Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Hitler (Adolf) (suite)

Hitler joue un rôle déterminant dans la politique extérieure. Il pousse au rapprochement avec le Saint-Siège dès 1933, avec la Pologne en 1934 et avec la Grande-Bretagne en 1935. Il essaie d’annexer l’Autriche dès juillet 1934, en laissant ses partisans assassiner le chancelier Dollfuss. En février 1938, il expose sa politique à ses collaborateurs : il vient de se rapprocher de l’Italie fasciste, qui a été un modèle qu’il a dépassé. Il organise l’annexion de l’Autriche en mars 1938 (Anschluss). En septembre 1938, misant sur la peur de la guerre et l’anticommunisme des Occidentaux, se jouant de Chamberlain à Bad Godesberg et à Berchtesgaden, il prépare de manière diabolique l’annexion des Sudètes, qu’il obtient par les accords de Munich (30 sept.). Dès lors, tout son effort est tendu vers la guerre.

Hitler a-t-il été ou non un chef de guerre ? Incontestablement, c’est lui qui impose l’arme blindée à l’état-major allemand ; c’est lui qui décide d’utiliser la Blitzkrieg systématiquement. De tout cela, Hitler profite, et les succès qu’il rencontre contre la Pologne, puis contre la France et dans les Balkans lui donnent peu à peu le sentiment d’être infaillible et le conduisent aux erreurs qui apparaîtront lorsqu’il voudra combattre la Russie. Au même moment, sa santé se délabre et cet homme de plus en plus violent ne se rend absolument plus compte de la portée de ses décisions ; son autoritarisme s’accentuera encore après le putsch dirigé contre lui (20 juillet 1944). Puisque l’Allemagne a été battue, le Führer estime qu’il vaut mieux la détruire de manière à ne laisser aucune trace de vie. Ainsi transparaît chez Hitler, à la veille de son suicide dans l’abri bétonné de la chancellerie de Berlin, le 30 avril 1945, le mépris qu’il a de l’Allemagne et des Allemands, que l’Autrichien qu’il est n’a jamais aimés, mais dont il a voulu se servir et qu’il a conduits au désastre.

F.-G. D.

➙ Allemagne / Guerre mondiale (Seconde) / Hindenburg / National-socialisme.

 K. Heiden, Geburt des dritten Reiches, die Geschichte des Nationalsozialismus (Zurich, 1934 ; trad. fr. Histoire du national-socialisme, Stock, 1934) ; Adolf Hitler, das Zeitalter der Verantwortungslosigkeit (Zurich, 1936 ; trad. fr., Grasset, 1936). / A. Bullock, Hitler, a Study in Tyranny (Londres, 1952 ; trad. fr., Gérard, Verviers, 1963). / G. Buchheit, Hitler, der Feldherr (Cologne, 1958 ; trad. fr. Hitler, chef de guerre, Arthaud, 1961). / J. Amsler, Hitler (Éd. du Seuil, 1961). / W. Maser, Die Frühgeschichte der NSDAP. Hitlers Weg bis 1924 (Francfort, 1965 ; trad. fr. Naissance du parti national-socialiste allemand, Fayard, 1967) ; Hitlers Mein Kampf (Munich, 1966 ; trad. fr. « Mein Kampf » de Adolf Hitler, Plon, 1968). / H. Picker, Hitlers Tischgespräche im Führerhauptquartier (Stuttgart, 1965 ; trad. fr. Hitler, cet inconnu, Presses de la Cité, 1969). / F. Heer, Der Glaube des Adolf Hitlers (Munich, 1968 ; trad. fr. Autopsie d’Adolf Hitler, Stock, 1971). / A. Speer, Erinnerungen (Francfort, 1969 ; trad. fr. Au cœur du IIIe Reich, Fayard, 1971). / J. Brosse, Hitler avant Hitler (Fayard, 1972). / J. C. Fest, Hitler (Munich, 1973 ; trad. fr., Gallimard, 1973 ; 2 vol.).

Hittites

Peuple qui habitait, du xxe s. au xiie s. av. J.-C., dans la partie orientale du bassin de l’Halys, que l’on nommait alors le Hatti.



Les origines

Cette population s’est formée par la fusion des indigènes (qui lui ont donné leur nom, Hatti) et de nouveaux venus à langue indo-européenne, dont l’origine et la date d’arrivée en Anatolie centrale restent inconnues et qui adoptent la civilisation de leurs hôtes. Le nouveau peuple, les Hittites, ou Hatti, est attesté pour la première fois dans les « tablettes de Cappadoce », archives des marchands assyriens installés en Anatolie centrale depuis la fin du xxe s. Il est alors divisé en cités-États, dont les rois se disputeront longtemps la prédominance.


L’Ancien Royaume (xviiie s. - xve s.)

Les modernes désignent ainsi la période, encore très pauvre en documents indigènes, où les Hittites, qui forment maintenant un État unique, commencent à fédérer, sous la direction de leurs souverains, les royaumes anatoliens voisins et réalisent hors de l’Anatolie des conquêtes de courte durée. La dynastie qui l’a emporté et a détruit ses rivales en Hatti s’est finalement installée à Hattousa (ou Hattousha [auj. Boğazköy]), un site fortifié au nord du pays. Ses rois n’hésitent pas à franchir le Taurus, attirés par la richesse et le haut niveau de civilisation des royaumes amorrites de la Syrie septentrionale, à qui ils empruntent l’écriture cunéiforme pour écrire en akkadien et en nésite (langue indo-européenne du Hatti, que les spécialistes nomment hittite). Hattousili Ier lutte contre le plus puissant de ces États syriens, le Yamhad (dont la capitale est à Alep), qui est détruit par son successeur, Moursili Ier (v. 1600) ; ce dernier, également vainqueur des Hourrites qui occupent les confins de l’Anatolie et de la Mésopotamie, va même, dans un raid sans lendemain, surprendre Babylone, où il met fin à la dynastie amorrite (1595).

Mais Moursili Ier est assassiné peu après, et ce drame est le premier d’une série de crimes commis par des ambitieux, princes ou époux de princesses, au détriment de rois, qui sont souvent déconsidérés par leurs défaites. Devant la poussée hourrite, les Hittites évacuent la Syrie septentrionale et la Cilicie ; d’autre part, au nord-est du Hatti, ils ne parviennent pas à arrêter les incursions du peuple barbare des Kaska (ou Gasga), qui continueront jusqu’à la fin de l’État hittite. Le déclin est momentanément enrayé durant le règne de Télibinou (fin du xvie s.) ; ce souverain a laissé un long rescrit qui formule ou rappelle les règles de la succession héréditaire au trône et les procédures concernant les crimes commis par des personnes de la famille royale.