Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

houille

Combustible minéral fossile solide.



Introduction

La houille est le plus anciennement utilisé des combustibles fossiles. Elle a rendu possible la première révolution industrielle* et a fourni les bases énergétiques essentielles de la seconde. Son emploi demeure indispensable dans la fabrication de la fonte et essentiel pour la fourniture de nombre de produits chimiques. La concurrence du pétrole et du gaz naturel ont fait progressivement baisser sa contribution à la fourniture globale d’énergie dans le monde.

Malgré la croissance progressive de la production d’énergie d’origine nucléaire et le niveau élevé de celle des hydrocarbures, les perspectives qui s’ouvrent à l’industrie charbonnière sont meilleures qu’on ne le pensait il y a quelques années : la demande de charbons à coke augmente avec l’extension de la sidérurgie. L’augmentation du coût de production du pétrole ainsi que celle du gaz naturel donnent de nouvelles chances au charbon, tout au moins dans les pays où les conditions se prêtent à la mécanisation et à l’automatisation de l’extraction.

La géographie de la production charbonnière est restée longtemps stable. Elle avait vu ses traits se dessiner dans la première moitié du xixe s., puis se fixer dans la seconde moitié de ce siècle. Dès lors, on ne notait guère que la montée progressive des producteurs marginaux. Depuis une quinzaine d’années, la situation est totalement bouleversée : les producteurs traditionnels sont en difficulté ; l’U. R. S. S. et les États-Unis voient leurs positions améliorées. Les progrès résultent surtout de puissances industrielles jeunes : Australie, Chine et Afrique du Sud notamment.


Les conditions de gisement

La houille provient de la transformation progressive de restes organiques accumulés dans des conditions particulières : les fossiles que l’on y découvre montrent qu’elle s’est souvent constituée dans des zones marécageuses. Lorsque la matière organique a subi des pressions et des températures très élevées, la transformation a été poussée jusqu’à la formation de gaz naturel (c’est, semble-t-il, le cas de la plupart des éléments qui ont été enfouis à plus de 4 000 m). Là, au contraire, où les transformations ont été moins complètes, parce que la durée n’a pas été suffisante ou parce que les conditions superficielles n’ont pas favorisé les transformations profondes, on trouve des charbons bruns, des lignites*.

Les gisements se sont formés sur les marges des plates-formes qui existaient à l’ère primaire, là où des chaînes plissées étaient en formation et où la sédimentation était active. Ils sont liés aussi à des conditions particulières de paléoclimat. Les réserves se trouvent réparties en deux grands ensembles. Le premier correspond aux latitudes moyennes ou élevées de l’hémisphère Nord : Canada, États-Unis, Europe du Nord-Ouest et du Centre, Ukraine, Oural, Kouzbass, Karaganda, Toungouska, Boureïa, Chine du Nord-Est, du Nord et du Centre, Japon. Le second est moins important : il correspond à l’ancien continent gondwanien et est lié sans doute à des paléoclimats plus froids ; ainsi s’expliquent les gisements de l’Australie, de l’Inde, de l’Afrique du Sud, de la Rhodésie ou du Brésil.

Les bassins diffèrent beaucoup par les produits qu’ils offrent. On classe généralement ceux-ci en fonction de leur teneur en matières volatiles (ou en carbone) : les anthracites ont une teneur en carbone de 93 ou 95 p. 100, alors que, pour les charbons gras (ou bitumineux), on tombe à moins de 80 p. 100. Entre les deux s’intercalent les houilles maigres et les charbons demi-gras. Les emplois possibles varient évidemment beaucoup avec la qualité : les anthracites se prêtent particulièrement aux usages domestiques, alors que les houilles à coke appartiennent à la catégorie des charbons gras.

Les gisements diffèrent aussi par leurs caractéristiques structurales. Certains sont faits de l’empilement régulier de couches peu dérangées, souvent épaisses (Kouzbass, centre-est des États-Unis, certaines portions du bassin silésien par exemple). Ailleurs, les failles, les chevauchements, les charriages viennent compliquer la structure (comme dans la région du Nord et du Pas-de-Calais en France).

Les conditions d’exploitation varient évidemment beaucoup avec l’épaisseur des morts-terrains, qui recouvrent les couches ou les séparent, comme avec la régularité et la dimension de la tranche des veines. Tant que l’abattage* s’est fait à la main, on s’est accommodé de passes minces, de 30 à 50 cm par exemple. Aujourd’hui, avec l’abattage mécanique, ces gisements se trouvent dévalorisés : il faut disposer au moins de 70 cm pour se lancer dans l’exploitation d’une couche. Les installations profondes deviennent également relativement plus onéreuses que par le passé.

On s’explique ainsi les variations que l’on enregistre au sujet de l’estimation des ressources : malgré les progrès de la prospection (à cause d’eux, plutôt), il semble que les réserves aient tendance à diminuer depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. On a renoncé à compter les sites où les couches sont trop profondes, trop fractionnées, trop minces pour que l’exploitation en soit rentable. Malgré ces retouches récentes au tableau traditionnel, on sait que la houille est assez abondante pour assurer aux rythmes actuels d’exploitation la production pour plus d’un millénaire. Les réserves sont inégalement réparties : les États-Unis, l’U. R. S. S., le Canada ont des dotations exceptionnellement puissantes. Pour la Chine, les évaluations sont très divergentes, mais elles portent toutes sur des chiffres élevés. L’Europe, qui fut le berceau de l’activité minière et de la révolution industrielle, est relativement mal pourvue, à l’exception de la Pologne et de l’Ukraine.


Le développement de la production

En Chine, en Angleterre, en France, en Belgique, l’exploitation remonte au Moyen Âge au moins. On tirait des minières à ciel ouvert le charbon de terre qui servait à chauffer les fours à chaux, ceux des houblonnières et des distilleries ou les foyers domestiques. En Angleterre, l’augmentation de la population et de l’activité métallurgique et industrielle provoqua un déboisement inquiétant, et une pénurie de combustible. L’extraction prit précocement de l’importance dans le bassin de Newcastle (au bord de la mer, dans le Nord) : dès le xvie s., les caboteurs transportaient la houille que l’on extrayait là à Londres, dont l’atmosphère était polluée par les vapeurs grasses des feux de charbon.