Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

hormone (suite)

• Les hormones gonadotropes, ou gonadostimulines (au nombre de 2), dites aussi prolans A et B. La gonadostimuline A ou hormone folliculostimulante (F. S. H. des Anglo-Saxons), obtenue à partir des extraits acides, stimule la maturation ovulaire et folliculaire (puberté précoce, œstrus) chez la femelle et la spermatogenèse chez le mâle. L’œstrone (la sécrétion du follicule ovarien) inhibe l’action de la gonadostimuline A et celle de l’hormone somatotrope. La gonadostimuline B, ou hormone lutéinisante (L. H. des Anglo-Saxons), obtenue à partir des extraits alcalins, agit sur la formation du corps jaune chez la femelle et sur la glande interstitielle chez le mâle, développant le testicule et les vésicules séminales ; elle est activée par la colchicine. Chez les femelles gravides, à côté des gonadostimulines hypophysaires, on trouve dans le sang une gonadostimuline sérique et dans l’urine une gonadotrophine chorionique d’origine placentaire. Un des constituants de cette dernière, le prolan B, ou gonadostimuline placentaire humaine, possède, en tant que protéine, des propriétés antigéniques qui permettent de la caractériser et de la doser facilement au cours de la grossesse.

• L’hormone thyréotrope. Elle stimule la glande thyroïde, et son action est exaltée par la colchicine.

• L’hormone corticotrope, ou corticostimuline. C’est l’A. C. T. H. des Anglo-Saxons (adreno-cortico-trophic-hormone), polypeptide de poids moléculaire voisin de 3 500, relativement stable, surtout en milieu acide ; son action stimulante sur la sécrétion de la cortisone (v. stérol) se traduit par l’augmentation du potassium, de l’azote, de l’acide urique des 11 oxy- et des 17 cétostéroïdes urinaires, par la rétention du sodium et de l’eau, par une hyperleucocytose avec chute des éosinophiles, par l’apparition d’une hyperglycémie et d’une glycosurie. La corticostimuline a une action thérapeutique (anti-inflammatoire, antiallergique) identique à celle des corticoïdes, dont elle stimule la production, mais elle ne peut, évidemment, agir qu’en présence d’un cortex surrénal indemne. Son action est fugace et son utilisation est pratiquement abandonnée depuis l’introduction des nombreux corticostéroïdes synthétiques, plus maniables. Son rôle est limité à celui de stimulant surrénalien en cas de traitement prolongé par ces derniers.

• Autres hormones antéhypophysaires. On trouve, en outre, dans l’hypophyse antérieure une hormone lactogène qui provoque la sécrétion lactée, même chez le mâle, une hormone agissant sur le pancréas et la production de l’insuline*, une autre agissant sur la glande parathyroïde* et secondairement sur le métabolisme du calcium et du phosphore.


Posthypophyse

Cette glande sécrète deux hormones polypeptides formées de 9 aminoacides, qu’on sait reproduire par synthèse. Ce sont l’ocytocine (ou oxytocine), qui renforce la contracture des muscles lisses et qu’on utilise pour faciliter l’accouchement à terme, et la vasopressine, vaso-constrictrice et antidiurétique, qui diminue la sécrétion d’eau et augmente la concentration de l’urine en sodium ; elle est, par là, antagoniste de la corticosurrénale, qui entraîne la polyurie dès que la sécrétion de vasopressine est insuffisante.

Enfin, la région intermédiaire de l’hypophyse sécrète l’intermédine, ou hormone mélanophore, qui accroît la vision nocturne par stimulation des cellules pigmentées de la rétine.


Hormones ovariennes

Chez les mammifères, l’ovaire est une glande mixte dont la sécrétion externe est l’ovule, tandis que la sécrétion interne comprend deux groupes d’hormones : les hormones folliculaires ou œstrogènes et les hormones lutéales ou progestatives. L’usage de la poudre d’ovaires dans les insuffisances ovariennes est pratiquement abandonné au profit des hormones qu’elle renferme ou des œstrogènes de synthèse. Chimiquement, les hormones ovariennes, œstrogènes ou progestatives, sont des stéroïdes*.

Associations œstro-progestatives

Si l’usage thérapeutique d’hormones à faible dose est susceptible de suppléer pendant un temps limité à une déficience organique, il n’en est pas de même de l’emploi des fortes doses que constituent les hormones artificielles, beaucoup plus actives que les hormones naturelles. Un surdosage provoque une réaction organique qui tend à annuler l’action médicamenteuse ; ainsi l’usage abusif d’un progestatif peut-il conduire à une hyperœstrogénie. L’administration d’œstrogènes pendant la première moitié du cycle peut bloquer l’ovulation en même temps que la sécrétion de F. S. H., tandis que l’administration de progestérones peut bloquer la sécrétion de L. H. (gonadostimuline hypophysaire). L’administration d’une association œstrogène-progestatif est donc de nature à tendre vers une mise en repos de l’ovaire. De cette thérapeutique est né l’usage des contraceptifs oraux, plus connus sous l’appellation impropre de pilules (v. contraception). Présentés sous forme de comprimés oraux ou sublinguaux à base d’une association œstrogène-progestatif, ces contraceptifs sont administrés à la dose d’un comprimé par jour du 5e au 26e jour du cycle. Ils provoquent la mise en repos complet des fonctions ovariennes par bloquage des sécrétions hormonales de l’hypophyse et de l’ovaire. Quatre jours après la dernière prise apparaît une hémorragie de privation qui simule des règles. Les hormones utilisées dans les contraceptifs sont des produits de synthèse, très actifs à petite dose. Leur usage ne paraît pas comporter de danger majeur ni de risque d’atrophie des organes génitaux. Il peut toutefois amener quelques inconvénients (céphalées, nausées, douleurs abdominales, modification de la libido), et il existe quelques contre-indications, dont les principales sont les phlébites et le diabète.


Hormones folliculaires ou œstrogènes

Elles sont sécrétées par l’ovaire et, pendant la grossesse, par le placenta ainsi que, mais en moins grande quantité, par la corticosurrénale et les cellules interstitielles du testicule ; leur production provoquée par la gonadostimuline hypophysaire, en particulier par la folliculo-stimuline hypophysaire (F. S. H.), est cyclique, présentant chez la femme deux maximums, vers le 13e ou le 14e jour et le 23e ou 24e jour du cycle menstruel. Les œstrogènes sont éliminés par la bile, réabsorbés par l’intestin, puis conjugués par le foie avec l’acide glycuronique et enfin éliminés par l’urine sous forme de prégnandiol.

Les principales hormones œstrogènes sont les suivantes.

• L’œstrone, ou folliculine. Elle a été d’abord préparée par extraction de l’urine de femelles gravides ; sa synthèse industrielle a été réalisée en France par A. Girard et ses collaborateurs, et perfectionnée par H. Pénau et Van Stock.

• L’œstradiol, ou dihydrofolliculine. Il accompagne l’œstrone dans la sécrétion ovarienne ; on peut le préparer par hémisynthèse ou synthèse totale ; il a été longtemps utilisé sous forme de benzoate en solution huileuse à effet retard.

• L’œstriol. C’est une hormone œstrogène découverte en 1930 par Guy Frédéric Marrian (né en 1904) ; il est d’origine placentaire, mais absent dans l’urine de jument gravide, où A. Girard et Sandulesco ont signalé trois substances analogues : l’équiline, l’hippuline et l’équiléine, qui sont utilisées en thérapeutique.