Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Honshū (suite)

Le mot Sanin signifie en japonais « ubac » ; c’est par le terme contraire, Sanyō, qu’on désigne le versant méridional du Chūgoku (adret, versant au soleil). C’est ici que se prolonge, depuis le Kantō, le Tōkai, plaine axiale du Kinki, axe vital, industriel et démographique du Japon. Son originalité est d’abord climatique : c’est un adret comparable au Tōkai, à la différence qu’il est plus chaud en été, moins froid en hiver et surtout plus sec à cause du double abri que lui procurent la chaîne du Chūgoku (contre la mousson hivernale) et Shikoku (contre les pluies estivales et les typhons). Localement, il ne tombe pas un mètre de pluies, et l’olivier croît dans l’île de Shōdo. Le Sanyō forme à cet égard une région géographique homogène avec les îles de la mer Intérieure et le rivage septentrional de Shikoku, qui lui fait face. La côte est très découpée : presqu’îles et îles de granite en boules, hérissées de pins et s’ornant localement de belles plages désertes, que dominent chicots et dômes. Il s’agit en effet d’une surface disséquée et ennoyée, dont les zones basses forment des bassins maritimes étendus et les seuils des semis intenses d’îles et d’îlots. La profondeur de la mer ne dépasse guère 50 m, mais de violents courants de marée la parcourent. Les plaines côtières sont étroites, morcelées et butent au nord contre la chaîne axiale.

Les plus anciennement occupées du Japon après Kyūshū, elles ont connu très tôt le surpeuplement et ont multiplié les moyens d’existence pour y parer. À la riziculture ancienne et intensive, pour laquelle des étangs ont été creusés, plus nombreux ici qu’en toute autre région, se sont ajoutés les plantes tinctoriales, l’igusa (matière première des tatami, les nattes de la maison), la céramique, les tissages de coton, tandis qu’une intense émigration, en Mandchourie et en Corée, puis dans la région d’Ōsaka, soulageait ces campagnes.

C’est ici une des grandes voies de passage du pays, unissant Kyūshū, berceau probable du peuple nippon, au Kinki, centre traditionnel de sa puissance ; routes et voies ferrées longent ces rivages, que de grands domaines féodaux se partageaient ; les capitales, Okayama et Hiroshima, constituent les noyaux actuels de l’urbanisation.

Cette région se voit en effet gagner par une intense immigration, et de grands complexes industriels lancés sur la mer viennent partout en doubler la côte, dont ils accusent sans cesse le contraste avec les montagnes de l’intérieur et les îles, demeurées fidèles au passé et en voie de dépeuplement.

On peut distinguer ici plusieurs ensembles : à 70 km à l’ouest de Kōbe, Himeji se double sur la mer d’un front de combinats pétrochimiques et d’appontements. À 100 km de là, une conurbation millionnaire est en train de naître ; elle englobera la vieille capitale féodale d’Okayama, centre commercial, bancaire, administratif et intellectuel, l’ancienne cité marchande de Kurashiki, devenue le siège de la plus grande fabrique de rayonne du pays, et la formidable zone industrielle maritime de Mizushima, où les grandes sociétés japonaises édifient côte à côte, sur de vastes atterrissements, hauts fourneaux et tours de cracking. Passé le vieux port d’Onomichi, les centres industriels secondaires de Fukuyama, de Mihara et le port militaire de Kure, voici Hiroshima*, deuxième agglomération millionnaire de ces rivages. Au-delà, à Iwakuni, à Tokuyama, à Ube, la mer recule rapidement devant la marée des usines qui envahit ses baies. À Ube, un vieux bassin houiller a repris vie dans le cadre de cette nouvelle industrialisation. La prolongation du chemin de fer rapide du Tōkaidō jusqu’à Okayama (printemps 1972), puis Hiroshima et Fukuoka achèvera de faire du Sanyō le véritable prolongement de la mégalopolis Tōkyō-Ōsaka et réunira ces deux métropoles, en six et trois heures respectivement, au grand foyer manufacturier du nord de Kyūshū. La mer elle-même est le siège d’activés communautés de pêcheurs : toutefois, la prolifération des zones industrielles, polluantes, est en train de tuer rapidement toute vie dans ses eaux, et les élevages de poissons (truites) et de crustacés (crevettes), prospères encore aujourd’hui en divers secteurs et qui tendaient à faire de ces eaux un vaste vivier de reproduction pour les mers japonaises, deviennent grandement menacés.

Les grands contrastes d’évolution signalés dans chacune des grandes régions traditionnelles de Honshū (Tōhoku, Kantō, Chūbu, Kinki, Chūgoku) montrent ainsi fortement le clivage longitudinal de toute l’île en un « endroit » riche et peuplé, et en un « envers » rural et attardé, dont le contraste va croissant. Pour être en partie naturel (l’envers est le pays de la neige, l’endroit celui des hivers secs et ensoleillés), ce contraste est surtout humain, et les raisons historiques et économiques ainsi que les modalités actuelles sont présentées à l’article Japon. On retrouverait cette opposition à Kyūshū* (entre le nord-ouest et le reste de l’île) et à Hokkaido* (le sud, très urbanisé, se différencie grandement du centre et de l’est).

J. P.-M.

➙ Hiroshima / Japon / Kōbe / Kyōto / Nagoya / Ōsaka / Tōkyō / Yokohama.

Hoogh (Pieter de)

Peintre néerlandais (Rotterdam 1629 - Amsterdam v. 1684).


Il commence sa carrière à Delft*, où on le trouve inscrit en 1655 à la guilde de Saint-Luc. C’est très probablement dans cette même ville qu’il se marie en 1654. Pieter de Hoogh (ou Hooghe, ou Hooch), qui a trois ans de plus que Vermeer*, va subir l’influence de son illustre cadet. Les deux hommes ont un certain nombre de points communs : outre leur amour des vues de Delft, ils aiment à représenter de tranquilles intérieurs hollandais que les rayons filtrant à travers une fenêtre viennent animer.