Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Honduras (suite)

Le peuplement

Il présente les deux traits caractéristiques centre-américains : un ensemble de métis d’Indiens et d’Espagnols occupe les hautes terres centrales, tandis que la frange septentrionale, dans les basses terres bordant la mer des Antilles, est peuplée surtout de Noirs traditionnellement anglophones (v. Honduras britannique et Nicaragua). Mais ici, le noyau espagnol est resté faible, sans ville importante, politiquement coupé au xixe s. du gros foyer de peuplement salvadorien situé plus au sud, tandis que, lors du boom bananier du premier tiers du xxe s., la côte nord a connu une croissance très importante. Ce déséquilibre pèse sur l’organisation économique et politique du pays, qui souffre aussi d’une densité d’occupation faible en comparaison de celle de son voisin méridional.


Les régions


La côte caraïbe

Là où débouche chaque vallée, la plaine côtière alluviale présente une indentation profonde, vaste domaine de sols fertiles sous un climat propice à la culture de la banane. Grâce à celle-ci, le secteur nord du pays accueille le quart de la population et fournit une part double des exportations honduriennes. Cette production a débuté vers 1860, mais son expansion dans les concessions de l’United Fruit Company commence en 1899 ; celle-ci s’installe dans le bassin d’Ulúa-Chamelecón (deux rivières parallèles). Plus à l’est se sont implantées d’autres compagnies de moindre importance comme la Standard Fruit. La croissance continue des bananeraies aboutit en 1930 à une production correspondant au tiers de la production mondiale (la moitié de celle du monde caraïbe). Devant la maladie de Panamá, la plupart des bananeraies centre-américaines furent transplantées de la côte caraïbe à celle du Pacifique. Celles d’Ulúa-Chamelecón furent maintenues grâce à l’irrigation des terres, moyen d’éliminer le parasite. Bien que sa production bananière ait baissé des deux tiers depuis 1930 (1,5 Mt pour le Honduras entier en 1968), cette région reste la première d’Amérique centrale. Mais, surtout, les infrastructures disponibles ont permis d’asseoir une économie régionale qui se diversifie. Ici aboutit l’axe de communication en provenance de Comayagua, parcouru par une route qui maintenant atteint le Salvador. Le réseau ferré local est le seul du pays ; il aboutit à Puerto Cortés, qui assure l’essentiel du trafic extérieur hondurien. À mesure que diminuait la monoculture de la banane naissaient des élevages bovins intensifs, des cultures de canne à sucre et de palmier à huile. La ville de San Pedro Sula, qui domine cette région économique majeure du Honduras, a dépassé 100 000 habitants et possède quelques petites industries, travaillant principalement pour le marché local (textiles, etc.). Mais les liaisons avec la capitale et l’ensemble de l’économie nationale restent faibles, indépendamment des différences culturelles et linguistiques avec le reste de la population.


Le vieux pays hondurien

La masse montagneuse n’a jamais favorisé d’importantes concentrations de populations. Le peuplement indigène était peu abondant à l’arrivée des Espagnols ; près de la frontière guatémaltèque, le site maya de Copán était abandonné depuis deux siècles à leur arrivée. Malgré le faible nombre des immigrés espagnols, surtout attirés par les mines, le métissage a été général, sauf dans les zones forestières peu pénétrées du nord-est, où subsistent Sumas, Payas et Mosquitos en petit nombre.

Le peuplement métis s’est dispersé au gré de ressources fragiles. La base économique du pays au cours de la période coloniale et jusqu’à la fin du xixe s. a été l’activité des mines (argent surtout). Celles-ci ont actuellement une part négligeable dans le commerce extérieur. Essentiellement pour subvenir aux besoins des mineurs s’est instauré dès le xvie s. un élevage (bovins, mules) pratiqué dans de grands domaines : leurs meilleures pâtures se trouvaient dans les bassins qui s’encastrent dans le dédale des vallées et des crêtes. Là se sont installées les principales cités, comme l’ancienne capitale de Comayagua, dans un fossé qui facilite les communications entre le Sud salvadorien et la côte caraïbe.

Cet élevage bovin traditionnel garde une clientèle hors des frontières du pays, au Salvador en particulier, où l’on exporte du bétail sur pied ; une certaine modernisation grâce à des prairies d’embouche (vers le golfe de Fonseca) permet des exportations de viande (au total, 40 000 à 50 000 têtes de bétail représentant 12 p. 100 des exportations).

Liées à un habitat dispersé, les cultures de subsistance s’accrochent aux terres médiocres des versants. Là où les densités sont élevées, au sud-ouest du pays, sévit le minifundio : le déboisement des pinèdes et la mise en culture excessive des pentes multiplient les croupes chauves et le ravinement pour de maigres productions de maïs et de haricots. Mais des progrès, limités, apparaissent dans l’agriculture : le café est cultivé dans le pays dès 1860, mais devient un produit d’exportation seulement vers 1940. Actuellement, il n’assure guère plus du dixième des exportations.

Si le Honduras n’a pas de vastes plaines en bordure du Pacifique, comme ses voisins, pour la culture du coton, celle-ci se pratique cependant (modestement) dans certains bassins intramontagnards, aux mains des grandes haciendas d’élevage traditionnel. Enfin, les cultures traditionnelles sont développées parfois pour une plus large commercialisation, comme le maïs, ou le haricot, ou la pomme de terre, d’introduction plus récente. La construction de la route méridienne qui dessert l’ouest du pays a ainsi stimulé la production agricole, en particulier pour le tabac de la région de Santa Rosa de Copán.

Malgré ces amorces de croissance économique, le Honduras n’a pas rattrapé le revenu par tête de ses voisins centre-américains. La dispersion du peuplement et des activités économiques, la faiblesse du marché national d’un pays peu peuplé, au niveau de vie médiocre, restent des freins à la croissance. L’actuel développement des transports routiers améliore les relations intérieures et avec les pays voisins ; le commerce hondurien avec le reste de l’Amérique centrale est plus important et s’accroît plus vite que celui de ses voisins. En plus du bétail, le Honduras dispose en particulier de bois facile à placer aux Antilles comme au Salvador. Mais le commerce extérieur est encore largement dominé par les États-Unis, qui absorbent la moitié des exportations du Honduras, dont ils fournissent, en échange, une part égale des importations.