Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Hokusai (suite)

Après avoir exercé plusieurs métiers, il entre à dix-huit ans dans l’atelier de Katsukawa Shunshō (1726-1792), un des maîtres les plus réputés de son époque, et travaille à des estampes élégantes et raffinées sur les sujets courants de l’ukiyo-e*. En 1794, le désaccord avec un collègue l’oblige à quitter l’atelier. Une curiosité extraordinaire le pousse alors à étudier, seul, les techniques traditionnelles des écoles Kanō* et Tosa*, le style de Sōtatsu* et de Kōrin*, l’esthétique chinoise et les principes de la peinture occidentale. Ses premiers succès sont assez tardifs (fin du xviiie s. - début du xixe s.) et lui viennent d’illustrations de livres : ouvrages populaires à la couverture jaune (les kibyōshi), romans ou poèmes humoristiques. En même temps, il compose de merveilleux surimonos (estampes de vœux, de faire-part...) et prend, entre autres surnoms, celui de « Fou de dessin ».

Les œuvres auxquelles il doit sa plus grande célébrité sont néanmoins postérieures à 1810-1820. L’artiste disait : « Je suis né à l’âge de cinquante ans », faisant allusion à la quête laborieuse qui avait précédé l’épanouissement de son art. À partir de 1814 commence la publication de la Manga, composée de quinze albums, dont les deux derniers sont posthumes. Dans cette sorte d’encyclopédie en images, la sûreté avec laquelle le pinceau saisit les personnages dans leurs activités quotidiennes montre un sens de l’observation et des dons de caricaturiste exceptionnels.

Parallèlement, le génie insatisfait de Hokusai cherche une autre voie. Celle-ci est fournie par le paysage, sujet nouveau dans le domaine de l’ukiyo-e. Déjà, vers 1798, l’artiste avait dessiné des estampes de paysages purs, inspirés des gravures hollandaises. Ses Vues de la baie d’Edo sont rendues par une perspective à l’occidentale (point de vue unique, horizon bas) et un clair-obscur tout à fait étrangers à la tradition japonaise. Dans les fameuses séries des Trente-Six Vues du mont Fuji, achevées en 1831, et des Cent Vues du mont Fuji (1834-35), ces enseignements sont parfaitement assimilés. Maître du rythme, qui anime lignes et surfaces, Hokusai crée des compositions hardies, où la stylisation et les raccourcis engendrent un étonnant dynamisme. À la même veine appartiennent encore les estampes des Ponts, des Cascades et les très belles images de fleurs et d’oiseaux.

Malgré le déclin de sa popularité devant les succès considérables du jeune Hiroshige, Hokusai garde jusqu’à sa mort, en dépit de difficultés matérielles, un désir de création passionné. Son œuvre est immense, souvent inégale, surtout vers la fin de sa vie, mais d’une prodigieuse diversité. Contesté dans son pays en raison de sa puissante originalité, son art a, néanmoins, influencé la plupart des artistes de son temps ainsi que tout le courant impressionniste français.

F. D.

 I. Kondo, Katsushika Hokusai (Tōkyō et Londres, 1959). / N. Villa, Catalogue de l’exposition Hokusai à la Bibliothèque nationale (Paris, 1963). / M. Narasaki, The 36 Views of Mt. Fuji (Tōkyō, 1970).

Holbein (les)

Famille de peintres allemands des xve-xvie s.



Hans Holbein l’Ancien (Augsbourg v. 1465 - Issenheim 1524)

Il a pour fils Ambrosius (v. 1494 - v. 1519), qui participe à certains travaux de son père et de son frère Hans le Jeune, mais dont la carrière trop brève ne peut être mise en comparaison avec celle de ce dernier.

La renommée de Holbein l’Ancien dépasse le cadre de l’école de Souabe. Dans ses premières œuvres connues, les volets du Retable de Weingarten (cathédrale d’Augsbourg), peint à Ulm en 1493, et l’Autel de saint Afra (1495), dispersé entre le musée de Bâle et le palais épiscopal d’Eichstätt, Holbein reste très attaché au style gothique tardif. Les recherches de la Renaissance l’ont fort peu marqué. On ne sait rien de sa formation, mais on pense qu’il a connu l’œuvre de Schongauer*, celle de Hans Burgkmair (1473-1531), peut-être celle de Grünewald*. On suppose qu’il voyagea en Flandre, car toute son œuvre est imprégnée d’influence flamande. Dans la Passion en douze scènes (Donaueschingen), Holbein se souvient des compositions de Van der Weyden* ; cependant, l’expression intense des gestes et des visages, les formes nerveuses et dramatiques sont des traits germaniques qui lui sont propres. Le coloris à base de gris rehaussé de couleurs vives est également caractéristique.

Holbein l’Ancien résida jusqu’en 1515 à Augsbourg, où lui furent confiés de nombreux travaux d’église, dont le maître-autel des cisterciens de Kaisheim (1502-1504, pinacothèque de Munich). De 1517 à 1519, il travaille avec son fils Hans à Lucerne, où ils décorent la maison Hertenstein (détruite en 1825). Le maître ne semble pas s’ouvrir davantage au courant moderniste, bien qu’il utilise les motifs du décor Renaissance dans ses dernières œuvres : l’Autel de sainte Catherine (1512, Augsbourg), l’Autel de saint Sébastien (1516, Munich) et la Fontaine de vie (1519, musée national de Lisbonne).

La meilleure part de son œuvre, en fait, est constituée par ses portraits (Bâle, Berlin) et ses études à la mine d’argent très finement ciselées, que son fils Hans portera à la perfection.


Hans Holbein le Jeune (Augsbourg 1497/98 - Londres 1543)

Il s’installa à Bâle vers 1514/15 et connut un rapide succès grâce à ses dons d’illustrateur et de portraitiste, qui sont à la base de toute son œuvre. Ses dessins exécutés en marge d’un exemplaire de l’Éloge de la folie lui valurent la protection d’Erasme, et une amitié fidèle se noua entre eux. Sa première commande de peintre lui fut passée par le bourgmestre de Bâle, Jakob Meyer, dont le portrait en compagnie de sa femme date de 1516 (musée de Bâle). Holbein se montre dès cette époque un disciple éclairé de l’humanisme de la Renaissance. En 1519, il est admis dans la gilde des peintres de Bâle.