Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Ho-pei (suite)

L’irrigation et l’économie

De 1951 à 1960, sept grands barrages-réservoirs étaient réalisés pour contrôler les affluents du Haihe et permettre le développement des surfaces irriguées ; les deux principaux sont le barrage de Guanting (Kouan-t’ing), à 60 km à l’ouest de Pékin (capacité : 2,2 milliards de mètres cubes), qui contrôle la rivière la plus dangereuse, le Yongdinghe (Yong-ting-ho), et permet l’irrigation de la ceinture maraîchère de Pékin, et le réservoir de Miyun (Mi-yun) [municipalité de Pékin], à 70 km au nord de Pékin (capacité : 4,1 milliards de mètres cubes), qui contrôle le Chaobaihe (Tch’ao-pai-ho) et permet l’irrigation de plus de 200 000 ha. De 1963 à 1970, une gigantesque campagne d’aménagement suscitée par le président Mao et mobilisant plusieurs dizaines de millions d’habitants du Hebei aboutissait à la création de 1 400 réservoirs de toutes tailles sur le cours supérieur des rivières, à l’établissement de 14 grandes digues et au creusement ou à l’élargissement de 1 600 km de canaux et de rivières dans les plaines orientales et méridionales. Depuis 1969, des travaux sont engagés sur les cours moyens et supérieurs des quatre affluents septentrionaux du Haihe ; ils doivent aboutir à la maîtrise totale du réseau hydrographique de cette région.

Ainsi, en 1970, la province disposerait de plus de 3 millions d’hectares de terres irriguées, tandis que la moitié des terres salines et alcalines du littoral (500 000 ha) a pu être récupérée et mise en culture. Aussi l’économie agricole du Hebei connaît-elle une évolution remarquable : la riziculture, qui ne franchissait guère jusque-là la vallée de la Huai (Houai), conquiert les nouvelles terres littorales, où le coton est également une culture pionnière ; quant aux vallées du Daqinghe (Ta-Ts’ing-ho), du Ziyahe (Tseu-ya-ho) et du Weihe (Wei-ho), elles font du Hebei le producteur de plus du quart du coton chinois.

L’agriculture céréalière traditionnelle ne permettait guère de réaliser que trois récoltes tous les deux ans (blé, maïs, kaoliang). Le développement de l’irrigation rend désormais possible l’extension de la double récolte annuelle (blé d’hiver, maïs en été), et, province habituellement déficitaire, le Hebei ne serait plus depuis 1967 importateur de céréales. Arachides et patates douces au sud, et soja plus au nord sont les autres grandes cultures alimentaires des plaines du Hebei. Les cultures arbustives constituent l’activité agricole la plus remarquable des districts montagneux, activité particulièrement développée au cours des quinze dernières années : noix, châtaignes, abricots, kakis, jujubes, poires, etc., essentiellement sur les basses pentes des Taihangshan et des Yanshan.

Toutefois, ce sont les ressources industrielles qui sont la grande richesse du cadre montagneux du Hebei, et en particulier les ressources houillères, réparties en deux grands bassins principaux (deux autres appartiennent au territoire de la municipalité de Pékin). Le bassin de Kailan (K’ai-lan), sur le piedmont des Yanshan, exploité dès la fin du xixe s., reste un des grands producteurs de charbon en Chine (près de 15 Mt par an). Le bassin de Fengfeng (Fong-fong), sur le piedmont des Taihangshan, activement mis en valeur à partir de 1950, produit plus de 5 Mt de charbon à coke, alimentant les aciéries du Hebei et du Liaoning (Leao-ning).

Du minerai de fer est également exploité sur le pourtour montagneux de la province et principalement dans le bassin de Longyan (Long-yen), près de Xuanhua, qui dispose d’abondantes réserves à 50 p. 100 de teneur en métal. Le sel est une autre grande ressource industrielle du Hebei : les marais salants de la côte du golfe de Bohai fournissent le quart de la production chinoise de sel.


Les villes

Devenu le centre politique de l’Empire chinois avec la dynastie mongole des Yuan (1276), le Hebei est éclipsé à partir de 1850 par les provinces du Yangzi (Yang-tseu) à la suite de la pénétration occidentale. Ce n’est qu’un siècle plus tard que l’avènement du régime communiste redonne au Hebei sa prééminence. Cette mise en valeur récente de la province se traduit dans sa géographie urbaine. À l’exception de Pékin, les grandes villes du Hebei sont essentiellement le produit de l’industrialisation moderne et se situent à sa périphérie, tout comme les ressources industrielles et les moyens de transport.

Kalgan (en chinois Zhangjiakou [Tchang-kia-k’eou]) [300 000 hab.] et Chengde (Tch’eng-tö) [près de 100 000 hab.] sont les principaux centres urbains du nord. Le premier, tout en conservant et développant ses traditionnelles fonctions d’échanges avec la Mongolie-Intérieure, est devenu également un centre industriel moderne (industries alimentaires, industries du cuir, constructions de machines). Le second est resté essentiellement le grand centre de transformation et de distribution de la production agricole du nord de la province.

Au pied des Taihangshan, sur la grande voie ferroviaire Pékin-Canton, se sont développés toute une série d’actifs centres industriels. Baoding (Pao-ting), au nord (plus de 200 000 hab.), capitale de la province jusqu’en 1958, est l’équivalent de Chengde pour le Hebei central. Shijiazhuang, important nœud ferroviaire, est une ville champignon : modeste bourgade au début du siècle, elle atteignait 200 000 habitants en 1953 et a quelque 600 000 habitants actuellement ; c’est un des grands centres de l’industrie textile (coton) de la Chine et une importante base métallurgique (locomotives Diesel, machines-outils). Plus au sud, à l’emplacement de l’antique capitale du royaume de Zhao (453 av. J.-C.), Handan (Han-tan) est un centre d’industrie cotonnière de toute première importance (30 000 hab. en 1949, plus de 300 000 actuellement).

Les trois grandes villes de la bordure orientale de la province sont des créations urbaines contemporaines. Qinhuangdao (Ts’in-houang-tao) [plus de 100 000 hab.] « port ouvert » en 1898, est devenu un grand port minéralier et un centre métallurgique. Tangshan (T’ang-chan) [plus de 800 000 hab.] est la métropole du bassin de Kailan et une des grandes villes industrielles de la Chine (sidérurgie, métallurgie, centrales thermiques, cimenteries, coton). Tianjin (T’ien-tsin), l’une des quatre première villes de la Chine et second port du pays, succède en 1958 à Baoding comme capitale de la province et devient au cours de la révolution culturelle « municipalité urbaine » placée directement sous la juridiction du gouvernement central (comme Pékin et Shanghai [Chang-hai*]) ; elle cède à son tour la fonction de capitale provinciale en 1968 à Shijiazhuang.

P. T.

➙ Pékin / T’ien-tsin.