Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Hou-nan (suite)

Les vallées et la dépression du Dongtinghu sont en rizières. Celles-ci représentent 83 p. 100 de la superficie cultivée, plus de 3 millions d’hectares, et le Hunan est le « bol de riz de la Chine » ; il produit 15 p. 100 du riz chinois. Changsha est un grand marché du riz. Dans les vallées, les rizières sont irriguées par des réservoirs aménagés aux têtes des vallées — les pluies d’été, en effet, ne sont pas suffisantes —, et les rendements sont souvent élevés ; 750 000 hectares portent deux cultures de riz : une première semée en avril, grâce aux pluies de printemps, et récoltée à la fin de juillet ; une seconde repiquée au début de juin dans les interlignes de la première ; mais, pour l’essentiel, les rizières portent une seconde culture d’automne ou d’hiver : maïs, sorgho, soja et surtout patate douce. Quant à la dépression du Dongtinghu, elle est une importante zone rizicole aux techniques inconnues ; il est certain, toutefois, que, dans cette zone inondée en saison de culture, une partie du riz est du « riz flottant », cultivé en été, cependant qu’en octobre, quand les eaux ont baissé, est cultivé un riz de décrue.

Le Hunan est resté essentiellement rural, bien qu’il ait quelques ressources minières : manganèse (Zhuzhou [Tchou-tcheou], à la frontière du Jiangxi), plomb et zinc (Changning [Tch’ang-ning]), antimoine et wolfram (Xinhua [Sin-houa]). Une aciérie a été construite à Lianyuan. Mais les villes importantes, toutes dans la vallée du Xiangjiang (Hengyang, Zhuzhou, Xiangtan [Siang-t’an] et même la capitale provinciale, Changsha), sont essentiellement de gros marchés ruraux.

J. D.

Hou-pei

En pinyin Hubei, province de la Chine méridionale ; 187 500 km2 ; 35,7 millions d’habitants en 1964. Capit. Wuhan (Wou-han).


Le cœur du Hubei est une grande cuvette lacustre triangulaire, presque fermée à l’aval, où le Hanshui (Han-chouei) vient confluer avec le Yangzijiang (Yang-tseu-kiang). Au confluent se trouve la capitale, une des grandes villes chinoises, Wuhan.

Toute la partie occidentale est constituée par des montagnes oscillant entre 1 500 et 2 000 m, séparant le Hubei du Sichuan (Sseu-tch’ouan). Ces montagnes, les Wushan (Wou-chan), orientées grossièrement N.-S., sont traversées de part en part par le Yangzijiang, sur 200 km, aux célèbres et magnifiques gorges de Yichang (Yi-tch’ang), de sorte qu’on les appelle parfois Gorge Mountains. Au nord de la cuvette, les Dabieshan (Ta-pie-chan) prolongent les Qinlingshan (Ts’in-ling-chan), avec une même direction N.-O. - S.-E. : l’altitude moyenne de ces hauteurs est de 500 m, mais elles atteignent 1 800 m aux confins de la province d’Anhui (Ngan-houei). Enfin, au sud de la cuvette, une ligne de crête orientée S.-O. - N.-E., le Mufushan (Mou-fou-chan), atteint 1 600 m, sépare le Hubei du Jiangxi (Kiang-si) et vient presque rejoindre les Dabieshan, de sorte que le Yangzijiang, ici encore, doit se frayer un passage difficile à travers des défilés jusqu’à Wuhan et au Anhui.

La plaine centrale du Hubei, constituant une cuvette, est relativement sèche. Les pluies sont de 1 189 mm à Wuhan en 104 jours, mais elles sont très irrégulières, et il y a de graves périodes de sécheresse. La grande saison des pluies s’étend d’avril en août. Les contrastes thermiques sont marqués, car, si l’été est tropical (de mai à septembre, avec un maximum de 29,3 °C en juillet), l’hiver est froid (3,7 °C en janvier) ; on compte 90 jours de gelée, et le minimum absolu observé a été de – 18 °C.

La plaine du Hubei, à 40 m d’altitude, est sous la menace saisonnière de l’inondation. Le Hubei a été surnommé la « province des Mille Lacs ». Elle est semée en effet de nombreux lacs, aux contours incertains, notamment autour de Wuhan. Le Yangzijiang et surtout le Hanshui et ses affluents sont sinueux, décrivant de nombreux méandres. Toute la plaine a, sans doute, été occupée par un immense lac, morcelé par la suite grâce aux alluvions gréseuses arrachées au Sichuan. Le Yangzijiang, à son arrivée en plaine, est un fleuve très puissant, à crues d’été assez régulières, mais considérables : la différence des hautes eaux et des basses eaux moyennes est de 13 m à Wuhan, où le fleuve a 2 km de large ; sa charge est d’environ 0,800 kg/m3 d’eau. Le Hanshui (1 530 km de long) connaît aussi de fortes crues ; enfin, le lac Dongting (Tong-t’ing) peut être anormalement gonflé par ses affluents. Il peut arriver que les trois crues du Yangzijiang, du Hanshui et du Dongting coïncident : dans ce cas, le débit devient énorme (il a atteint 75 000 m3/s à Wuhan en 1931). Le lit du fleuve est profondément incisé (13 m), mais sa capacité n’atteint pas 50 000 m3/s ; par ailleurs, l’écoulement des eaux est ralenti par les défilés dans la province d’Anhui ; enfin, les eaux du lac Poyang (Po-yang-hou), en aval, lorsqu’elles sont également en crue, font « bouchon ». Dans ces conditions, la plaine du Hubei a connu souvent des inondations catastrophiques. Le Yangzijiang est endigué depuis Shashi (Cha-che), mais seulement sur sa rive gauche ; le Hanshui est complètement endigué, mais par des digues peut-être trop rapprochées : leur rupture, en 1935, fit 80 000 victimes. Un effort considérable a été fait depuis 1949 pour protéger la plaine : en 1952, 300 000 hommes construisirent en 75 jours le barrage de Taipingkou (T’ai-p’ing-k’eou), près de Shashi, créant ainsi un réservoir de 920 km2 qui sauva Wuhan de l’inondation en 1954 ; en 1956, un barrage de dérivation fut aménagé sur le cours inférieur du Han, à Tu Chia Tai ; la construction d’un énorme barrage sur le cours supérieur du Han, à 1 km en aval du confluent de la Tang (T’ang), était prévue en 1958.

La majeure partie des terres est cultivée en riz irrigué pendant l’été, soit 2 millions d’hectares (réservoirs, puits, mares, etc.) ; en dépit des progrès de la double culture du riz (un riz hâtif semé en avril et récolté en juillet, un riz tardif repiqué en août et récolté à la fin d’octobre), la rizière porte le plus souvent, en hiver, fèves, pois ou colza. Sur les terres plus hautes et non irriguées, la culture dominante d’été est celle du coton, très renommée (en outre soja, sésame, maïs, sorgho), tandis que le blé et l’orge sont les cultures d’hiver. Enfin, les lits majeurs des fleuves et des rivières, notamment celui du Han, portent dès la mi-novembre des cultures de décrue sur les terres libérées par les eaux (essentiellement du blé).