Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

analyse (suite)

mathématicien français (Saint-Omer 1809 - Paris 1882). Professeur à l’École polytechnique, à la Sorbonne et au Collège de France, il fonde en 1836 le Journal de mathématiques pures et appliquées, dit « Journal de Liouville ». En 1846 il publie les travaux d’Evariste Galois et donne en 1844 les premiers exemples de nombres transcendants. Il crée avec Hermite, vers 1850, la théorie abstraite des fonctions elliptiques, étudie les transformations conformes de l’espace réel, etc., et exerce sur son siècle, par son journal et son enseignement, une profonde influence. (Acad. des sc., 1839.)

➙ Abel (N.) / Alembert (J. Le Rond d’) / Archimède / Aristote / Bernoulli / Borel (E.) / Cantor (G.) / Cauchy (A.) / Dedekind (R.) / Descartes (R.) / Euclide / Euler (L.) / Fermat (P. de) / Gauss (C. F.) / Hadamard (J.) / Hermite (Ch.) / Huygens (C.) / Jacobi (C.) / Jordan (C.) / Kepler (J.) / Lagrange (L. de) / Lebesgue (H.) / Leibniz (G. W.) / Monge (G.) / Napier (J.) / Newton (I.) / Pascal (B.) / Poincaré (H.) / Riemann (B.) / Viète (F.) / Weierstrass (K.).
Aléatoire (variable) / Anneau / Application / Combinatoire / Continu / Déterminant / Différentielle / Ensemble / Espace / Groupe / Hermitien / Intégrale / Matrice / Série / Suite / Treillis.

 R. Woodhouse, A History of the Calculus of Variations in the Eighteenth Century (New York, 1810). / I. Todhunter, A History of the Progress of the Calculus of Variations during the Nineteenth Century (Londres, 1861). / M. B. Cantor, Vorlesungen über Geschichte der Mathematik (Leipzig, 1880-1908 ; 4 vol.). / C. E. Picard, Sur le développement de l’analyse et ses rapports avec diverses sciences (Gauthier-Villars, 1905). / T. L. Heath, A History of Greek Mathematics (Oxford, 1921 ; 2 vol.). / F. Klein, Vorlesungen über die Entwicklung der Mathematik im 19. Jahrhundert (Berlin, 1926-1927 ; 2 vol.). / G. Loria, Storia delle matematiche (Turin, 1929-1933 ; 2 vol. ; 2e éd., Milan, 1950). / C. B. Boyer, The Concepts of Calculus (New York, 1949 ; 2e éd., 1959) ; A History of Mathematics (New York, 1968). / R. Taton (sous la dir. de), Histoire générale des sciences (P. U. F., 1957-1964 ; 4 vol.). / H. Lebesque, Notices d’histoire des mathématiques (Genève, 1958). / N. Bourbaki, Éléments d’histoire des mathématiques (Hermann, 1960). / M. Daumas (sous la dir. de), Histoire de la science (Gallimard, « Encyclopédie de la Pléiade », 1960). / P. Dedron et J. Itard, Mathématique et mathématiciens (Magnard, 1960). / F. Le Lionnais, les Grands Courants de la pensée mathématique (Blanchard, 1962).

analyse de contenu

Ensemble des techniques d’observation et d’interprétation scientifiques des communications.



L’analyse de contenu comme méthode spécifique d’observation

En son sens le plus courant, l’analyse de contenu épuise tout le projet des sciences humaines.

En effet, il suffit de distinguer, dans les matériaux soumis à l’étude, le contenu du contenant, pour que la forme et le fond relèvent d’analyses différentes. En ce premier sens, on pourrait avancer, par exemple, que toute sociologie est réductible à une analyse du contenu des phénomènes sociaux, si l’on met à part ce que l’on a appelé après Durkheim la morphologie sociale, laquelle implique, comme son nom l’indique, une étude des institutions formelles de la société. L’analyse de contenu apparaît réellement vers 1925. Elle est d’abord utilisée simultanément par des écoles de littérature, de sociologie et de journalisme. C’est vers 1930 que H. D. Lasswell et son équipe systématisent l’emploi de l’analyse de contenu, qui va devenir un outil classique pour l’étude de la propagande et de l’opinion publique en général. Le développement de l’analyse suit corrélativement, d’une part, l’intérêt croissant porté à la connaissance des mouvements d’opinion, et, d’autre part, la diversification et la multiplication des moyens de communication à grande diffusion : on applique l’analyse de contenu en l’adaptant aux matériaux fournis par la radio, le cinéma, la télévision, etc.

C’est sans doute B. Berelson qui a le plus réfléchi aux contraintes et aux possibilités de cette technique, et on peut lui emprunter sa définition : « L’analyse de contenu est une technique de recherche qui a pour objet une description objective, systématique et quantitative du contenu manifeste de la communication. » Il faut toutefois dissiper d’emblée une ambiguïté possible qui tient à l’usage de l’adjectif « manifeste ». En effet l’analyse cherche à révéler, à travers le contenu manifeste et au-delà de celui-ci, un contenu latent ou dissimulé dont la mise au jour donne au document brut sa pleine signification. La psychanalyse ne fait pas autre chose quand elle traite le discours du patient comme un système des signes dont il s’agit de retrouver le code, afin de donner aux matériaux offerts leur sens véritable et profond. Par ailleurs, le mot « communication » dans la définition de Berelson peut s’appliquer aussi bien aux communications orales (proclamations, entretiens, conversations) qu’à des textes rédigés (archives officielles, articles de journaux, lettres).

Il reste que l’analyse de contenu doit toujours respecter certaines conditions : en premier lieu, elle doit être normalisée. Cela implique une sélection préalable des points de vue selon lesquels l’analyse sera menée. L’analyse doit ensuite être systématique ; elle doit permettre d’ordonner tout le contenu dans les catégories choisies. On exige la plupart du temps des résultats quantifiés et le plus souvent on s’astreint à dénombrer les éléments significatifs, à calculer leur fréquence. La recherche de la signification passe au premier plan : on tend à enrichir le comptage du « nombre de fois » par la recherche des thèmes, en qualifiant leur intérêt, leur nouveauté, etc. Ainsi, l’appréciation subjective retrouve sa place dans l’analyse du contenu. L’exemple suivant rend la différence d’optique très claire. Pendant la guerre, un commentateur de la radio allemande, annonçant une victoire de sous-marins, ajoute : « Nous ne sommes pas assez naïfs pour spéculer sur l’avenir à partir de ce succès. » Une telle phrase, isolée dans un contexte délibérément optimiste, n’aurait pas été retenue dans une analyse purement quantitative ; qualitativement, elle était extrêmement intéressante, car elle pouvait indiquer une intention de mise en garde du public allemand contre les mécomptes à venir.