Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Hongrie (suite)

xixe siècle

Au début du xixe s., l’architecture fut marquée par un néo-classicisme d’influence italienne : basilique d’Esztergom, la plus vaste de Hongrie, par József Hild (1789-1867), Musée national hongrois de Budapest par Mihály Polláck (1773-1855). Ensuite, ce fut le goût pour le néo-gothique, dont le monument le plus fameux est le Parlement de Budapest, dû à Imre Steindl (1839-1902). La sculpture eut aussi des représentants néo-classiques, comme István Ferenczy (1792-1856), formé à Rome. La statuaire monumentale et académique, très prisée comme dans toute l’Europe au xixe s., fut illustrée par les œuvres d’Alajos Stróbl (1856-1926) et de János Fadrusz (1858-1903).

La peinture a suivi les grands courants du romantisme et du réalisme européens. On y trouve des portraitistes consciencieux qui ont un charme d’époque, Miklós Barabás (1810-1898) ou József Borsos (1821-1883), des paysagistes épris de la nature sauvage, Károly Markó (1791-1860) ou László Paál (1846-1879), qui travailla à Barbizon. Mais la grande vogue fut pour les peintres d’histoire. Mihály Munkácsy (1844-1900) connut une gloire internationale et triompha à Paris. À ses scènes évangéliques théâtrales, on peut préférer ses évocations populaires et ses paysages, d’un réalisme à la Courbet. En réaction contre l’art d’atelier surgit une école de plein air, dont le maître fut Pál Szinyei Merse (1845-1920) [Déjeuner sur l’herbe, 1873, Galerie nationale de Budapest]. Son exemple fut suivi par un groupe de peintres qui travaillèrent au début du xxe s. à Nagybánya (auj. Baia Mare, en Roumanie) et dont le plus intéressant fut Károly Ferenczy (1862-1917).


xxe siècle

Après l’influence de Munich, dominante au xixe s., celle de l’école de Paris s’imposa. Nombre de peintres vinrent y travailler. Ainsi, József Rippl-Rónai (1861-1927) participa au groupe des nabis, créant une œuvre raffinée et colorée. À cette tendance se rattachent István Szőnyi (1894-1960) ou Aurél Bernáth (né en 1895). C’est au groupe des fauves que se lia Béla Czóbel (né en 1883), tandis que le cubisme marqua Vilmos Aba Novák (1894-1941). La première moitié du xxe s. connut encore bien des peintres de talent : Endre Domanovszky (né en 1907), László Mednyánszky (1852-1919) et surtout Tivadar Csontváry Kosztka (1853-1919). Autodidacte, celui-ci, reconnu après sa mort, créa de grandes compositions d’esprit naïf, d’un lyrisme et d’un collorisme exacerbés. D’autres furent expressionnistes, comme Gyula Derkovits (1894-1934), d’inspiration ouvrière, ou József Egry (1883-1951). Nombre de peintres hongrois ont continué à venir travailler à Paris, où ils ont fait de brillantes carrières, depuis le peintre mondain Philip Alexius Lázsló de Lombos (1869-1937) ou le dessinateur Marcel Vertès (1895-1961) jusqu’à plusieurs abstraits, tels Sigismond Kolos-Vary (né en 1899), Arpad Szenes (né en 1897) et, le plus célèbre, Victor Vasarely*.

De même pour les sculpteurs. Certains s’imposèrent en Hongrie : Béni Ferenczy (né en 1890), auteur de figures délicates, Jenő Kerényi (né en 1908), réaliste socialiste ; et d’autres à l’étranger, dans l’extrême avant-garde : Joseph Csáky (1888-1971), László Moholy-Nagy*, Nicolas Schöffer*, créateur du cinétisme lumineux, Pierre Szekely (né en 1923).

Ainsi, comme depuis ses origines, l’art hongrois est à la croisée de tous les grands courants de la civilisation de l’Europe occidentale.

R. C.

 L. Gal, l’Architecture religieuse en Hongrie du xie au xiiie siècle (Leroux, 1922). / A. de Hevesy, les Manuscrits de la bibliothèque du roi Mathias Corvin (Soc. fr. de reproduction de manuscrits à peintures, 1923). / E. Ybl, la Peinture hongroise (Éd. « Pro Arte », Genève, 1944). / Ö. G. Pogány, la Peinture hongroise au xixe siècle (Budapest, 1955). / A. Fél, T. Hofer et K. Csilléry, l’Art populaire en Hongrie (Budapest, 1959). / Z. D. Feher et Ö. G. Pogány, la Peinture hongroise au xxe siècle (Budapest, 1960). / D. Pataky, le Dessin hongrois (Budapest, 1960). / D. Dercsényi, Monuments de Hongrie (Budapest, 1961). / D. Radocsay, les Primitifs de Hongrie (Budapest, 1964). / A. Kampis, les Beaux-Arts en Hongrie (Budapest, 1966).
CATALOGUE D’EXPOSITION : l’Art de Hongrie du xe au xxe siècle (Petit Palais, Paris, 1966).

Honolulu

Principale ville, premier port et capitale de l’archipel des Hawaii.


Située au sud-est de l’île d’Oahu, la ville elle-même comptait 325 000 habitants en 1970, mais l’agglomération en réunit environ 500 000, soit les deux tiers de la population totale de l’archipel.

L’essor d’Honolulu est lié d’abord à l’existence d’un port en eau profonde susceptible d’accueillir les vaisseaux européens. Waikiki, protégée par son récif, constituait la résidence du roi lorsqu’il venait à Oahu ; c’est William Brown, capitaine anglais, qui reconnut en 1794 les avantages du site d’Honolulu. À partir de cette date, elle ne cessa de se développer, et, dès 1821, le roi s’y installa. En 1833, la ville proprement dite comptait 6 000 habitants, plus 3 000 personnes vivant à Waikiki et 4 500 dispersées aux alentours. La population stagna ensuite autour de 14 000 habitants jusqu’en 1878, mais, à partir des années 1880, la ville connut une expansion rapide : près de 30 000 habitants en 1896, 81 820 habitants en 1920, 179 358 en 1940, 294 194 en 1960.

Cet accroissement spectaculaire d’Honolulu tient à son emprise croissante sur toute la vie de l’archipel. La fonction portuaire en a fait le centre commercial fondamental, par lequel transitent en grande partie les marchandises importées et exportées (trafic total de plus de 10 Mt en 1969 avec les annexes de Pearl Harbor et de Barber’s Point), et où naquirent et se développèrent les firmes qui ont pris peu à peu en main les destinées économiques des Hawaii. La fonction politique et administrative n’a fait que se renforcer depuis l’annexion par les États-Unis. Le rôle militaire et stratégique a pris une grande ampleur avec l’implantation de la base de Pearl Harbor, à l’ouest de la ville. La fonction culturelle s’est affirmée avec la fondation de l’université en 1907. En 1960, la création par le gouvernement fédéral d’un centre de rencontre entre l’Est et l’Ouest donna à la ville une vocation à l’échelle du Pacifique tout entier. Enfin, l’avènement de l’avion a fait d’Honolulu une plaque tournante dans les relations aériennes (plus de 5 millions de passagers en 1970, dont 2 200 000 pour le trafic intérieur de l’archipel) et lui a permis de développer à Waikiki l’un des plus grands complexes touristiques du monde, disposant de plus de 16 000 chambres à la fin de 1969. Il est vrai que, située à l’abri de la chaîne de Koolau, la ville bénéficie à la fois d’une très faible pluviosité (625 mm tombant surtout en hiver), d’un fort ensoleillement et d’une douceur remarquable des températures (23 °C de moyenne annuelle).