Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

hystérie (suite)

L’hystérie chez l’enfant

L’hystérie existe chez les enfants, mais elle y prend des aspects et une évolution souvent très différents de ceux de l’adulte. Les symptômes somatiques de conversion ne se développent pas toujours sur une personnalité hystérique. Les phénomènes pathologiques sont volontiers transitoires et n’ont pas le caractère stéréotypé que l’on observe chez l’adulte. Le rôle involontaire des parents dans la production des symptômes est ici très frappant.


Le terrain ou la personnalité hystérique

Ils sont caractérisés par la suggestibilité. L’hystérique est, en premier lieu, particulièrement influençable, avec une tendance à reproduire ou à imiter des maladies organiques. Il se révèle en général (mais pas toujours) sensible à l’hypnose*. Son psychisme frappe l’observateur par une certaine psychoplasticité, avec inconsistance de la personne et versatilité. L’hyperexpressivité est un autre trait dominant, avec théâtralisme important, démonstrations affectives excessives et, en fait, superficielles. L’hystérique cherche à séduire, à émouvoir à tout prix. Sa sincérité est très variable, mais il est souvent comme un acteur pris à son propre jeu. Il a peur de déplaire et adapte souvent son attitude en face d’autrui. Il existe toujours une immaturité affective étonnante avec un égocentrisme infantile forcené, une quête affective insatiable, une hyperdépendance à l’égard de l’entourage immédiat. L’hystérique, tout comme le jeune enfant, est entièrement tourné vers lui-même. Ses émotions restent superficielles, très variables d’un moment à l’autre. L’humeur est instable.

Les tendances mythomaniaques sont indiscutables. L’imagination est vive et débordante. L’hystérique se construit souvent une ou des histoires, enjolive les détails de sa vie quotidienne ou, au contraire, se plaît à les noircir. Il refoule avec une troublante facilité certains souvenirs et en bâtit d’autres dans le sens de l’exagération, de la distorsion de la réalité. Il trouve ses satisfactions dans le domaine de l’imaginaire. Il se présente souvent avec une certaine complaisance narcissique, et, pour un observateur averti, il y a toujours chez lui quelque chose d’inauthentique dans le discours comme dans les actes. L’insatisfaction en ce qui concerne la réalité quotidienne est fréquente et se traduit par une sorte de péjoration de l’existence qui inquiète faussement les parents, le conjoint ou même le médecin. En résumé, l’hystérique falsifie continuellement les éléments de son existence.

Sa sexualité n’est jamais normale. Derrière des attitudes séductives de coquetterie (ou de donjuanisme chez l’homme) se cachent la frigidité partielle ou complète, l’impuissance. En un mot, la sexualité se trouve toujours profondément inhibée. L’insensibilité vaginale est fréquente chez la femme. Les femmes sexuellement débordantes sont des nymphomanes et jamais des hystériques. Les hommes hystériques passent pour séducteurs, alors qu’ils sont incapables d’une activité sexuelle régulière et soutenue. La maternité ou la paternité sont souvent mal assumées par ces névropathes.

Le niveau intellectuel des hystériques se révèle généralement dans les limites de la normale, avec tout de même une tendance à la médiocrité lorsque de grands accidents corporels de conversion existent.


Les symptômes hystériques de conversion somatique

C’est sur le terrain précédemment décrit que se développent typiquement des troubles corporels très variés, tantôt aigus et passagers, tantôt durables et chroniques.

On s’est attaché d’abord aux grandes crises d’agitation avec contorsions, spasmes, « convulsions » simulant des crises d’épilepsie. Ces grandes crises, ou « attaques hystériques spectaculaires », sont aujourd’hui beaucoup plus rares qu’au xixe s., mais elles existent encore dans certaines sociétés dites « primitives ». On observe plus souvent de banales « crises de nerfs » avec des pleurs, des gémissements, des tremblements, des syncopes, des crises tétaniques, des pertes de connaissance brèves, des chutes théâtrales, des malaises bizarres et mal définissables, de brusques états de faiblesse générale, des pseudo-comas, ou léthargies hystériques. Fréquents sont les troubles de l’équilibre avec faux vertiges, astasie et abasie, les pseudo-« crises de foie » avec vomissements, les céphalées. Encore plus caractéristiques sont les amnésies hystériques, qui portent sur une certaine période, généralement pénible, du passé ou qui sont massives et globales. Ces amnésies, en fait mal interprétées, ont souvent fait les délices de nombre de romanciers ou de cinéastes. De même, on voit chez les hystériques des phénomènes rares de dédoublement de la personnalité, d’états crépusculaires de la conscience.

De nombreux troubles intéressent les fonctions de la vie de relation : pseudo-paralysies d’un ou de plusieurs membres, pseudo-anesthésies, contractures diverses de l’abdomen, du rachis, des membres, fausses cécités, surdités, aphonies hystériques. Aussi impressionnants que soient ces troubles, ils ne correspondent jamais à une lésion du système nerveux. L’hystérique croit être paralysé, aveugle, sourd ou muet, alors que les organes ou les structures physiologiques correspondantes sont normales. Il n’est donc pas exactement un simulateur.

On connaît encore de nombreuses autres manifestations à type de douleurs ou de spasmes viscéraux : précordialgies, troubles digestifs, troubles urinaires, douleurs rachidiennes et génitales, pseudonévrites.

De l’ensemble de ces symptômes de conversion, les plus caractéristiques de l’hystérie sont ceux qui intéressent la vie de relation, les troubles de la conscience, les amnésies, les troubles de l’équilibre, les paralysies, ou anesthésies, les pseudo-déficits sensoriels, etc. Bon nombre d’hystériques se plaignent d’une asthénie insurmontable, pour laquelle tous les examens complémentaires restent négatifs.

Insistons enfin sur les troubles du comportement alimentaire, presque constants chez l’hystérique (anorexie ou boulimie, anarchie de l’alimentation).