Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Hydraires ou Hydroïdes (suite)

Depuis leur découverte au xviiie s., les Hydres ont peu à peu révélé les divers aspects d’une biologie très curieuse. Les cellules de l’Hydre se renouvellent constamment du haut vers le bas : au niveau de la bouche, des cellules prolifèrent et repoussent les plus anciennes vers la base, où elles finissent par mourir et être éliminées. Les Hydres sont douées d’un étonnant pouvoir de régénération : on peut les couper en menus morceaux ou les passer à travers un tamis ; chaque fragment redonnera une Hydre complète.

En été, quand les conditions sont favorables, les Hydres émettent latéralement des bourgeons qui s’organisent en polypes avant de se détacher et de devenir des individus autonomes. L’abaissement de la température déclenche la reproduction sexuée en automne ; l’Hydre brune est une espèce à sexes séparés, alors que l’Hydre verte montre un hermaphrodisme protérandrique. Après la fécondation, les œufs se développent sur le corps de la mère en une larve aplatie et ciliée, dite « planula » ; elle s’entoure d’une coque protectrice, se détache et reste enkystée au fond de l’eau jusqu’au printemps ; elle éclôt alors en donnant une jeune Hydre.

Beaucoup moins abondantes que les Hydres, deux autres formes d’eau douce méritent d’être signalées : Cordylophora lacustris montre des polypes réunis en petites colonies ; Craspedacusta est une minuscule Méduse à sexes séparés, que l’on a rencontrée çà et là dans des cours d’eau, des étangs ou des bassins ; le polype dont elle dérive n’a été que très rarement rencontré.


Hydraires marins

Presque tous sont des êtres coloniaux ; on ne peut guère citer, comme formes solitaires, que Corymorpha, dont le polype vit fiché dans les fonds sableux, ou Halammohydra, Hydre microscopique, au corps entièrement cilié, qui se trouve dans les interstices des grains de sable.

Les Hydraires coloniaux abondent dans la zone littorale, couvrant de leurs arbuscules ramifiés les Algues, les coquillages, les rochers ; la plupart d’entre eux évoquent par leur aspect buissonnant de petites plantes, et il faut le secours de la loupe pour découvrir sur les axes les polypes rétractiles. D’autres forment des colonies étalées, gazonnantes, comme Hydractinia echinata, qui s’installe de préférence sur les coquilles de Pagures.

Certaines espèces couvrent le substrat de peuplements denses, comme Sertularia pumila, Obelia geniculata, Plumularia setacea. La hauteur des colonies reste généralement comprise entre 1 et 20 cm, mais on en signale dont la taille peut dépasser un mètre. Quelques formes se rencontrent encore à une profondeur de 1 000 m ; les grands fonds, jusqu’à 7 000 m, hébergent des espèces particulières.

Les polypes d’une même colonie, réunis entre eux par des stolons, sont soutenus par un squelette chitineux externe qui s’évase en logettes où les individus peuvent se rétracter ; cette structure caractérise les Hydraires Calyptoblastiques. Chez les Gymnoblastiques, la cuticule ne couvre pas les polypes, qui restent nus. Chaque polype ressemble à une petite Hydre, mais on observe assez souvent une différenciation en individus nourriciers, défenseurs et reproducteurs.

Les polypes reproducteurs bourgeonnent des Méduses libres et nageuses qui portent les gonades et dispersent les éléments sexuels ; ce sont de petites cloches contractiles, dont le bord est garni de tentacules et dont l’orifice est partiellement fermé par une membrane, ou velum (Méduses Craspédotes). Elles libèrent les gamètes dans la mer, où se fait la fécondation ; l’œuf donne une larve « planula » nageuse qui, en se fixant, se transforme en un polype fondateur d’une nouvelle colonie : le bourgeonnement dont il est le siège rappelle celui des Hydres d’eau douce, avec cette différence essentielle que les individus gardent entre eux des relations anatomiques.

M. D.

➙ Cœlentérés / Méduse.

hydravion

Aéronef qui ne peut décoller et se poser que sur des plans d’eau.


La vogue de ces appareils fut surtout grande dans la période antérieure à la Seconde Guerre mondiale ; les performances insuffisantes des moteurs limitaient le rayon d’action des avions et imposaient pour des vols transocéaniques sans escale un départ du bord même des côtes. L’un des plus célèbres hydravions de transport de cette époque fut le Boeing « 314 Clipper », utilisé régulièrement sur l’Atlantique et sur le Pacifique ; aujourd’hui, l’utilisation d’hydravions à des fins commerciales a pratiquement disparu, le dernier construit ayant été le « Princess » britannique de 140 t de poids total, qui effectua son premier vol en 1952, mais qui ne fut pas mis en service. Cependant, un certain nombre d’hydravions existent encore dans les forces aéronavales de divers pays, où ils assurent des missions pour lesquelles leurs possibilités d’amerrissage constituent un avantage appréciable. Parmi les plus récentes réalisations, dont certaines remontent à une dizaine d’années, figurent le Grumman « Albatross », appareil de surveillance en mer, et le Shin Meiwa « PJ-I » japonais, appareil de lutte anti-sous-marine de 40 t de poids total propulsé par quatre turbopropulseurs.

La différence essentielle entre un avion et un hydravion tient donc au remplacement du train d’atterrissage par un redan constituant la partie inférieure du fuselage, auquel s’ajoutent souvent des flotteurs montés en bouts d’ailes. La forme des coques et des flotteurs doit alors être telle qu’elle présente à la fois une résistance aérodynamique et une résistance hydrodynamique minimales. La présence des flotteurs, qui ne peuvent pas être escamotés comme un train d’atterrissage, handicape évidemment quelque peu l’hydravion sur le plan des performances en vitesse pure. La vitesse la plus élevée atteinte par un hydravion est de 895 km/h et est l’apanage du Beriev « Be-10 » soviétique.

Le décollage et l’amerrissage d’un hydravion posent plus de difficultés que dans le cas d’un appareil terrestre, du fait des variations de la réaction exercée par l’eau avec la vitesse de déplacement, et de l’influence sur la stabilité du déjaugeage de la coque et des flotteurs. Il faut donc veiller avec beaucoup de soin au cours de ces phases de vol à respecter une incidence convenable de l’appareil. L’état du plan d’eau a également une grande importance, l’existence de vagues assez fortes se traduisant par des oscillations de tangage de l’hydravion, qu’il est nécessaire de combattre en agissant sur les gouvernes.

Enfin, en dehors des plans d’eau, les hydravions ont la possibilité d’utiliser des champs de neige ou de glace.