houille (suite)
Les échanges
Malgré l’importance qu’elle a joué dans la révolution industrielle, la houille n’a jamais tenu un rôle de premier plan dans les échanges internationaux. Au xixe s., au moment de la révolution industrielle, le rendement de la machine à vapeur était si faible que la localisation sur les mines (elle minimise les charges de transport) était la plus avantageuse pour la plupart des activités. Avec les progrès des chemins de fer et ceux de la navigation à vapeur, la situation s’est un peu détendue : l’industrie s’est souvent installée en dehors des pays noirs, aux portes des grandes villes. On n’a cependant jamais vu une puissance industrielle se construire sur une énergie charbonnière importée en totalité : l’Italie n’amorce son « take off » qu’avec le début de la production hydro-électrique. Les échanges à longue distance ne sont réalisés que pour les besoins des transports (charbon de soute pour les bateaux, charbon pour les locomotives) ou des activités très spécifiques, comme la sidérurgie. Les transactions se font en majeure partie entre les pays européens : l’Angleterre est la seule puissance exportatrice à vendre sur un marché plus étendu ; elle domine d’ailleurs les échanges internationaux, dont elle assure les deux tiers.
Après la Première Guerre mondiale, la prépondérance de l’Europe comme exportatrice est menacée par les nouveaux producteurs. Pour la traction des véhicules ou la propulsion des navires, le pétrole supplante rapidement la houille. Il se substitue à elle comme source d’énergie pour l’industrialisation : les centrales thermiques que l’on construit pour brûler du fuel sont installées de plus en plus hors des pays charbonniers. Restent les utilisations industrielles où la houille est irremplaçable : la fabrication du coke en particulier.
Le commerce mondial se maintient donc : les États-Unis, la Pologne, l’Australie, l’Afrique du Sud sont désormais les plus importants exportateurs, cependant que l’Europe de l’Ouest et le Japon achètent la plus grande partie des quantités ainsi mises sur le marché.
L’avenir
Durant l’entre-deux-guerres, les producteurs européens de charbon avaient misé, pour le maintien en activité de leurs mines, sur le développement de la carbochimie. Il s’agit d’un secteur toujours important, mais dont le dynamisme n’a pas égalé celui des utilisations du pétrole et du gaz naturel.
Les conditions vont peut-être se transformer dans ce secteur : la hausse relative du prix du pétrole, déjà sensible aux États-Unis depuis dix ans, s’est traduite d’abord par un retour au charbon pour la production d’énergie électrique dans bon nombre de cas. Si la tendance se poursuit au cours des années prochaines, il peut devenir intéressant de fabriquer des carburants de synthèse à partir du charbon. On voit donc que les perspectives qui s’offrent au secteur charbonnier ne sont pas partout aussi grises qu’en Europe.
P. C.
➙ Abattage / Énergie / Exploitation souterraine et à ciel ouvert / Galerie de mine / Lignite / Mines et carrières / Risque minier.
J. Chardonnet, Géographie industrielle, t. I : les Sources d’énergie (Sirey, 1963). / L. Barrabé et R. Feys, Géologie du charbon et des bassins houillers (Masson, 1965). / G. Tiffon, le Charbon (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1967 ; 2e éd., 1970). / M. Toromanoff, le Drame des houillères (Éd. du Seuil, 1969). / P. Novel, le Charbon et l’énergie en France (Berger-Levrault, 1970). / N. B. Guyol, Energy in the Perspective of Geography (Englewood Cliffs, N. J., 1971). / R. Oizon, l’Évolution récente de la production énergétique française (Larousse, 1973).