Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Hou-pei (suite)

Wuhan était en 1960 la sixième ville chinoise avec 2 500 000 habitants. Il s’agit en réalité d’une agglomération groupant depuis 1950 sous un seul nom trois villes jusque-là distinctes : Hankou (Han-k’eou), au nord du confluent ; Hanyang, entre le Han et le Yangzijiang ; Wuchang (Wou-tch’ang), au sud du confluent. Le site de l’ensemble n’est pas très favorable à cause des dangers d’inondation dans une zone semi-amphibie ; la position, par contre, est remarquable, en plein cœur de la Chine traditionnelle, en relation facile par le Han avec Xi’an (Si-ngan), le Weihe (Wei-ho) et le Huanghe (Houang-ho), par le Xiangjiang (Siang-Kiang) avec le Guangdong (Kouang-tong) : cette position a été tout récemment pleinement valorisée par la construction d’un grand pont (1 810 m) routier et ferroviaire au-dessus du Yangzijiang. Ce fleuve est navigable jusqu’à Yichang (I-tch’ang), et la navigation de mer avec des navires de 10 000 t peut remonter jusqu’à Wuhan, qui est donc un grand port. Hankou est depuis longtemps un grand centre commercial ; les étrangers y eurent une concession de 1861 jusqu’en 1945. Wuchang est une ville ancienne ; ce fut un centre administratif muré jusqu’en 1928 : une usine textile fut créée hors des murs en 1900. Enfin, Hanyang a été un des premiers centres métallurgiques de la Chine. Un nouvel et considérable ensemble sidérurgique a été installé en 1952 à Wou-kang, à 8 km en aval de Wuhan, sur la rive gauche, ensemble intégré (hauts fourneaux, aciérie, laminoir) entièrement automatisé, qui produit 3 Mt d’acier. Grâce à Wuhan, le Hubei est une des plus dynamiques des provinces chinoises.

J. D.

Houphouët-Boigny (Félix)

Homme d’État africain (Yamoussoukro, Côte-d’Ivoire, 1905).


Issu d’une famille de notables baoulés et fils d’un planteur prospère, Félix Houphouët étudie à l’école de médecine de Dakar. Médecin en 1925, il devient chef de son canton natal et planteur lui-même en 1940. Pour lutter contre la discrimination d’emploi de la main-d’œuvre et le travail forcé, il crée un syndicat agricole africain qui groupe 20 000 membres. En 1945, il fonde le parti démocratique de Côte-d’Ivoire.

Député de la Côte-d’Ivoire à l’Assemblée constituante française, il siège d’abord au M. U. R., allié du parti communiste français, et devient en octobre 1946 président du Rassemblement démocratique africain. Réélu en 1946, il ajoute alors à son nom le qualificatif Boigny (« force irrésistible ») et entraîne le R. D. A. dans une politique de collaboration avec les communistes et d’opposition par des boycotts et des grèves ; en 1950, il est arrêté, puis relâché en raison de son immunité parlementaire.

Devant l’isolement du parti, il rompt avec les communistes (en février 1951). Aux élections de 1951, le R. D. A. n’a cependant que trois élus, et son chef consacre ses efforts à le reconstituer tout en ménageant l’Administration. Maire d’Abidjan (1956-1960), affilié à l’U. D. S. R., ministre dans les gouvernements français de 1956 à 1960, Houphouët-Boigny joue un rôle capital dans l’élaboration de la loi-cadre.

Cependant, le R. D. A. se divise entre partisans et adversaires d’une fédération ouest-africaine. Houphouët-Boigny, peu désireux que la Côte-d’Ivoire supporte le poids de régions pauvres, perd l’audience du R. D. A. en septembre 1957. Après le référendum de 1958, il réalise une union limitée avec le Dahomey, la Haute-Volta et le Niger : le Conseil de l’entente (mai 1959), véritable zone d’influence de la Côte-d’Ivoire.

Après l’indépendance (août 1960), il est élu triomphalement président de la République (27 nov. 1960) ; il sera réélu en novembre 1965 et en novembre 1970. Il s’applique à maintenir des liens amicaux avec la France et à orienter l’évolution de l’Afrique à l’écart de la voie révolutionnaire. Les accords de coopération (avr. 1961) et une politique libérale d’accueil des capitaux manifestent cette volonté de faire de son pays un modèle. En 1960, il invite à Abidjan les chefs de douze États « modérés » d’Afrique, qui créent le bloc de Brazzaville. Confronté aux crises algériennes et congolaises, il préconise des compromis qui inspirent la conférence de Monrovia (1961). Ce rôle de leader modéré est encore plus éclatant dans les propositions de dialogue avec Pretoria en 1971. Le spectaculaire essor du pays, l’apparition d’une bourgeoisie et ses propres initiatives extérieures obligent aujourd’hui le président Houphouët-Boigny à accélérer l’« ivoirisation ».

M. M.

➙ Côte-d’Ivoire.

 R. Segal, African Profiles (Harmondsworth, 1962). / E. Mortimer, France and the Africans, 1914-1960 (Londres, 1969).

Hourrites

Peuple d’Asie occidentale (IIIe-IIe millénaire), qui constitue avec les Ourarthéens (Ier millénaire) un groupe linguistique totalement isolé.



Infiltrations et invasions (xxive - xve s.)

Les Hourrites semblent originaires des montagnes situées au nord et au nord-est du pays des Deux-Fleuves ; mais certains spécialistes estiment qu’ils se confondent avec les Soubaréens, habitants du Soubarou (région de la haute Mésopotamie, qui en comprend au moins la partie orientale), qui sont déjà en place au IIIe millénaire et qui disparaîtront après l’époque d’Hammourabi. À l’époque de l’empire d’Akkad, les Hourrites entrent en contact avec la vieille civilisation de la basse Mésopotamie, qui les marque profondément. Des tablettes cunéiformes rédigées en hourrite ou en akkadien émanent de « rois d’Ourkish et de Nawar », c’est-à-dire dont le domaine s’étend du bassin du Khābūr à la haute Diyālā. Il y a également des rois hourrites dans le piémont des Zagros, entre le Zāb supérieur et la Kerkha, dont une partie dépend de l’Elam, lorsque ce pays se constitue en empire. Les souverains d’Akkad (xxive-xxiiie s.), puis ceux de la IIIe dynastie d’Our (2133-2025) battent et tentent de soumettre ces rois du pourtour de la Mésopotamie. Pendant ce temps, de petits groupes hourrites s’infiltrent au cœur de l’empire d’Our, où ils exercent les métiers les plus divers avant de s’assimiler au reste de la population.