Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Iaroslavl (suite)

La ville connut rapidement la prospérité ; d’abord englobée dans la principauté de Rostov, objet des ravages tartares, elle devint autonome sous le règne de la princesse Marie en 1252. Elle était à cette époque le centre d’une principauté puissante, qui connut son apogée au xive s. À la fin du xve s., elle tomba sous la domination des princes de Moscou.

Au xvie s., après de nouvelles dévastations, elle fut repeuplée par des colons venus de Novgorod et prit alors rang parmi les plus importantes places commerciales du pays.

La prospérité de ses marchands est attestée au siècle suivant par la floraison architecturale qui dota la ville de tout un ensemble d’églises originales (église du Prophète-Elie, 1647-1650 ; Saint-Jean-Chrysostome de Korovniki, 1649-1654 ; Saint-Nicolas, 1665-1672 ; Saint-Jean-Baptiste de Toltchkovo, 1671-1687). Ces sanctuaires sont couronnés de cinq coupoles haut perchées ; ils sont flanqués de clochers terminés en pyramides ajourées, et leurs porches et leurs fenêtres sont décorés de faïences de Delft.

P. R.

Ibadan

V. du Nigeria, ch.-l. de la Province-Occidentale ; environ 1 000 000 d’habitants.


Ibadan est la plus importante des agglomérations du pays yorouba et la plus grande agglomération de caractère traditionnel en Afrique tropicale. Elle est de fondation récente. Vers 1825-1830, l’ancien Empire yorouba, cédant à la pression des guerriers peuls* (ou foulbés) venus du nord, se rapprocha de la zone forestière et de la côte. Les populations se regroupèrent, et plusieurs agglomérations naquirent, parmi lesquelles Ibadan. En vingt ans, Ibadan atteignit 70 000 habitants. L’arrivée des Anglais en 1886 devait définitivement favoriser les Yoroubas* d’Ibadan, en raison principalement de la place qu’ils tenaient dans le développement du commerce avec la côte.

La situation et le site de la ville ont largement contribué à son accession à la suprématie. En effet, Ibadan, à la limite des savanes et de la forêt, préside aux échanges des produits caractéristiques de chaque domaine. D’autre part, sa localisation sur des échines rocheuses cuirassées offrit aux populations une protection contre les incursions de la cavalerie peule et le voisinage longtemps hostile des Egbas. Rapidement, Ibadan est devenu le point de rassemblement des commerçants du pays yorouba et le centre de collectage des produits rassemblés avant leur acheminement vers les acheteurs anglais de la côte. L’arrivée de la ligne de chemin de fer partant de Lagos à Ibadan, en 1901, puis la jonction de plusieurs routes commerciales devaient stimuler encore le développement de la ville, qui devenait ainsi le grand centre régional de réception et de répartition des marchandises : cacao, huile, palmistes dirigés vers les marchés d’outre-mer ; noix de cola destinées aux marchands du Nord ; bétail arrivant des savanes septentrionales. Le choix d’Ibadan comme chef-lieu de la Province-Occidentale devait officialiser le rôle prépondérant qu’elle avait déjà acquis dans le domaine commercial.

Ibadan est encore considéré comme une ville double. On distingue le « vieil Ibadan », caractérisé par une évolution très lente à partir de l’ancienne ville fortifiée installée autour des reliefs, où se rassemblent encore les activités traditionnelles du vieux marché et de l’artisanat, et le « nouvel Ibadan », attiré vers l’ouest par le chemin de fer en un large arc de cercle qui contourne la partie occidentale de la vieille ville.

Le vieil Ibadan garde tous les caractères des cités africaines précoloniales. Il est encore habité par un nombre élevé d’agriculteurs. Les aspects principaux de sa morphologie consistent dans le manque de tracé précis, la forte densité de la population et de l’habitat au sein des différents quartiers traditionnels, la qualité médiocre, quoique variée, de l’habitat, les longues perspectives de toits de chaume bruns, rompues seulement par l’émergence des clochers des églises ou les minarets des mosquées. À l’est de la vieille ville s’est développée en une décade une ceinture verte constituée par les parcs et les terrains de sport des collèges, des écoles, des hôpitaux. Certaines modifications sont actuellement en cours, comme la substitution des toits de tôle aux toits de chaume, le crépissage des murs de terre sèche, mais aussi le démantèlement des vieux quartiers, remodelés ou divisés en unités plus réduites, et l’occupation des espaces libres, ces deux opérations conduisant à un accroissement des densités. Plus de la moitié des maisons sont classées comme taudis. La structure de l’ancienne ville gêne considérablement le développement des services urbains modernes.

La nouvelle ville s’est développée à l’ouest, autour des voies de communication modernes. Le centre bancaire et commercial s’organise autour de l’avenue de la gare. Il associe un mélange disparate de constructions peu élevées déjà anciennes, de style colonial (entrepôts, factoreries, garages, boutiques), et de bâtiments verticaux modernes (sièges bancaires, buildings des sociétés commerciales). Les espaces résidentiels sont variés et tendent à s’organiser par ethnies ou classes sociales. Le nord et le nord-est de l’agglomération sont occupés par les bâtiments officiels : Parlement, ministères, universités et habitations des enseignants.

La croissance a été rapide. La population, estimée à 210 000 habitants en 1909, est passée à 387 000 en 1936, à 459 000 en 1952, à 627 000 en 1963 et avoisine aujourd’hui le million. Les fonctions d’Ibadan présentent une plus grande variété que celles des autres villes yorouba, avec une proportion plus élevée d’actifs du commerce et de l’industrie. Les activités artisanales ont toujours été importantes dans les villes yorouba, surtout à Ibadan, mais les arts traditionnels ont tendance à décliner. L’artisanat moderne est en progrès (bijouterie, fabriques d’armes, tissage de tapis, tailleurs, cordonniers).

Les fonctions administratives, la présence de deux universités sont venues s’ajouter à la tendance naturelle des Yoroubas à se concentrer, facilitant ainsi une rapide diffusion culturelle, l’introduction de nouveaux styles de vie, la croissance commerciale, l’augmentation de la productivité. Cela explique le développement rapide d’Ibadan. Mais le fait de posséder les quartiers modernes les plus étendus et les plus actifs, un secteur industriel déjà important, des universités réputées ne doit pas masquer les difficultés d’intégration de la vieille ville, de résorption du chômage, ni la détérioration de l’environnement agricole.

J. C.

 P. C. Lloyd, A. L. Mabogunje et B. Awe, The City of Ibadan (Londres, 1967).