Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Hongrie (suite)

La mécanique assure plus de 30 p. 100 de la valeur de la production industrielle globale du pays. En dehors de la production variée de la métallurgie du fer et de l’aluminium, la Hongrie livre une forte production de machines-outils pour l’industrie minière, chimique, textile : tours, roulements à billes. Elle est un des plus gros producteurs du Comecon de matériel roulant : usine de motocycles à Eger ; fabrication d’autobus, dans l’entreprise Ikarus à Budapest, d’une capacité de 7 000 unités par an ; locomotives et wagons à Győr (combinat Rába). Un accord a été conclu avec Renault et la firme allemande MAN (auj. intégrée dans la MTU) pour la fabrication de moteurs Diesel et de pièces pour automobiles. En revanche, contrairement à la Yougoslavie, la Tchécoslovaquie ou la Pologne, la Hongrie n’envisage pas la fabrication ou le montage de voitures de tourisme, se contentant d’en importer des pays du Comecon, d’Italie, d’Allemagne et de France. Debrecen est le centre de la mécanique de précision, en particulier de la production d’instruments médicaux.

Les industries électriques et électroniques se sont rapidement développées. Le pays assure la moitié de la production de téléviseurs du Comecon, une partie appréciable des réfrigérateurs, machines à laver, radios, et en général de l’appareillage électroménager. L’usine Videoton, à Székesfehérvár, est une des plus importantes pour le matériel de télécommunications.

L’industrie chimique lourde a engendré une industrie légère de plus en plus diversifiée. La carbochimie est concentrée sur les bassins de charbons bruns, essentiellement autour du gros centre de Tatabánya, où s’extrait le tiers de la quantité de charbon, et dans les montagnes septentrionales. La pétrochimie tend à la remplacer. À partir des années 1960, la Hongrie a fabriqué pour la première fois des fibres synthétiques, des matières plastiques, des produits pharmaceutiques, des engrais. Szeged devient le centre de fabrication des produits azotés et du caoutchouc. Budapest et Debrecen sont les centres de l’industrie pharmaceutique, qui travaille en rapport avec les grands laboratoires suisses, Ciba et Sandoz. Borsod reçoit le gaz naturel de la Grande Plaine et de la Transylvanie, et, avec les nouveaux combinats de Százhalombatta et de Leninváros, doit assurer la majeure partie d’une production assez concentrée. Encore modeste sur le plan européen, la chimie des hydrocarbures doit se développer rapidement avec l’importation de gaz.

Son essor (avec effet d’entraînement) est le meilleur atout d’une décentralisation d’un secteur industriel qui peut négliger l’agglomération de Budapest, s’implanter en région rurale, employer la main-d’œuvre en excédent et réduire l’exode rural tout en accroissant le niveau de vie local : c’est la politique suivie par le plan 1971-1975.


Une agriculture diversifiée

La Hongrie n’est plus exclusivement un pays céréalier aux faibles rendements (moins de 10 q/ha avant 1940) et d’élevage extensif. Celui-ci ne subsiste plus dans l’Hortobágy, où le maintien de troupeaux de chevaux, de porcs sauvages, d’oies n’a plus qu’un intérêt folklorique et touristique. Les céréales, blé, avoine, seigle, orge, qui s’étendaient sur plus de deux millions d’hectares avant 1940, ont vu leur superficie se réduire d’un quart. Le blé n’occupe plus que le cinquième de la superficie cultivée, le maïs, le quart, mais les rendements sont supérieurs à 20 q/ha. La Hongrie, depuis 1945, a été légèrement déficitaire en céréales panifiables, mais elle a accru, pour les besoins de l’élevage, la production de maïs grain et de maïs fourrage.

Les superficies céréalières ont été converties en oléagineux (tournesol), en nouveaux fourrages, en pommes de terre et en légumes de plein champ. Enfin, partout où s’est étendue l’irrigation (environ 300 000 ha en 1970) se sont développées des cultures spéciales. Le riz, plante pionnière sur les sols alcalins, régresse. Le coton couvre quelques dizaines de milliers d’hectares dans le Sud. Les légumes d’été, tomates, piments et poivrons, couvrent les étendues récemment défrichées sur les sables et les dunes. Les serres pour la production de semences et de fleurs se multiplient dans l’interfluve Danube-Tisza et autour des villes. Le tabac alimente de grosses manufactures. Le vignoble de qualité (autour de Tokaj, dont les crus sont variés) se maintient sur les coteaux, tandis que de nouvelles plantations sur les sables ont accru une production de vins courants de 3 à 5 Mhl, l’U. R. S. S. devenant acheteur de vins dans tous les pays socialistes. Les plantes industrielles se sont intégrées dans des assolements trop simples autrefois : la betterave à sucre dans le Kisalföld ; les oléagineux et le tabac dans le Nyírség. Enfin, les vergers, protégés par des écrans forestiers d’acacias, ont conquis des régions réputées infertiles dans la plaine de la Tisza (le Hortobágy) et les dunes (le Nyírség devient producteur de pommes de haute qualité). En même temps, l’élevage industriel se concentre en fermes géantes de plusieurs milliers de têtes de gros bétail ou de dizaines de milliers de volailles. La production de viande de porc est anciennement répandue ; la production de viande de bœuf, d’œufs et de volailles, de lait et de beurre a sensiblement augmenté et permet aujourd’hui des exportations équilibrant à peu près les importations de produits tropicaux. Toute une industrie nouvelle, liée aux combinats agricoles, s’est développée : laiteries et fromageries, conserveries.


Les rythmes de croissance et les niveaux de vie

Le secteur industriel s’est développé beaucoup plus rapidement que le secteur agricole, comme dans tous les pays du Comecon. L’industrie assure plus de la moitié du revenu national depuis l’année 1965. Les rythmes de croissance depuis la Seconde Guerre mondiale attestent une évolution relativement satisfaisante si l’on tient compte de la crise de 1953 à 1956 et de ses conséquences. Le taux de croissance est voisin en moyenne de 7 p. 100 par an environ de 1956 à 1970.