Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Ille-et-Vilaine. 35 (suite)

L’émigration qui sévit dans le sud du département s’explique par la pauvreté des sols. L’absence de limon a fait du Sud une région peu fertile, âpre, où la lande et les bois tiennent une place importante. On y pratique la polyculture ; le seigle a été longtemps la principale céréale. Les marais de Redon s’étendent le long de la Vilaine, à la limite du département. Des fabriques de vêtements, d’instruments d’optique, de briquets, de machines agricoles font de Redon un centre industriel.

Le département d’Ille-et-Vilaine a un bilan migratoire positif, en raison de l’essor rapide de Rennes et de son taux de croissance naturel. Sa population s’est accrue de près de 60 000 unités (10 p. 100) de 1954 à 1968. Il n’est, cependant, pas exempt de problèmes : sous-emploi chronique, crises dans l’industrie de la chaussure et du vêtement, etc.

M.-M. F.

➙ Bretagne / Rennes / Saint-Malo.

Illinois

État du Midwest américain ; 146 075 km2 ; 11 114 000 hab. Capit. Springfield.


L’Illinois possède de bons sols arables formés sous prairie ou feuillus à partir des dépôts glaciaires ; ceux-ci couvrent le tréfonds sédimentaire, qui n’affleure qu’à l’extrême nord, dans la Driftless Area, et qu’à l’extrême sud, au-delà de la limite de la glaciation « Illinois ». Le climat est de type continental à hiver froid, à été chaud et à précipitations à maximum estival (climat du maïs). Étant donné l’extension de l’État en latitude (entre 37 et 42° N.), il y a des différences sensibles entre le Nord et le Sud. À Peoria, presque au centre de l’État, la moyenne de janvier est de – 3,5 °C, et celle de juillet de 24,5 °C ; le total des précipitations est de 875 mm.

Les premiers occupants sont arrivés par la vallée de l’Ohio dans la région forestière du Sud, qu’ils ont partiellement défrichée entre 1790 et 1820. Jusqu’en 1820-1825, les prairies du Centre étaient considérées comme stériles. Mais elles se peuplèrent rapidement entre 1825 (construction du canal de l’Érié et arrivée d’immigrants par Chicago) et 1850.

L’Illinois occupe les tout premiers rangs dans les domaines industriel et agricole. Il tient la quatrième place pour la valeur ajoutée par l’industrie.

L’essentiel de cette production industrielle revient à l’agglomération de Chicago et de ses satellites. Mais on note la présence de la métallurgie à East Saint Louis (sidérurgie, aluminium), de la mécanique (machines-outils, matériel agricole, tracteurs, équipement de mines) à Peoria, à Rockford et à Springfield, de l’électronique et de la construction électrique à Peoria et à Springfield, des industries de transformation des produits agricoles à Peoria, à Springfield et à Decatur.

On exploite le plomb à Galena depuis le début du xixe s. et le zinc dans la Driftless Area. On tire 170 000 t de spath fluor (pour l’industrie chimique, la céramique, le verre d’optique ; l’Illinois est au premier rang). La production de charbon (bassin de l’Eastern Interior) progresse depuis quelques années (56 Mt ; quatrième rang) et livre maintenant du charbon à coke exploité par strip mining et destiné à Gary (près de Chicago) et à East Saint Louis. Le pétrole est extrait dans le sud de l’Etat (près de 10 Mt ; huitième rang) et traité dans quatorze raffineries.

L’Illinois appartient au Corn Belt. Avec 24 Mt de maïs (premier rang), il dépasse légèrement l’Iowa ; les rendements atteignent parfois de 50 à 60 quintaux à l’hectare. Le maïs alterne avec le soja (premier rang) et le blé, l’orge ou l’avoine. Céréales et soja sont en partie vendus directement (et exportés), en partie destinés à l’alimentation des porcs, des vaches laitières et des volailles. La diminution du nombre des fermes, surtout depuis la Seconde Guerre mondiale, a entraîné l’accroissement de leur étendue moyenne (85 ha aujourd’hui). La valeur moyenne et le revenu des exploitations sont parmi les plus élevés aux États-Unis. La population est urbanisée à 81 p. 100. Outre Chicago, il n’y a qu’une agglomération importante, Peoria (320 000 hab.). Springfield, Rockford, East Saint Louis et Rock Island comprennent de 80 à 120 000 habitants. Avec Davenport (Iowa), Rock Island forme une conurbation de 340 000 habitants.

P. B.

➙ Chicago.

illuminisme

Terme apparu à la fin du xve s. et qui recouvre trois réalités : une doctrine philosophico-mystique, un degré d’ordre initiatique, une secte politique.


La doctrine illuministe a des antécédents tout au long de l’Antiquité et du Moyen Âge. Elle surgit çà et là, dans les moments de bouleversement intellectuel et d’aspiration au changement. Les sectateurs prétendent recevoir directement de Dieu et en marge de la grâce dispensée par l’Église une lumière spéciale les rendant aptes à la révélation et à la perfection. Cette doctrine est vague. En effet, elle n’eut jamais ni limites ni structures précises, ni thaumaturges, ni théologiens. Cependant, on peut la rattacher à Érasme et au protestantisme. Luther lui-même justifiera les illuminés, ces mystiques en révolte contre la rigueur de la discipline catholique.

Les illuminés existent alors dans toute l’Europe. Venant d’Italie, leurs idées ont pénétré en Espagne. En 1498, un document espagnol mentionne pour la première fois la secte des alumbrados. Celle-ci va connaître en Espagne une éclatante prospérité, pénétrant même jusqu’à la famille royale. L’Inquisition la poursuit pendant plus d’un siècle, usant de rigueur sans cesse croissante. De grands mystiques espagnols, tels sainte Thérèse, saint Jean d’Avila, saint Ignace, sont soupçonnés d’illuminisme. L’Estrémadure, Tolède et Cordoue sont les régions les plus touchées.

En France, l’illuminisme prend surtout une certaine proportion en Picardie, où, en 1634, le curé de Saint-Georges de Roye proclame ses convictions, ainsi que d’autres à sa suite, plus tard appelés guérinets. L’Inquisition y met fin dès 1635. Plus tard, en 1728, un groupe d’illuminés, les prophètes français, apparaît dans le sud de la France. Il a des affinités avec les camisards et persiste jusqu’en 1794.