Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

impression (suite)

Impression des tissus

Malgré une certaine analogie, l’impression sur textiles (tissus, jerseys, filés, nappes de cardés) se différencie de l’impression sur papier et sur d’autres supports en ce qu’elle vise un effet décoratif et non pas la simple reproduction de textes ou de documents. Elle s’apparente par là à l’industrie du papier peint. Mais elle se rattache davantage encore, par ses procédés de fixation des couleurs, à la teinture des textiles.

Il semble que dès le vie s. av. J.-C. on ait pratiqué en Extrême-Orient et en Inde la décoration des tissus par peinture et par teinture, d’où le nom de « toiles peintes » qui leur fut donné. Dès le Moyen Âge, ces tissus arrivaient en Europe occidentale par Byzance et, plus tard, par les navires de la Compagnie des Indes. Des ateliers se créèrent en Europe pour imiter ces « indiennes ». D’abord assez grossières, ces imitations se perfectionnèrent jusqu’à rivaliser avec leurs modèles.


Techniques de l’impression des tissus

Jadis purement manuelles (application par « pinceautage » ou par l’emploi de planches gravées en relief), les techniques de l’impression des tissus se sont industrialisées depuis la fin du xviiie s. Les principales sont à l’heure actuelle au nombre de trois : l’impression au rouleau, l’impression au cadre, l’impression par sublimation.

• L’impression au rouleau utilise des cylindres dont la surface extérieure est généralement en cuivre et gravée en creux, chaque cylindre correspondant à l’une des couleurs du dessin à reproduire. Sous l’effet de la forte pression qui s’exerce sur les cylindres, la pâte d’impression est reportée de la gravure dans l’étoffe. L’impression peut ainsi s’effectuer de façon continue et à grande vitesse.

• L’impression au cadre s’effectue en faisant passer la préparation colorante à travers les mailles d’un tamis très fin en contact avec l’étoffe. Ce tamis joue le rôle d’un pochoir, les formes du dessin où la couleur ne doit pas apparaître ayant été bouchées au préalable au moyen d’un vernis. Selon que le tamis est plan et rectangulaire ou de forme cylindrique, on a affaire à l’impression au cadre plat ou au cadre rotatif. Ce dernier procédé permet d’atteindre des vitesses de production presque aussi élevées que l’impression au rouleau.

• L’impression par sublimation consiste à reporter par pression à chaud sur une étoffe les couleurs préalablement imprimées sur une bande de papier qui sert de support intermédiaire. Grâce à la propriété de sublimer à chaud que possèdent seuls les colorants « plastosolubles » utilisés pour la teinture des fibres de synthèse, ce procédé ne convient guère qu’à l’impression des étoffes qui contiennent une forte proportion de ces fibres. Il permet, en outre, de décorer des pièces de vêtements déjà découpées avant qu’elles ne soient assemblées et cousues.

• Genres d’impression. On distingue :
1. l’impression directe, dans laquelle les pâtes colorantes sont appliquées sur une étoffe blanche ou teinte en nuances très claires ;
2. l’impression rongeante, ou par « enlevage », caractérisée par le fait que l’étoffe est d’abord teinte, puis imprimée avec des préparations contenant des produits chimiques capables de détruire localement la teinture et de fixer éventuellement d’autres colorants aux endroits « rongés » ;
3. l’impression par réserve, consistant à appliquer sur l’étoffe une composition qui, au cours d’une teinture ultérieure, empêche le colorant de se fixer aux endroits imprimés. (Le batik indonésien est obtenu par ce très ancien procédé.)

Composition des pâtes d’impression. Ces préparations, généralement aqueuses, contiennent essentiellement un colorant, un produit épaississant et des adjuvants.

• Le colorant appartient, à de rares exceptions près, aux mêmes classes que les colorants synthétiques utilisés en teinture ; il se trouve dans la pâte d’impression soit à l’état dissous ou de fine suspension, soit sous forme d’émulsion. Il se fixe sur les fibres textiles selon les mêmes principes qu’en teinture, c’est-à-dire, suivant les cas, par électrovalence, par covalence ou par liaisons physiques. Cependant, dans le cas des pigments complètement insolubles, leur fixation s’effectue par l’intermédiaire d’un liant condensable ou polymérisable (résines synthétiques adéquates).

• Le produit épaississant a pour rôle d’empêcher la couleur de fuser hors des contours du dessin avant d’être séchée ; il peut être soit naturel (d’origine végétale, comme la gomme agragante, la gomme Sénégal, les alginates, la caroube, etc., ou minérale, comme la terre de pipe, le kaolin), soit obtenu par une modification d’un produit naturel, comme la carboxyméthy-cellulose.

• Les adjuvants sont des produits chimiques divers, destinés soit à faciliter l’impression (produits mouillants, solvants, etc.), soit à favoriser le développement des couleurs.

Traitement des étoffes après impression. Les étoffes imprimées et séchées subissent presque toujours un traitement thermique pour déclencher les réactions qui déterminent la fixation du colorant. Il peut s’agir d’un passage en vapeur d’eau, d’un traitement en atmosphère d’air chaud, d’un contact avec des surfaces métalliques portées à haute température ou encore de l’action directe de radiations infrarouges. Le développement des coloris nécessite parfois un traitement complémentaire en milieu aqueux. Enfin, il est généralement nécessaire de procéder à un lavage plus ou moins énergique pour éliminer de l’étoffe les particules de colorant insuffisamment fixées et les résidus d’épaississant ou de produits chimiques. L’étoffe, ainsi nettoyée et séchée, est alors apprêtée.


Impression de papier peint

La fabrication du papier peint a suivi une évolution parallèle à celle de l’impression sur tissus, utilisant les mêmes techniques. Les procédés au cadre (pochoir ou sérigraphie) et à la planche sont réservés aux papiers de luxe ; la taille-douce et l’héliogravure servent pour les teintes en dégradés, la typographie pour les impressions lavables et pour le gaufrage. Les papiers courants s’impriment aux encres dites « à la colle », avec des rouleaux en relief, sur des machines analogues à celles qui servent pour les tissus.

G. B. et C. Z.