Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Hongrie (suite)

Le pays manque d’énergie. Ses réserves de charbon ne dépassent pas 3 000 Mt, dont 80 p. 100 (et une part analogue de la production) sont des charbons bruns et des lignites à faible pouvoir calorifique. L’exploitation en est de moins en moins rentable, dispersée dans un grand nombre de bassins et de puits, faiblement mécanisée et d’une productivité médiocre. La production évolue désormais comme en Europe occidentale. Alors que la Hongrie s’enorgueillissait jusqu’en 1960 d’accroître sa production de charbon à un rythme accéléré (quelques millions de tonnes avant la guerre, plus de 26 Mt en 1960, mais ne représentant que l’équivalent de 8 à 10 Mt de houille), la production tend à stagner et le nombre de mineurs diminue. Seul le charbon de bonne qualité, comme celui du Mecsek (bassin de Komló, qui assure le quart de pouvoir calorifique du pays), est toujours extrait. La majeure partie de la production des bassins de la dorsale est consommée sur place dans des centrales thermiques de grande capacité (comme à Tatabánya, Várpalota) ou sert de matière première à la carbochimie, très développée au cours des premiers plans. Mais il s’agit là de secteurs d’industries traditionnelles créant des « pays noirs » qu’on ne souhaite plus étendre. Le coke doit être importé de Pologne et d’U. R. S. S. par voie ferrée et par le Danube.

L’électricité hydraulique n’assure qu’une part très faible de la production énergétique totale. La première centrale de Tiszalök assure 2 TWh sur un potentiel hydraulique évalué à 10 TWh. Mais la construction d’un barrage sur le Danube à Nagymaros, au nord, est toujours à l’état de projet.

Le relais énergétique principal doit être assuré par les hydrocarbures. Le pétrole, déjà exploité avant la guerre dans la plaine de la Drave, est presque épuisé, mais a jailli en plusieurs points de la Grande Plaine, récemment aux environs de Szeged. Si la production annuelle doit augmenter, les réserves prouvées ne paraissent pas considérables. La nouvelle raffinerie implantée près de Szeged traitera la production locale. Les réserves de gaz naturel sont plus considérables, et la production annuelle doit atteindre 5 ou 6 milliards de mètres cubes à la fin du plan 1971-1975.

Ces ressources nationales sont complétées par de fortes importations d’U. R. S. S., par le Danube, l’oléoduc « Amitié », dont la capacité vient d’être doublée, et le gazoduc « Fraternité ». Déjà plus du tiers de la production d’électricité provient de la combustion d’hydrocarbures. La centrale thermique, doublée d’installations de raffinage et de pétrochimie, située au sud de Budapest, à Százhalombatta, a porté sa capacité de 615 à 1 400 MW, assurant le quart de la production thermique du pays.

Enfin, la Hongrie est bien intégrée à un système centre-européen d’interconnexions : elle reçoit le sixième du courant consommé par la ligne de 400 kV venant d’U. R. S. S. par Moukatchevo, et envisage des échanges avec l’Autriche et la Tchécoslovaquie.


Minerais et industrie métallurgique

De même, la Hongrie est assez pauvre en minerais. Elle exploite une faible quantité de cuivre, de plomb et de zinc ; elle vient au troisième rang en Europe, après l’U. R. S. S. et la Roumanie, pour la production de manganèse (près d’Úrkút, dans le Bakony), mais une faible partie de la production est traitée sur place, le reste étant exporté en U. R. S. S., de même que la production, inconnue, mais sans doute réduite, de minerai d’uranium.

La production de minerai de fer, localisée à Rudabánya, n’est pas négligeable. Elle a permis le développement, dès le temps des techniques de la fonte au bois, d’une métallurgie dans la région de Miskolc et de la vallée du Sajó. Mais le principal combinat sidérurgique, « Lénine », doit importer du minerai ukrainien par voie ferrée et du coke polonais et tchèque. Le second foyer sidérurgique a été implanté, malgré maintes difficultés, sur les bords du Danube, à Dunaújváros, exemple unique en Europe centrale de sidérurgie sur l’eau, minerai, ferrailles et coke étant importés par la voie fluviale. Une ville nouvelle de plus de 30 000 habitants s’est développée. Mais la production totale d’acier, qui est passée de 1 à plus de 3 Mt de 1950 à 1970, n’atteint pas le niveau européen et n’empêche pas la Hongrie d’importer des produits sidérurgiques.

La bauxite constitue la principale richesse minière du pays. Elle abonde dans les calcaires du Bakony, et son extraction, déjà commencée avant la guerre, accélérée pendant l’occupation, place le pays au troisième rang en Europe. Les mines sont concentrées dans les régions de Ajka et de Gánt. La Hongrie assure donc une bonne production d’alumine, et quatre grosses usines traitent les deux tiers du minerai : Ajka (avec une capacité de 0,5 Mt), Várpalota, Almásfüzitő et Mosonmagyaróvár, mais l’insuffisance d’énergie électrique oblige la Hongrie à expédier l’alumine vers les pays voisins, en Slovaquie (Žiar) ou en U. R. S. S., qui lui renvoie une partie de la production d’aluminium ainsi obtenue. Le problème consiste donc à acquérir une indépendance énergétique et technique dans les industries de l’aluminium, qui ferait de la Hongrie un grand producteur européen : pour une production de bauxite inférieure d’environ un tiers à la production de la France, celle d’aluminium n’atteint pas le sixième et elle ne s’est accrue que de 16 000 t en l’espace de 10 ans, alors que la production de bauxite a quadruplé depuis 1950. La grande usine de métallurgie de l’aluminium est située à Székesfehérvár.


Spécialisation de la production industrielle

La Hongrie est donc le pays des industries de transformation. Les unes sont traditionnelles (industries du bois, du cuir, minoteries, conserveries, sucreries et distilleries liées à l’activité rurale) et se localisent dans toutes les villes, centres de régions agricoles, en particulier dans la Grande Plaine, où les entreprises sont de taille moyenne. Les autres activités sont liées au rôle historique de Budapest comme métropole et foyer de consommation privilégié : textiles, constructions navales sur le Danube, transformation des produits importés par voie fluviale, papeterie et cellulose, impression et édition. D’autres implantations attestent les progrès de la Hongrie dès avant 1940 pour se placer dans le groupe des États moyennement développés de l’Europe centrale, fournisseurs de machines et d’outils agricoles aux pays restés ruraux du Sud-Est et des Balkans. Budapest est traditionnellement une ville de petites et moyennes entreprises métallurgiques gravitant autour du chantier de Csepel.

Depuis, et dans le cadre de la spécialisation des fabrications au sein du Comecon, la Hongrie se spécialise dans les productions destinées à l’exportation dans les pays socialistes voisins ou le tiers monde.