Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

houille (suite)

Les échanges

Malgré l’importance qu’elle a joué dans la révolution industrielle, la houille n’a jamais tenu un rôle de premier plan dans les échanges internationaux. Au xixe s., au moment de la révolution industrielle, le rendement de la machine à vapeur était si faible que la localisation sur les mines (elle minimise les charges de transport) était la plus avantageuse pour la plupart des activités. Avec les progrès des chemins de fer et ceux de la navigation à vapeur, la situation s’est un peu détendue : l’industrie s’est souvent installée en dehors des pays noirs, aux portes des grandes villes. On n’a cependant jamais vu une puissance industrielle se construire sur une énergie charbonnière importée en totalité : l’Italie n’amorce son « take off » qu’avec le début de la production hydro-électrique. Les échanges à longue distance ne sont réalisés que pour les besoins des transports (charbon de soute pour les bateaux, charbon pour les locomotives) ou des activités très spécifiques, comme la sidérurgie. Les transactions se font en majeure partie entre les pays européens : l’Angleterre est la seule puissance exportatrice à vendre sur un marché plus étendu ; elle domine d’ailleurs les échanges internationaux, dont elle assure les deux tiers.

Après la Première Guerre mondiale, la prépondérance de l’Europe comme exportatrice est menacée par les nouveaux producteurs. Pour la traction des véhicules ou la propulsion des navires, le pétrole supplante rapidement la houille. Il se substitue à elle comme source d’énergie pour l’industrialisation : les centrales thermiques que l’on construit pour brûler du fuel sont installées de plus en plus hors des pays charbonniers. Restent les utilisations industrielles où la houille est irremplaçable : la fabrication du coke en particulier.

Le commerce mondial se maintient donc : les États-Unis, la Pologne, l’Australie, l’Afrique du Sud sont désormais les plus importants exportateurs, cependant que l’Europe de l’Ouest et le Japon achètent la plus grande partie des quantités ainsi mises sur le marché.


L’avenir

Durant l’entre-deux-guerres, les producteurs européens de charbon avaient misé, pour le maintien en activité de leurs mines, sur le développement de la carbochimie. Il s’agit d’un secteur toujours important, mais dont le dynamisme n’a pas égalé celui des utilisations du pétrole et du gaz naturel.

Les conditions vont peut-être se transformer dans ce secteur : la hausse relative du prix du pétrole, déjà sensible aux États-Unis depuis dix ans, s’est traduite d’abord par un retour au charbon pour la production d’énergie électrique dans bon nombre de cas. Si la tendance se poursuit au cours des années prochaines, il peut devenir intéressant de fabriquer des carburants de synthèse à partir du charbon. On voit donc que les perspectives qui s’offrent au secteur charbonnier ne sont pas partout aussi grises qu’en Europe.

P. C.

➙ Abattage / Énergie / Exploitation souterraine et à ciel ouvert / Galerie de mine / Lignite / Mines et carrières / Risque minier.

 J. Chardonnet, Géographie industrielle, t. I : les Sources d’énergie (Sirey, 1963). / L. Barrabé et R. Feys, Géologie du charbon et des bassins houillers (Masson, 1965). / G. Tiffon, le Charbon (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1967 ; 2e éd., 1970). / M. Toromanoff, le Drame des houillères (Éd. du Seuil, 1969). / P. Novel, le Charbon et l’énergie en France (Berger-Levrault, 1970). / N. B. Guyol, Energy in the Perspective of Geography (Englewood Cliffs, N. J., 1971). / R. Oizon, l’Évolution récente de la production énergétique française (Larousse, 1973).

Hou-nan

En pinyin Hunan, province de la Chine méridionale ; 210 500 km2 ; 41 millions d’habitants en 1964. Capit. Changsha (Tch’ang-cha).


Au cœur de la Chine méridionale (v. Asie de la mousson et Chine), le Hunan (la « province au sud du Lac ») présente le paysage classique de cette région. Il s’agit pour l’essentiel d’un pays de basses montagnes : l’altitude moyenne se tient entre 400 m (au sud, au pied des Nanling, chaîne ouest-est qui sépare le Hunan du Guangxi [Kouang-si] et du Guangdong [Kouang-tong]) et 150 m (au nord). Mais le relief est accidenté : collines aux flancs abrupts et convexes dominant des vallées à fond plat. Cependant, les altitudes se relèvent à l’est, aux confins du Jiangxi (Kiang-si), où elles approchent 2 000 m, et surtout à l’ouest, où elles atteignent 2 500 m : ainsi le centre du Hunan est-il une dépression méridienne favorable aux communications entre le Guangdong (Kouang-tong) et les plaines du Yangzijiang (Yang-tseu-kiang), les Nanling étant aisément franchies au col de Cheling. Cette dépression est parcourue par le Xiangjiang (Siang-kiang) et se termine au nord par la cuvette lacustre du lac Dongting (Tong-t’ing), où viennent confluer le Xiangjiang, le Zishui (Tseu-chouei), le Yuangjiang (Yuang-kiang), le Lishui (Li-chouei). Le lac Dongting communique par cinq chenaux avec le Yangzijiang, où il écoule ses eaux d’octobre à mai, mais auquel, au contraire, il sert de déversoir en période des hautes eaux du fleuve, de mai à septembre. L’étendue lacustre passe de 6 000 km2 en hiver à 20 000 km2 en été ; presque à sec en hiver, elle a des profondeurs de 12 m et plus en été, et constitue ainsi un remarquable régulateur pour le Yangzijiang. En réalité, d’ailleurs, la dépression du Dongtinghu ne contient pas un seul lac, mais une série de lacs séparés par des isthmes et morcelés par des îles (116 îles), les uns et les autres construits par les alluvions des fleuves ; les îles étaient jusqu’il y a peu partiellement couvertes de roseaux, qui font aujourd’hui l’objet d’une culture systématique.

Le Hunan a un climat humide (1 529 mm de pluies à Changsha) avec une large prédominance des pluies de saison chaude, notamment en avril, mai et juin (pluies de mousson), mais sans que l’hiver soit sec (pluies cycloniques) ; par ailleurs, si l’été est « tropical » (30 °C en juillet), l’hiver est frais, plus clément toutefois que dans les plaines du Yangzijiang (4 °C en janvier) ; l’amplitude thermique est forte. Sous ce climat « pénétropical » et sur les sols rougeâtres ferralitiques qui couvrent les pentes régnait une forêt mixte dense où se mêlaient espèces tempérées (pins) et tropicales (bambous, camphriers) ; elle fut détruite tardivement, mais presque totalement, sauf à l’ouest ; la plupart des montagnes ne portent plus qu’une savane, et l’on s’efforce de les reboiser. Cependant, l’abrasin couvre les versants de la vallée du Yuangjiang, fournissant une huile envoyée à Wuhan (Wou-han). Par ailleurs, les versants de la vallée du Zishui autour d’Anhua (An-houa) sont plantés de théiers aux produits renommés, et le Hunan est le deuxième producteur de thé en Chine après le Zhejiang (Tchö-kiang) [quatre cueillettes annuelles] ; les pentes aux confins du Jiangxi (Kiang-si), autour de Liuyang (Lieou-yang), portent aussi des cultures de ramie, coupée trois fois par an (fin juin, fin juillet, fin octobre). Beaucoup plus sauvages et encore très forestières, les montagnes occidentales sont, en partie, peuplées de minorités ethniques (« Département autonome des Miaos et des Dongs »).