scolaires.

La notion de délinquance et de troubles caractériels ne met en valeur que les troubles psychiques qui s’extériorisent par des perturbations des conduites et du comportement. Elle est la traduction partielle d’une structure mentale psychotique, névrotique ou, simplement, elle exprime les difficultés réactionnelles pouvant apparaître chez des enfants psychiquement normaux placés dans des circonstances sociales très perturbantes.


Niveaux d’intervention

Ce sont les structures mises en place pour prendre en charge l’enfant inadapté dans un projet pédagogique rééducatif et thérapeutique.

La prise en charge d’un enfant en tant qu’inadapté est un acte important qui le définit, qui lui fixe un statut et un devenir différents des autres enfants. C’est dire la nécessité d’un bilan complet touchant tous les aspects de sa personnalité et de son environnement.

Ce bilan doit être réalisé par une équipe de techniciens appartenant à toutes les disciplines intéressées : médicale, psychiatrique, psychologique, psychothérapique, etc. En effet, l’état de l’enfant est le résultat de l’association de nombreux facteurs hétérogènes. Il convient de les appréhender tous, de les prendre en charge dans leur ensemble et non d’en isoler un seul de façon exorbitante, ce qui masquerait les autres. C’est dans ce sens, par exemple, que la notion de quotient intellectuel est très controversée actuellement. Un quotient intellectuel ne définit pas un enfant, mais une efficience momentanée chez un enfant, efficience qui résulte de facteurs extrêmement variés et qui peut donc évoluer de façon très diverse en fonction des possibilités d’action sur ces facteurs.

D’autre part, nous avons vu que l’inadaptation se définissait comme un trouble de la relation entre l’enfant, sa famille et son environnement. Il faut donc également faire un bilan du milieu, afin de pouvoir agir sur lui dans un sens favorable.

Quant aux structures elles-mêmes, c’est-à-dire aux établissements mis en place pour effectuer cette prise en charge et réaliser ce projet adapté à l’enfant, elles sont extrêmement diverses et se définissent par des points d’impact et des modes d’action différents.

Schématiquement, nous pouvons situer ces structures selon qu’elles séparent ou non l’enfant de son milieu familial.