Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Hitchcock (Alfred) (suite)

 E. Rohmer et C. Chabrol, Hitchcock (Éd. universitaires, 1957). / B. Amengual et R. Borde, Hitchcock (Serdoc, Lyon, 1960). / P. Bogdanovich, The Cinema of Alfred Hitchcock (New York, 1962). / H. P. Manz, Alfred Hitchcock (Zurich, 1962). / G. S. Perry, The Films of Alfred Hitchcock (Londres, 1965). / R. Wood, Hitchcock’s Films (Londres, 1965 ; 2e éd., 1969). / F. Truffaut, le Cinéma selon Hitchcock (Laffont, 1966). / J. Douchet, Alfred Hitchcock (l’Herne, 1967). / N. Simsolo, Alfred Hitchcock (Seghers, 1969). / M. Estève (sous la dir. de), Alfred Hitchcock (Lettres modernes, 1971).

Hitler (Adolf)

Homme d’État allemand (Braunau, Haute-Autriche, 1889 - Berlin 1945).


Lorsque, le 30 janvier 1933, Hitler devient chancelier du Reich, c’est une période nouvelle qui commence pour l’Allemagne. Il est le chef du parti nazi, fondé en 1920, qui ne cache pas son désir de lutter contre « le caractère dissolvant de l’esprit démocratique et républicain ». Pour beaucoup d’historiens, le national-socialisme* est un mouvement né avec Hitler et qui disparaîtra avec lui, un accident dans l’histoire d’Allemagne. Cette opinion mérite d’être nuancée, car le national-socialisme, s’il exacerbe des tendances nationalistes et racistes, ne les invente pas. Il y a entre la dernière période du IIe Reich et le national-socialisme des rapports étroits. Une continuité de l’impérialisme allemand se manifeste de Guillaume II à Hitler en passant par F. Ebert et G. Stresemann.


Les débuts

Hitler n’est pas un Allemand ; ce fils de douanier est un Autrichien, né le 20 avril 1889 à Braunau, petite ville à la frontière austro-allemande. Il fait ses études en Haute-Autriche, en particulier à Linz, et fréquente le collège moderne (Staatsrealschule) jusqu’en 1905. Il est peu travailleur, et comme il le dit lui-même : « J’étudiais ce qui me plaisait ; je sabotais complètement ce qui me paraissait sans importance ou ne m’intéressait pas. »

Son père meurt dès 1903, mais laisse à sa famille des ressources très convenables, ce qui dément tous les documents montrant Hitler dans la misère. Même quand il habite un foyer pour hommes, il semble bien que ce soit pour éviter de servir dans l’armée des Habsbourg.

Hitler se rend à Vienne pour entrer à l’école des beaux-arts, où il est ajourné. Il est de même écarté de l’école d’architecture, mais son séjour à Vienne le marque profondément. Il vit de sa peinture et vend relativement bien ses aquarelles. Ses intermédiaires, ses acheteurs sont juifs, et cela renforce l’antisémitisme dans lequel il a été élevé par les maîtres de Linz. Il est, de plus, profondément influencé, pendant toute cette période, par le mouvement social-chrétien autrichien, animé par Karl Lueger (1844-1910), et le parti de Georg von Schönerer (1842-1921), violemment antisémite. Il lit avec avidité Georges Sorel, Nietzsche, Schopenhauer. Sa haine s’accroît contre les juifs, les sociaux-démocrates, les syndicats, le parlement et les Habsbourg. Très vite il établit un lien entre marxisme, social-démocratie, parlementarisme, judaïsme. Il est aussi impressionné par les structures de l’Église catholique, qui inspireront plus tard l’organisation de son parti. Dans ce monde cosmopolite qu’est la Vienne des années d’avant guerre, où cohabitent Allemands, Tchèques, Polonais, Hongrois, Croates et Italiens, se développe chez lui un pangermanisme exacerbé. Hitler vitupère le système des Habsbourg, qui condamne à mort le germanisme « en 10 millions d’êtres humains ». Dès ce moment, il se tourne vers l’Allemagne, où il s’installe en mai 1913. Si court ait-il été, le séjour à Vienne a profondément marqué Hitler, qui y a conçu l’idée d’une grande nation allemande.

Pendant près d’un an et demi, Hitler vit à Munich, où il lit beaucoup, et des ouvrages fort divers, de manière souvent superficielle, en autodidacte petit-bourgeois, sans esprit critique, prêt à accepter toute idée qui rejoindrait les siennes propres.

En août 1914, il s’engage dans l’armée bavaroise, alors que, quelques mois plus tôt, le réfractaire qu’il était avait été déclaré inapte au service. Dès octobre 1914, il est au front de l’Ouest, où il se montre brave et remporte plusieurs citations. Il est même décoré de la croix de fer de première classe, fait très rare pour un simple caporal. Gravement blessé aux yeux par les gaz, il est envoyé en Poméranie, où il apprend la fin de la guerre et la proclamation de la république.

Il est renvoyé à Munich, où certains pensent qu’il aurait « vainement essayé, avant la chute des soviets, d’adhérer au communisme ». En tout cas, il a probablement porté un brassard rouge et transigé jusqu’en 1919 avec les troupes des conseils d’ouvriers et de soldats. Dès l’entrée des troupes légales à Munich, il est chargé de découvrir ceux qui ont agi en faveur des soviets, puis il est envoyé dans un cours de formation civique antibolchevique. Il devient Bildungsoffizier, commissaire politique d’un régiment bavarois, et reste dans la Reichswehr jusqu’au 1er avril 1920. Il adhère en 1919 au parti ouvrier allemand (Deutsche Arbeiterpartei), fondé par un ouvrier de Munich, A. Drexler. Il y rejoint un ingénieur, Gottfried Feder, le premier théoricien du parti, et le capitaine Röhm, le futur chef des SA. Très vite, Hitler entre au comité directeur du mouvement, puis en prend la direction et change son nom en « parti national-socialiste des travailleurs allemands » (Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei [NSDAP]). De ce groupuscule, qui, en 1919, comptait soixante membres, Hitler fait un véritable parti, dont le journal, Völkischer Beobachter, tire en 1922 à 20 000 exemplaires ; d’abord hebdomadaire, cet organe devient quotidien à partir de 1923. Dès lors, la vie de Hitler ne fait plus qu’un avec celle de son parti.

Dès 1921, Hitler crée un service d’ordre qui deviendra les sections d’assaut, les SA (Sturmabteilung), et associe à son parti des hommes qui prendront bientôt des responsabilités importantes : Hermann Göring, Rudolf Hess, Otto et Gregor Strasser, Alfred Rosenberg, Wilhelm Frick, Röhm et enfin Ludendorff*. Deux tendances apparaissent rapidement : l’une autour des frères Strasser est nettement socialiste, hostile au grand capital et veut transformer profondément l’économie allemande ; Alfred Rosenberg, au contraire, qui sera le penseur du parti, est le tenant de la lutte contre le bolchevisme.