Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

histologie (suite)

En microscopie électronique (où il n’y a pas de couleurs), il est nécessaire d’augmenter le contraste aux électrons. On y parvient au moment de la fixation si le fixateur employé contient les éléments susceptibles de se combiner aux constituants des ultrastructures. Sinon, c’est en plongeant les coupes, juste avant l’observation, dans des solutions de métaux lourds qu’on obtient ce résultat.

Après la coloration, le montage consiste enfin à étendre sur la coupe un milieu isoréfringent avec le verre de la lame porte-objet. On utilise habituellement le baume du Canada.


Techniques histochimiques et cytochimiques

Des méthodes spéciales sont utilisées pour déceler certaines substances particulières.

Considérons par exemple un procédé de détection des acides nucléiques. Des coupes obtenues comme ci-dessus sont immergées dans le mélange colorant de Pappenheim-Unna, associant le vert de méthyle, qui colore l’acide désoxyribonucléique (A. D. N.), et la pyronine, qui colore des acides ribonucléiques (A. R. N.) : la pyronine colore aussi d’autres substances que l’A. R. N. ; elle est donc sans valeur si elle est employée seule. Des préparations témoins sont nécessaires pour effectuer un test de contrôle (test de Brachet). Elles sont soumises à l’action d’une substance détruisant spécifiquement l’A. R. N., la ribonucléase, ou R. N.-ase. Après coloration des deux lots de préparations, la coloration par la pyronine doit avoir disparu du jeu de coupes traitées par la R. N.-ase.


Histo-autoradiographie

Cette méthode associe l’histochimie à l’emploi de radio-éléments qui, utilisés à dose infime et même si leur énergie de rayonnement est faible, peuvent être détectés et localisés avec une précision allant jusqu’à l’échelle des organites. La méthode repose sur l’impression d’une émulsion photographique mise au contact de la préparation microscopique. Les lieux d’émission sont matérialisés par les grains d’argent (réduction du bromure d’argent en argent métallique) formés au niveau des éléments radio-actifs. C’est ainsi qu’on peut localiser les synthèses d’A. D. N. si l’on fournit aux cellules un précurseur spécifique, la thymidine, marqué par remplacement de ses atomes d’hydrogène par du tritium3H. Cette méthode permet de suivre des atomes, mais non, en toute rigueur, des molécules.


Histo-enzymologie

Avec l’histo-enzymologie, l’histochimie atteint pleinement la signification fonctionnelle de la cellule (histophysiologie). Les techniques dont il s’agit, et qu’il est impossible de développer ici, permettent de déceler non pas une enzyme, mais les signes de l’activité enzymatique. D’emploi très délicat, chaque procédé doit être parfaitement bien compris, de façon qu’en puissent être appréciées les limites.


Histologie en microscopie électronique

Si le microscope électronique n’équipe encore que quelques laboratoires privilégiés, son pouvoir séparateur est tel qu’on peut obtenir par exemple des microphotographies des structures des fibres collagènes, des myofibrilles ou des neurofibrilles et de tous les organites des cellules, mitochondries, appareil de Golgi, etc. L’étude histologique des tissus au microscope électronique apporte des éléments essentiels dans la connaissance des affections rénales, hépatiques et dans la surveillance de leur évolution.

R. M. et M. R.

➙ Cellule / Enzyme / Microscope électronique / Radio-activité / Tissu.

 B. Romeis, Mikroskopische Technik (Munich, 1948). / M. Langeron, Précis de microscopie (Masson, 1949). / L. Lison, Histochimie et cytochimie animales (Gauthier-Villars, 1952 ; 2e éd., 1960). / J. F. Danielli (sous la dir. de), General Cytochemical Methods (New York, 1958-1961 ; 2 vol.). / G. Dubreuil et A. Baudrimont, Manuel théorique et pratique d’histologie (Vigot, 1959 ; nouv. éd. par G. Dubreuil et R. Canivenc, 1967, 2 vol.). / A. G. E. Pearse, Histochemistry. Theorical and Applied (Londres, 1961 ; 3e éd., 1969, 2 vol.). / M. S. Burstone, Enzyme Histochemistry and its Application in the Study of Neoplasms (New York-Londres, 1963). / T. S. et C. R. Leeson, Histology (Philadelphie, 1966 ; 2e éd., 1970 ; trad. fr. Histologie (Masson, 1971). / J. Verne, l’Histologie (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1966). / R. et M. Martoja-Pierson, Initiation aux techniques de l’histologie animale (Masson, 1967).

Hitchcock (Alfred)

Metteur en scène de cinéma britannique, naturalisé américain (Londres 1899).


Engagé en 1920 comme rédacteur d’intertitres par la succursale anglaise de la Famous Players Lasky, Alfred Hitchcock devient en 1922 assistant-réalisateur (de Jack Graham Cutts notamment). En 1925, le producteur Michael Balcon lui offre sa première chance de metteur en scène. The Pleasure Garden sera tourné en Allemagne dans les studios munichois et au Tyrol. Après quelques autres longs métrages, qui apparaissent avec le recul du temps comme des œuvres mineures (The Mountain Eagle, 1926 ; The Lodger, 1926 ; Downhill, 1927 ; Easy Virtue, 1927 ; The Ring, 1927 ; The Farmer’s Wife, 1928 ; Champagne, 1928 ; The Manxman, 1929), le talent du futur « maître du suspense » éclate dans Chantage (Blackmail, 1929), tourné en muet, puis postsynchronisé (ce sera le premier film parlant britannique). Le style de Hitchcock est, à cette époque, très influencé par l’expressionnisme. Mais l’élégance et le brio de la mise en scène tranchent nettement sur la médiocrité des productions courantes. Avant d’être appelé en 1939 aux États-Unis par David O. Selznick, Hitchcock signe dans son pays natal plusieurs œuvres de valeur, dont Juno and the Paycock (1930), Murder (1930), The Skin Game (1931), Rich and Strange (1932), l’Homme qui en savait trop (The Man who knew too much, 1934), les Trente-Neuf Marches (The Thirty-Nine Steps, 1935), Quatre de l’espionnage (The Secret Agent, 1936), Sabotage (1936), Young and Innocent (1937), Une femme disparaît (The Lady vanishes, 1938), la Taverne de la Jamaïque (Jamaica Inn, 1939). En Amérique, l’« horloger diabolique » est très vite maître d’un style qui fera l’admiration du public et des critiques par cet habile dosage de virtuosité technique et de justesse psychologique. Films d’espionnage, films-poursuites, mélodrames psychanalytiques, huis clos angoissants, « thrillers » vont se succéder sur les écrans du monde entier pendant plus de trente ans pour le plus grand régal des amateurs. Tour à tour on essaiera de faire de Hitchcock un amuseur désinvolte, un habile défricheur d’énigmes, un maître du mystère et du frisson. Certains exégètes en mal d’idoles iront jusqu’à faire de lui un philosophe, voire un métaphysicien. Hitchcock s’est défendu de cet excès d’honneur : « Inutile de me prêter des intentions profondes. Je ne suis nullement intéressé par le message ou la morale d’un film », mais en fut probablement secrètement flatté. Il est en effet indéniable que, parmi les cinéastes qui ont abordé le film noir, il est l’un des seuls qui soit parvenu à lui donner une « âme ». Sans perdre jamais de vue les règles de la réussite commerciale, il exploite un genre dont il n’est pas le moins du monde prisonnier : « Si je tournais Cendrillon, les gens ne seraient contents que si je mettais un cadavre dans le carrosse. Pour certains de mes films les spectateurs ne peuvent supporter l’angoisse. Cela m’amuse énormément. Je m’intéresse moins aux histoires qu’à la façon de les raconter. » Après Rebecca (1940) se succédèrent Correspondant 17 (Foreign Correspondent, 1940), Joies matrimoniales (Mr. and Mrs. Smith, 1941), Soupçons (Suspicion, 1942), Cinquième Colonne (Saboteur, 1942), l’Ombre d’un doute (Shadow of a Doubt, 1943), Lifeboat (1943), la Maison du Dr. Edwardes (Spellbound, 1945), les Enchaînés (Notorious, 1946), le Procès Paradine (The Paradine Case, 1947), la Corde (The Rope, 1949), les Amants du Capricorne (Under Capricorn), 1949, le Grand Alibi (Stage Fright, 1950), l’Inconnu du Nord-Express (Strangers on a Train, 1951), la Loi du silence (I Confess, 1952), Le crime était presque parfait (Dial M for Murder, 1953), Fenêtre sur cour (Rear Window, 1954), la Main au collet (To Catch a Thief, 1955), Mais qui a tué Harry ? (The Trouble with Harry, 1955), l’Homme qui en savait trop (1956, remake), le Faux Coupable (The Wrong Man, 1957), Sueurs froides (Vertigo, 1958), la Mort aux trousses (North by Northwest, 1959), Psychose (Psycho, 1960), les Oiseaux (The Birds, 1963), Pas de printemps pour Marnie (Marnie, 1964), le Rideau déchiré (Torn Curtain, 1966), l’Etau (Topaz, 1969), Frenzy (1971). Tous les films de Hitchcock tournent autour d’un secret. Tous les personnages incarnent un coupable possible. Le réalisateur joue avec un art consommé de la fausse évidence et de la culpabilité. Il construit son intrigue avec ruse et intelligence (et parfois un humour qui brise la tension du récit sans en amoindrir le suspense) autour de trois personnages types : le coupable, le faux coupable, l’enquêteur. Le spectateur est pris au piège de l’apparence. Ainsi, les œuvres de Hitchcock sont loin d’être seulement des énigmes policières. Le talent de l’auteur s’exprime moins par son habileté à résoudre un problème criminel que par les dimensions psychologiques ou psychanalytiques qu’il prête à ses personnages. « Hitchcock est le seul qui sache chaque fois 1o nous surprendre, 2o nous tendre un trousseau de clefs, 3o nous reprendre les clefs une à une pour nous laisser devant cette évidence : une porte toujours battante au seuil du même mystère » (André S. Labarthe).

J.-L. P.