Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

immunologie (suite)

Il semblerait actuellement que les cellules dérivant du thymus reconnaissent l’antigène et transmettent l’information aux cellules qui assurent la production des anticorps spécifiques ; en fait, les deux types de lymphocytes pourraient reconnaître des parties différentes de la molécule antigénique. Ces théories sur le rôle des cellules lymphoïdes sont d’ailleurs en pleine évolution.

Vocabulaire de l’immunologie

agammaglobulinémie, absence dans le sang de gammaglobulines. On parle d’hypogammaglobulisme si elles sont seulement diminuées. V. protide.

anticorps, globuline sérique produite par les plasmocytes après l’introduction d’un antigène dans l’organisme. Les anticorps se combinent spécifiquement à l’antigène et sont le support de l’immunité humorale.

antigène, substance donnant lieu à une réaction immunologique. Elle doit être distincte des constituants de l’organisme.

cellule immunologiquement compétente, cellule produisant la réaction immunitaire.

complément, ensemble de substances présentes dans le sérum qui entrent dans une série de réactions en chaîne lorsque le premier des composants s’est fixé sur un complexe antigène-anticorps.

gammaglobuline, protéine du sang qui supporte les anticorps (v. ci-dessous immunoglobuline).

ganglions lymphatiques. V. ganglion. Les ganglions lymphatiques jouent un rôle essentiel dans la réaction immunitaire et constituent un siège important de l’élaboration des réactions d’hypersensibilité retardée et de la synthèse des anticorps.

haptène, substance capable de se combiner avec l’anticorps spécifique correspondant, mais incapable de provoquer la synthèse de l’anticorps lorsqu’elle est injectée seule à un animal. Les haptènes sont de petites molécules.

homogreffe, allogreffe, greffe allogénique, greffe* effectuée entre un donneur et un receveur appartenant à la même espèce mais génétiquement différent.

immunoglobuline, famille de molécules protéiques (globulines) à fonction d’anticorps : ce sont les gammaglobulines. V. protide.

lymphocyte, cellule présente dans le sang et les tissus lymphoïdes et responsable de la réaction immunitaire. V. leucocyte.

myélome ou maladie de Kahler (du nom du médecin tchèque Otto Kahler [1849-1893]), prolifération maligne de cellules plasmocytaires monoclonales (toutes génétiquement identiques) aboutissant à une hypersécrétion d’une immunoglobuline G, A ou D. Elle entraîne des tumeurs, notamment au niveau des os.

plasmocyte, cellule responsable en grande partie de la production des anticorps.

thymus, organe situé dans la partie inférieure du cou et dans la cavité thoracique, jouant un rôle dans la maturation de certains lymphocytes. Il augmente de volume jusqu’à l’âge de trois ans, puis régresse et disparaît en règle générale chez l’adulte.

Waldenström (maladie de) [du nom du médecin suédois Jan Waldenström (né en 1906)], prolifération lympho-plasmocytaire observée surtout chez les gens âgés et aboutissant à la synthèse d’une immunoglobuline (IgM) en proportion excessive.


Les antigènes

L’antigène est une substance capable de provoquer une réponse immunitaire et de se combiner avec le produit de cette réaction. Cette dernière consiste très souvent en une production d’anticorps spécifiques, mais il peut s’agir également d’une réaction d’immunité cellulaire spécifique avec ou sans production d’anticorps.

Quelles sont les conditions pour qu’une substance soit antigénique ?

La première est que cette substance n’existe pas chez l’individu lui-même : ainsi l’albumine de Bœuf injectée à un Lapin suscite la formation d’anticorps spécifiques antialbumine de Bœuf, alors que l’albumine de Lapin n’entraîne aucune réponse, et pourtant les différences entre les deux molécules sont minimes, elles ne tiennent qu’à une variation de quelques acides aminés le long de longues chaînes polypeptidiques. Cette absence de réaction est une conséquence de la tolérance immunologique.

La deuxième condition est que la substance constitue des molécules suffisamment grosses. Toutefois, certaines petites molécules, dites « haptènes », peuvent jouer un rôle d’antigène ; on peut ainsi obtenir des anticorps antihaptènes à condition de fixer l’haptène sur une grosse molécule. (Un exemple d’haptène est l’aspirine.)

Les protéines, les polypeptides synthétiques ou naturels, les polysaccharides sont de bons antigènes ; par contre, les lipides ne sont en général pas antigéniques.

De nombreux travaux ont cherché à élucider le problème de la spécificité des antigènes. Il suffit en effet, dans certains cas, d’une variation d’un seul acide aminé dans une chaîne polypeptidique pour entraîner la production chez l’animal d’un anticorps différent qui ne réagit plus avec la molécule originale.

L’injection d’un antigène à un animal suscite en général la production de nombreux anticorps, chacun étant dirigé vers une toute petite partie de la molécule, que l’on appelle un « déterminant antigénique ». Ainsi, une molécule d’antigène possède plusieurs déterminants ; leur taille minimale est de l’ordre de 5 à 6 acides aminés ou sucres. Pour que le site antigénique soit reconnu, il faut qu’il ait une disposition spatiale bien particulière dans la molécule ; il suffit ainsi d’un déplissement des chaînes, obtenu par exemple par dénaturation, pour faire disparaître des sites antigéniques. La spécificité du site antigénique est liée à la structure primaire de la molécule, c’est-à-dire aux acides aminés et aux sucres.


Les anticorps

La structure des molécules d’anticorps doit pouvoir rendre compte de l’extraordinaire spécificité de la réaction antigène-anticorps. Les études immunochimiques ont montré la diversité considérable des molécules d’anticorps, bien qu’elles forment une même famille de globulines (grosses molécules protéiques) de structure voisine. Il s’agit donc en fait d’une population très hétérogène, et l’on peut dire qu’à chaque déterminant antigénique (et il en existe des millions) correspond un anticorps distinct.