Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

hydro-électricité (suite)

La géographie

La répartition mondiale de la production dépend à la fois des conditions naturelles et du niveau de développement des pays. Les ensembles les mieux doués sont ceux qui bénéficient d’un climat humide et d’un relief vigoureux : là où l’action des glaciers a été notable au Quaternaire, les irrégularités du profil des rivières sont nombreuses, ce qui multiplie les possibilités d’équipement. On comprend ainsi sans mal la place que tiennent, parmi les régions à fortes ressources, les chaînes élevées de latitudes tempérées ou les vieux socles burinés des hautes latitudes (bouclier canadien, boucher scandinave, lourdes plates-formes de la Sibérie centrale). Les régions arides sont mal douées, alors que le monde tropical humide offre des disponibilités remarquables : c’est vrai en particulier de l’Afrique, qui est constituée de cuvettes dont le rebord, tourné vers l’Océan, multiplie les sites de chutes. La disposition est analogue dans le Brésil atlantique, ou au Deccan. Il s’agit cependant de pays tropicaux, avec des écoulements moins réguliers que ceux de l’Afrique centrale.

L’effort d’équipement a d’abord porté sur les cours d’eau à fortes chutes et débits souvent médiocres des pays alpins : on disposait, pour les utiliser, de turbines très efficaces. Les installations étaient souvent réduites à peu de chose, dans la mesure où on ne cherchait pas à régulariser l’écoulement.

On a appris par la suite à équiper les fleuves de plaine : chutes moyennes, basses chutes se sont multipliées. Les roues Kaplan, puis plus récemment les groupes-bulbes ont permis de tirer le meilleur parti de tous les sites. C’est pour les équipements de ce type que les progrès des travaux publics ont été les plus utiles, car c’est là que les volumes déplacés sont les plus élevés : que l’on songe aux travaux qu’ont entraînés en France l’équipement du Rhin ou celui du Rhône !

Dans les zones alpines, les installations anciennes sont souvent reprises dans des programmes d’équipement plus systématiques : on édifie des retenues en altitude, on turbine les eaux dans des usines en échelon, et toute la différence de niveau est ainsi employée.

Les problèmes qui se posent dans les pays équipés plus tard, dans les pays du Nord ou dans le monde tropical, sont différents. Dans les zones à tendances arides, les équipements sont toujours conçus pour servir des fins multiples, si bien qu’on met l’accent, dès le départ, sur la constitution de réserves gigantesques : la production énergétique n’est souvent qu’accessoire (c’est le cas en Égypte, à Assouan).

Là où les densités sont faibles, dans le bouclier canadien, en Sibérie, au bord du Missouri ou de la Columbia aux États-Unis, dans certaines régions africaines, le long de la Volta par exemple, ou dans les régions de la Volga, de l’Angara ou de l’Ienisseï en U. R. S. S., on peut noyer sans difficulté des superficies considérables. Il est alors possible de créer des installations gigantesques, même sur des fleuves de faible pente, et d’obtenir des productions à prix de revient très bas.

Longtemps, les industries utilisatrices de courant ont été attirées par ces sites : l’électrochimie, l’électrométallurgie avec la fabrication de l’aluminium se dispersaient volontiers dans les vallées alpines, le long des fjords norvégiens, à proximité des chutes du bouclier canadien ou même dans la forêt africaine, comme à Edea, au Cameroun. Les conditions ont changé avec l’évolution des prix de revient de l’énergie, d’une part, les conditions du transport de courant, de l’autre. En Europe, les sites de montagne ont perdu beaucoup de leur attrait, à l’exception de certaines parties de la Scandinavie. Au Canada, en U. R. S. S., la mise en service de lignes à 750 kV permet d’acheminer le courant à plusieurs centaines de kilomètres, voire à plus de 1 000 km sans que les coûts deviennent prohibitifs ; on voit alors se dessiner un certain desserrement des sites industriels, attirés vers les villes ou les régions de peuplement important. Il n’y a guère que le monde africain qui échappe encore à cette évolution. C’est sans doute là que l’énergie hydro-électrique est la plus susceptible d’entraîner des modifications importantes de l’équilibre géographique : le tiers utilisable du potentiel énergétique hydro-électrique s’y trouve situé, alors que la production est encore négligeable.

P. C.

➙ Barrage / Électricité / Énergie.

 J. Chardonnet, Géographie industrielle, t. I : les Sources d’énergie (Sirey, 1963). / M. Mary et A. Janod, la Houille blanche (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1967). / N. B. Guyol, Energy in the Perspective of Geography (Englewood Cliffs, New Jersey, 1971). / R. Oizon, l’Évolution récente de la production énergétique française (Larousse, 1973).

hydrogénation

Opération chimique consistant à fixer de l’hydrogène sur un corps.


L’action de l’hydrogène réalisée à chaud sous forme gazeuse et en présence de catalyseurs sur les hydrocarbures et les autres composants du pétrole est complexe, car elle comprend :
1o la saturation des structures moléculaires non saturées en hydrogène (oléfines, aromatiques) ;
2o le déplacement des éléments étrangers (oxygène, azote, soufre, métaux) ;
3o la rupture des molécules à structure linéaire ou cyclique (chaînes droites ou anneaux) ;
4o l’ouverture partielle ou complète des structures moléculaires polycycliques (multi-anneaux).

Dans ces conditions, de nombreux procédés de raffinage utilisent le caractère sélectif de l’hydrogénation pour améliorer la qualité des produits pétroliers en transformant les éléments indésirables en composés hydrogénés que leur volatilité permet ensuite d’éliminer facilement par dégazage ou détente de pression, par exemple dans le cas de l’hydrogène sulfuré.

En pétrochimie, l’hydrogénation a également des usages multiples et permet, notamment, de grandes synthèses de base comme celles de l’ammoniac et des alcools.