Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

hibernation (suite)

Leur sommeil hibernal ne survient pas tout de suite. Les Marmottes vont rester éveillées pendant encore une à deux semaines. Puis elles s’enroulent en boule, la tête vers la queue, les plantes des pattes plaquées contre les joues. C’est une disposition qui a pour effet de réduire encore les pertes de calories. Pendant cette période, la Marmotte n’a pas mangé, son tube digestif est vide. Seule la vessie se remplit lentement.

Le sommeil n’est pas continu chez les Mammifères hibernants. Au début, il est entrecoupé de périodes de réveil, qui vont en s’espaçant. Vers le milieu du sommeil, les réveils apparaissent à peu près tous les 21 à 28 jours. La Marmotte en profite alors pour vider sa vessie. Vers la fin de l’hibernation, les réveils se rapprochent un peu plus.

Pendant tout l’hiver, le métabolisme de l’hibernant est considérablement diminué. L’animal vit à l’extrême ralenti. La consommation d’oxygène atteint le vingtième de la consommation normale de l’état de veille. Le nombre de mouvements respiratoires est alors de 2 à 3 par minute. Les battements cardiaques, de 90 à 130 normalement, tombent à 3 ou 4 par minute. En outre, le sang de l’hibernant, qui circule avec une lenteur extrême, risquerait la coagulation si un mécanisme spécial ne provoquait pas l’apparition d’héparine, produit anticoagulant du sang.

Si on manipule une Marmotte en plein sommeil hibernal, on a une très pénible sensation de froid. Sa température interne peut s’abaisser jusqu’à 4 °C sans dommage et suit alors les oscillations de température de l’intérieur de son terrier. Mais si une Marmotte se trouve avoir une température se rapprochant de 1 °C, il y a un mécanisme qui provoque instantanément le réveil de l’animal. Sa température monte brusquement et à un niveau élevé. C’est la circulation qui joue à cet instant un grand rôle en assurant le contrôle de la distribution de la chaleur dans l’organisme et lui permet de se réchauffer très rapidement.

Bientôt, dès le printemps, le réveil survient. Il ne semble pas que celui-ci soit provoqué par un épuisement des réserves de graisse corporelle. Chaque fois qu’une Marmotte s’éveille, on constate qu’elle est encore très grasse : heureusement pour elle, car elle va pouvoir vivre pendant quelque temps dans un milieu qui lui est hostile et qui n’a aucune ressource alimentaire, surtout en haute montagne.

Il semble que ce soit l’augmentation de certaines sécrétions hormonales (thyroïde et surrénales) qui jouerait un rôle dans la régulation du métabolisme de l’animal et qui favoriserait le réveil printanier.

Lorsqu’elle arrive au jour, la Marmotte a perdu de 400 à 500 g de son poids initial. Mais c’est peu après cette période que la Marmotte va perdre une très grosse partie de son poids.


Autres Mammifères hibernants

D’autres Rongeurs, Loirs, Lérots, Muscardins, sont de parfaits hibernants. C’est le Muscardin qui, dans nos pays, a le plus long sommeil : 6 à 7 mois, d’octobre à avril ou mai.

Le Loir est aussi très connu, il vit dans des trous d’arbre ou des terriers. Mais il accumule des provisions qu’il consomme de temps en temps, lorsqu’il sort de son profond sommeil. Un autre rongeur hibernant très connu est l’Hamster d’Europe centrale. Il a une réputation de prévoyance légendaire. On le chassait autrefois pour le manger ainsi que pour sa fourrure. Sa chasse consistait à faire des travaux de terrassement pour le trouver endormi dans son terrier. Quand on avait en plus la chance de trouver le magasin où il engrangeait ses provisions d’hiver, c’était une trentaine de kilogrammes de graines variées que l’heureux chasseur pouvait récupérer pour ses volailles !

Le sommeil de cet animal n’est pas continu, il dort pendant 5 ou 6 jours, puis mange ses provisions et se rendort.

Nous avons vu que les Mammifères hibernants ne dorment pas d’un sommeil continu comme le font les animaux à sang froid (Poissons, Batraciens, Reptiles). Leur sommeil est entrecoupé par de courts réveils périodiques de fréquence variable : 25 à 30 jours chez le Loir, 21 à 28 jours chez la Marmotte, un peu plus chez la Chauve-Souris.

Les Chauves-Souris* (ordre des Chiroptères) hibernent dans des lieux sombres et humides : grottes, cavernes, greniers, souterrains, carrières où les variations de température sont très faibles. Elles sont suspendues aux parois rocheuses par les griffes de leurs pattes postérieures, la tête en bas, le corps en extension, enveloppées dans leurs ailes repliées autour du corps pour limiter le plus possible les déperditions caloriques et la dessiccation. Pendant cette léthargie, leur température baisse et s’établit aux environs de 1 à 2 °C au-dessus de la température ambiante. Leur fréquence cardiaque diminue, ainsi que leur circulation sanguine, et la respiration, comme chez tous les hibernants d’ailleurs, se fait en « cheynestokes » (périodes d’apnée et de respiration avec phases d’amplitude croissantes et décroissantes). Il y a aussi un ralentissement général de toutes les fonctions organiques, la sensibilité est très fortement diminuée. Si la température ambiante atteint 0 °C, il y a une réaction de sauvegarde qui intervient, la Chauve-Souris se réveille, elle augmente alors son métabolisme ainsi que sa fréquence cardiaque pour maintenir la température du corps au-dessus de 0 °C. Mais certains chercheurs ont tout de même trouvé des Chauves-Souris en hibernation avec des températures négatives !

Si on la dérange pendant son sommeil, il faut une très forte excitation pour provoquer son réveil. Elle contracte alors ses cuisses, ouvre la gueule, crie, commence à se mouvoir, essaye de mordre. Pendant ce temps sa température monte brusquement. La Chauve-Souris peut vivre en léthargie pendant plusieurs jours, aux périodes de mauvais temps, quand elle ne peut pas sortir pour trouver sa nourriture, à cause du vent ou de la pluie. Il suffit que sa température interne tombe au-dessous de 34 °C pour que la léthargie soit amorcée.

Depuis peu, on a observé des cas d’hibernation chez des Oiseaux : chez le Martinet, l’Oiseau-Mouche, l’Engoulevent. Ce dernier hiberne pendant plusieurs mois en Californie.