Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

hermaphrodisme (suite)

Mais rapidement l’ovaire subit l’influence du greffon mâle, et sa structure se modifie ; si le greffon mâle est retiré lorsque l’hôte est âgé de huit mois, un testicule bien constitué remplacera l’ovaire, dont la présence était cependant normale. Dix mois seront nécessaires pour la réalisation de l’inversion sexuelle ; on aura fabriqué un faux mâle, c’est-à-dire un mâle physiologique à partir d’une femelle génétique.


Hermaphrodisme et gonochorisme

Hermaphrodisme ou gonochorisme, quel est, de ces deux états, le plus primitif ? La discussion est toujours ouverte.

Certains arguments permettent de considérer l’hermaphrodisme comme secondaire par rapport au gonochorisme. L’hermaphrodisme affecte les groupes zoologiques les plus évolués. Ainsi, parmi les Annélides, les Polychètes sont le plus souvent gonochoriques, alors que les Oligochètes et les Achètes sont hermaphrodites. Une comparaison entre Polychètes d’une part et Oligochètes et Achètes d’autre part montre que ces derniers présentent une morphologie plus spécialisée.

La même constatation s’applique aux Mollusques. Les Mollusques sont gonochoriques, mais, dans la classe des Gastropodes, les Streptoneures sont gonochoriques, tandis que les Euthyneures et surtout les Pulmonés, qui sont les plus évolués, sont hermaphrodites.

L’hermaphrodisme s’observe souvent chez les organismes menant une vie parasitaire (Trématodes, Cestodes), qui, par leur mode de vie, sont sédentaires et fixés. L’étude de plusieurs populations d’Anodontes (Mollusques bivalves d’eau douce) en Allemagne montre que la répartition des sexes varie avec les biotopes. Dans le port de Mannheim, les sexes sont séparés, et leurs fréquences respectives sont normales. Dans un étang isolé du fleuve depuis 27 ans, les sexes sont séparés, mais les femelles sont plus nombreuses que les mâles ; un autre étang séparé depuis 60 ans héberge des hermaphrodites et un petit nombre de femelles ; enfin, la population d’un troisième étang, dont l’isolement remonte à 300 ans, comprend exclusivement des hermaphrodites. Cette expérience naturelle montre que, rapidement, en cas d’isolement écologique notamment, le gonochorisme peut conduire à un hermaphrodisme non équilibré, puis à un hermaphrodisme équilibré et stable.


L’hermaphrodisme chez les végétaux

Les faits sont beaucoup plus compliqués que chez les animaux en raison de l’alternance des générations : le gamétophyte haploïde, qui donne les gamètes ; le sporophyte diploïde, qui produit les spores.

Chez la plupart des Mousses, les Fougères isosporées, les Lycopodiacées, le gamétophyte dérive d’une spore unique et porte à la fois les anthéridies et les archégones ; ces plantes sont homothalliques. Chez certains Champignons, quelques Muscinées, les Prêles, les gamétophytes dérivent de spores différentes ; les uns porteront des anthéridies, les autres, des archégones ; ces plantes sont hétérothalliques. Chez Mucor, homothallisme et hétérothallisme coexistent.

Chez les Angiospermes, la fleur complète comprend des étamines et un pistil ; il existe deux gamétophytes distincts, le grain de pollen et le sac embryonnaire ; il y a donc hétérothallisme. Mais étamines et pistils se trouvent le plus souvent sur le même pied ; la plante diploïde correspond au sporophyte ; cette plante est homophytique.

Mais quelques Angiospermes (Saules, Peupliers) présentent deux sortes de pieds, les uns donnant les fleurs à étamines (fleurs mâles), les autres portant les fleurs à pistil (fleurs femelles) ; il existe donc deux sporophytes diploïdes, et la plante est dite hétérophytique. Il peut également y avoir coexistence d’homophytisme et d’hétérophytisme. Le genre Lychnis (Caryophyllacées) comprend des espèces monoïques et dioïques. L’espèce Cannabis sativa (le Chanvre) renferme des variétés monoïques et dioïques. Chez les plantes polygames, le même pied porte des fleurs uni- et bisexuées.

Chez les végétaux, les termes « hermaphrodisme » et « gonochorisme » sont remplacés par « homophytisme » (= monooécie) et « hétérophytisme » (= dioécie). Alors que, chez les animaux, le gonochorisme prédomine largement, la situation est inverse chez les plantes ; la plupart d’entre elles sont homothalliques ou homophytiques, ce qui correspond à l’hermaphrodisme animal.

A. T.

 M. Caullery, Organisme et sexualité (Doin, 1942 ; 2e éd., 1951). / E. Wolff, les Changements de sexe (Gallimard, 1946). / M. Aron, « la Reproduction sexuée » dans Biologie, sous la dir. de J. Rostand et A. Tétry (Gallimard, « Encyclopédie de la Pléiade », 1965). / P. Brien, Biologie de la reproduction animale (Masson, 1966). / P. P. Grassé et coll., Précis de biologie générale (Masson, 1966). / C. Houillon, Introduction à la biologie, t. IV : Sexualité (Hermann, 1967). P. Champagnat, P. Ozenda et L. Baillaud, Précis de biologie végétale, t. III : Croissance, morphogenèse, reproduction (Masson, 1969).

Hermite (Charles)

Mathématicien français (Dieuze 1822 - Paris 1901).


Fils de commerçants, il effectue ses études au collège de Nancy, puis, en seconde et en rhétorique, à Paris, au collège Henri-IV, « une geôle ». Il prépare le concours d’entrée à l’École polytechnique au collège Louis-le-Grand, dans la classe de mathématiques spéciales de Louis Richard (1795-1849), qui avait eu comme élève, dans la même classe, Évariste Galois*. Reçu en 1842, il est réformé au bout d’un an pour claudication congénitale. Pendant son court séjour à l’École, sur les conseils de Joseph Liouville (1809-1882), il écrit à Carl Jacobi*, alors le grand spécialiste des fonctions elliptiques. Dans cette première lettre, Hermite étend aux fonctions abéliennes les théorèmes sur la division de l’argument des fonctions elliptiques que Niels Abel* et Jacobi avaient établis.

Son départ de l’École polytechnique le met cependant dans une situation difficile. Il n’en poursuit pas moins ses recherches théoriques. Dans une seconde lettre à Jacobi (1844), il rattache toute la théorie des fonctions elliptiques à une seule transcendante, due d’ailleurs à son éminent correspondant. Trois ans plus tard, leur correspondance porte sur les formes quadratiques de la théorie des nombres. Il se lie d’amitié avec Joseph Bertrand (1822-1900), le futur secrétaire perpétuel de l’Académie, alors agrégé à la faculté des sciences, et dont il devait épouser la sœur en 1848. Dans la nécessité de gagner sa vie et dans l’espoir d’entrer à l’université, il prend ses grades : baccalauréats es lettres et es sciences en 1847, licence es sciences en 1848. Mais, en juillet de cette même année, l’École polytechnique l’appelle comme examinateur d’admission, à la suite du décès prématuré de Pierre Laurent Wantzel (1814-1848) et, en décembre, il devient répétiteur d’analyse.