Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Hominiens (suite)

Les Australopithèques possèdent de nombreux caractères plus primitifs que les Archanthropiens : stature plus petite, station érigée moins accusée, volume endocrânien plus faible, face plus longue ; mais, par quelques traits, ils paraissent plus évolués ; la bascule occipitale est bien amorcée ; l’appareil masticateur montre une spécialisation plus accusée que chez les Archanthropiens. Australopithèques et Archanthropiens n’appartiendraient vraisemblablement pas à la même lignée ; ils se sont détachés à des périodes différentes de la lignée humaine, la séparation des Australopithèques ayant précédé celle des Archanthropiens.

Industrie des Archanthropiens. Les industries lithique et osseuse des Archanthropiens marquent un progrès ; à Oldoway, où les gisements se superposent, on passe de la pebble culture à des outils du type chelléen-acheuléen. Mais surtout, dans la grotte de Zhoukoudian, les dépôts renferment des foyers et des lits de cendres mesurant jusqu’à 7 m d’épaisseur. Ces dépôts renferment des os brûlés, des pierres noircies, des végétaux. Les Archanthropiens utilisaient donc le feu et savaient l’entretenir. Les ossements récoltés à Zhoukoudian sont surtout des crânes et des mandibules ; les vertèbres, les omoplates, le bassin sont rares ; les crânes ont été fragmentés selon une certaine technique permettant d’atteindre le cerveau. Certains os n’ont jamais été retrouvés, ce qui permet de supposer que ces crânes mutilés ont été transportés dans la grotte. Ces observations posent bien des questions. Le Sinanthrope était-il un gibier ? Mais de quel chasseur ? Ou le Sinanthrope était-il cannibale, un peu à la façon des Jivaros, chasseurs de têtes modernes ?

• Les Paléanthropiens. Ils réunissent tous les fossiles humains qui sont du type de l’Homme de Neandertal (ou de Neanderthal) et qui ont vécu pendant plus de 100 000 années. Autrefois, ils ont été rangés sous différentes dénominations : Prénéandertaliens, Présapiens... Actuellement, la taxinomie en fait des sous-espèces de la grande espèce Homo sapiens. L’Homme de Neandertal classique se nomme Homo sapiens neanderthalensis.

Sous le nom d’Homo neanderthalensis, W. King a décrit (1864) une calotte crânienne et quelques os déjà découverts (1856) dans la grotte Feldhofer, située dans un vallon affluent de la Düssel, à 12 km à l’est de Düsseldorf.

De nombreux restes de ce type furent trouvés, surtout en Europe occidentale : Belgique (La Naulette, 1865 ; Spy, 1886) ; France (Malarnaud, 1889 ; La Chapelle-aux-Saints, 1908 ; Le Moustier, 1908 ; La Ferrassie, 1909 ; La Quina, 1911) ; Allemagne (Mauer, 1907 ; Ehringsdorf, 1908, 1914...) ; Yougoslavie (Krapina, 1899-1905).

À partir de 1921, la répartition de l’Homme de Neandertal s’agrandit notablement par de nouvelles stations : Rhodésie (crâne de Broken Hill, 1921) ; Galilée (crâne de Tabgha, 1925) ; Palestine (squelette du mont Carmel : Tabun [ou Taboun], Skhul, djebel Kafzch, 1929-1931) ; Java (squelettes de Solo et de Ngandong, 1931-1933). Il faut encore citer les découvertes faites en Tchécoslovaquie (Gánovce, 1926-1955), en Italie (Saccopastore, 1929-1935 ; Monte Circeo, 1939) ; en Grande-Bretagne (Swanscombe, 1935-36) ; en Uzbekistan (1938) ; en Iraq (1953-1960) ; en Chine (1958) ; en Grèce (1960) ; au Maroc (1961-62, 1969) ; en Palestine (1966-67 et 1969) et en France (Arcy-sur-Cure, 1949 ; La Chaise, 1949 ; Genay, 1955 ; Regourdou, 1957).

La plupart des os proviennent de sédiments accumulés dans des grottes, datant du commencement du Pléistocène supérieur, ou Würmien ancien. Les Néandertaliens devaient se réfugier dans les grottes afin de se protéger du froid. Ils se seraient éteints il y a quelque 35 000 années.

Aspect physique. Les Néandertaliens sont bien connus, leurs restes sont nombreux. Une magistrale étude (1911-1918) a été faite par Marcellin Boule sur l’Homme de La Chapelle-aux-Saints (Corrèze). Il représente le type des Néandertaliens dits « classiques » d’Europe occidentale et datant du Würmien ancien. Depuis lors, des travaux variés leur ont été consacrés et ont mis en évidence de légères variations. Il faut leur rattacher les ossements, très fragmentaires et plus anciens, du Pléistocène moyen : Hommes de Mauer, de Montmaurin, de Vértesszőllős, de Steinheim.

Les Néandertaliens mesuraient 1,60 m environ. La longueur des membres se rapproche de celle de l’Homme actuel ; les os longs sont gros. Le crâne se caractérise par sa grande longueur et sa faible hauteur, le bourrelet sus-orbitaire et le chignon occipital étant bien accusés. La face postérieure du crâne présente un contour presque circulaire ; la forme en tente, caractéristique des Archanthropiens, n’existe plus.

La face est importante ; l’absence de tout angle entre le malaire et le maxillaire détermine des pommettes peu saillantes et fuyantes vers l’arrière. Le maxillaire ne présente pas de dépression (fosse canine) sous les pommettes. Les os du nez sont saillants. La mandibule, puissante, est plus large que longue ; elle porte souvent une trace de menton. La forme de l’arcade dentaire est caractéristique ; elle est large et brièvement rectiligne dans la région antérieure entre les incisives. Les dents varient selon les divers crânes ; les incisives supérieures et inférieures sont larges ; les canines sont plus petites que celles des Sinanthropes ; prémolaires et molaires sont souvent intermédiaires entre celles du Sinanthrope et de l’Australopithèque. Les moulages endocrâniens donnent un volume céphalique de 1 625 cm3, supérieur à celui de l’Homme actuel ; le côté gauche présente une légère asymétrie, témoin d’une latéralité. Les circonvolutions, peu nettes, sont difficiles à interpréter.

Les crânes les plus anciens (Steinheim, Swanscombe) ont une capacité plus faible, 1 100 à 1 300 cm3. Les Néandertaliens les plus anciens présentent, dans l’ensemble, des caractères moins accusés que les Néandertaliens les plus récents ; à ces caractères moins nettement néandertaliens s’ajoutent des caractères archaïques.