Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Hermite (Charles) (suite)

Hermite, qui introduisait des variables continues en théorie des nombres, découvre en 1853, pour les besoins de cette théorie, les formes hermitiennes, qui se sont révélées après 1925 indispensables au développement de la mécanique quantique, et inaugure par ailleurs avec les Anglais Arthur Cayley (1821-1895) et James Joseph Sylvester (1814-1897) la théorie algébrique des invariants.

De 1848 à 1850, il enseigne au Collège de France, à titre provisoire. C’est au cours de cet enseignement qu’il définit in abstracto les fonctions elliptiques comme fonctions méromorphes à double période, en Utilisant pour leur étude l’intégrale de Cauchy. De 1862 à 1867 maître de conférences à l’École normale supérieure, il succède, en 1869, à Jean-Marie Constant Duhamel (1797-1872) comme professeur d’analyse à l’École polytechnique et d’algèbre supérieure à la Sorbonne. Dans cette dernière chaire, son enseignement a, pendant près de trente ans, un retentissement considérable tant en France qu’à l’étranger.

Ses travaux portent sur les parties les plus abstraites des mathématiques : théorie des nombres, en particulier étude des formes quadratiques, fonctions elliptiques, dont il montre les liens étroits avec l’arithmétique supérieure, fonctions modulaires, abéliennes, algébriques. Les fonctions modulaires sont le premier exemple des fonctions automorphes où devait s’illustrer Henri Poincaré*.

Celle de ses études qui frappa le plus le grand public mathématique est, en 1873, sa démonstration de la transcendance du nombre e, base des logarithmes népériens.

Membre de l’Académie des sciences (1856), il n’abandonne sa chaire de la Sorbonne qu’en 1897, et y est remplacé par son gendre, Émile Picard (1856-1941).

J. I.

hermitien (espace)

Espace vectoriel, sur le corps ℂ des complexes, dans lequel intervient la métrique hermitienne.



Produit scalaire hermitien

Le produit scalaire hermitien de deux vecteurs et d’un espace vectoriel En de dimension n sur le corps ℂ des complexes est le scalaire de ℂ, noté tel que :
1o  la barre indiquant le conjugué ;
2o 
avec λ et μ ∈ ℂ et et
3o  noté est un nombre positif pour tout
si et seulement si


Propriétés du produit scalaire hermitien

1o Il n’est pas commutatif, car, en général,

2o Si

d’après le deuxième axiome. D’autre part,

d’où
il en résulte que, si λ et μ ∈ ℂ,

3o Le deuxième axiome traduit la distributivité à gauche. De plus,

ce qui indique la distributivité à droite ; d’où la distributivité. On peut généraliser :

si λi et μk ∈ ℂ, et pour i = 1,2 ..., p ; et k = 1,2,..., q.


Expression analytique du produit hermitien

Les deux vecteurs et étant rapportés à la base rapportés à la base de l’espace En, en appliquant la distributivité généralisée, on obtient :

Le produit scalaire hermitien est donc exprimé en fonction des composantes des vecteurs et et des quantités Mais il ne faut pas en conclure que dépend de la base choisie ; est un scalaire intrinsèquement lié aux deux vecteurs et  ; est invariant dans tout changement de base.


Norme hermitienne d’un vecteur ; base orthonormée

On appelle norme de noté le nombre positif

Si est dit « norme » ou « unitaire ». Pour tout vecteur il existe un vecteur normé, colinéaire à et de même sens.

Deux vecteurs et de En sont orthogonaux si

Un ensemble de vecteurs est dit « orthonormé » s’il est formé de vecteurs normés deux à deux orthogonaux. Si un tel ensemble forme une base, c’est une base orthonormée.

Si la base est orthonormée et seulement dans ce cas, pour Il en résulte que

L’expression trouvée satisfait aux trois axiomes du produit scalaire hermitien.

Tout espace hermitien possède au moins une base orthonormée. On peut alors trouver d’autres bases orthonormées à l’aide de matrices de changement de base particulières. En effet, soit et deux vecteurs de En, de matrices

À une matrice de passage, les transformés de et de . La nouvelle base est orthonormée si et seulement si

ut désignant la transposée de u.

Mais u′ = Au, d’où u′t = ut At et
l’égalité
devient donc :
ou
d’où la condition nécessaire et suffisante

• Matrice unitaire. C’est une matrice carrée telle que Une matrice unitaire conserve la norme puisqu’elle conserve le produit scalaire, donc, en particulier, la carré scalaire,

Une matrice unitaire est régulière (son déterminant est différent de zéro) et par suite inversible ; l’inverse de la matrice A est At = A–1.

Si deux matrices A1 et A2 sont unitaires, il en est de même de la matrice A1 A2.

Si une matrice A est unitaire, la matrice A–1 = At l’est aussi ; comme I est unitaire, l’ensemble des matrices unitaires d’ordre n est un groupe multiplicatif.

• Matrice hermitienne. C’est une matrice égale à son adjointe. La matrice adjointe, notée A+, d’une matrice donnée A s’obtient en transposant A et en remplaçant chaque élément de At par son conjugué (les deux opérations commutent).

La matrice H est hermitienne si et seulement si
H = H+ = Ht.