Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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hermaphrodisme (suite)

À côté des hermaphrodites équilibrés existent des hermaphrodites non équilibrés, chez lesquels la durée des phases mâle et femelle varie grandement. C’est le cas de la Patella cœrulea. Dans cette espèce, 8 p. 100 des individus possèdent un sexe déterminé d’emblée ; ce sont de petits mâles et de grosses femelles ; seul le sexe de ces mâles et de ces femelles « primaires » est déterminé génétiquement quels que soient les facteurs intervenant dans la croissance.

L’Étoile de mer Asterina gibbosa est un hermaphrodite équilibré à Plymouth et non équilibré à Naples.

Chez le Polychète Ophryotrocha puerilis, l’individu jeune ayant moins de 15 segments est toujours mâle. Lors de la croissance, lorsque le nombre de segments passe de 15 à 20, l’individu devient femelle. Si, par amputations successives, un individu conserve moins de 15 segments, il reste mâle. De jeunes mâles maintenus dans un état de famine restent indéfiniment mâles. Des femelles de plus de 20 segments soumises à la famine s’amaigrissent et deviennent mâles. L’état mâle peut être recouvré par section d’une femelle de 28-34 segments : le fragment antérieur de 2-10 segments redevient mâle. Si des couples de deux mâles sont isolés et maintenus dans ce sexe, par des amputations ou par la famine, aucun ne se féminise tant que durent les conditions expérimentales. Dans des cultures de couples de deux femelles, on observe assez souvent qu’une femelle mord l’autre femelle et ainsi provoque l’état mâle du fragment antérieur. Ou bien une femelle absorbe toute la nourriture, affame l’autre femelle et ainsi la masculinise. Cette Annélide Polychète témoigne d’un hermaphrodisme potentiel permanent ; le déterminisme du sexe paraît bien être épigénétique.


Hermaphrodisme embryonnaire ou juvénile

Au début du développement, tout Vertébré est potentiellement hermaphrodite. Au stade indifférencié, la glande génitale comprend un épithélium, un cortex périphérique à potentialités femelles et une medulla centrale à potentialités mâles. Le jeune embryon possède des ébauches des gonades et des voies génitales des deux sexes. L’orientation vers un sexe se fera ultérieurement.

Beaucoup d’espèces animales, dont les adultes sont unisexués, manifestent au cours de la différenciation sexuelle une tendance à l’hermaphrodisme. Les jeunes myxines (Agnathes, Cyclostomes) mesurant moins de 25 cm possèdent des gonades mâles et femelles bien distinctes ; l’ovaire occupe la région antérieure, alors que le testicule s’étend dans la région postérieure. À maturité sexuelle, les animaux deviennent unisexués ; une gonade s’accroît alors que l’autre régresse ; chez la femelle, l’ovaire se développe et il subsiste à sa base une portion de testicule rudimentaire.

Poissons. Chez les Anguilles, les faits sont un peu plus compliqués. Les civelles (6 à 9 cm) et les anguillettes (9 à 14 cm) sont bipotentielles ; ensuite, les petites Anguilles (14 à 18 cm) deviennent femelles ; la région corticale de la gonade se développe et renferme des ovogonies. Après 5 à 8 ans, l’Anguille, qui mesure de 18 à 30 cm, redevient hermaphrodite ; la zone corticale de la gonade renferme des ovogonies, et sa zone médullaire des spermatogonies. À maturité sexuelle, au moment de la migration vers la mer, les gonades évoluent alors en gonades mâles ou femelles selon que la zone médullaire ou la zone corticale se développera exclusivement.

Amphibiens. Les Crapauds possèdent une gonade vestigiale à potentialité femelle, l’organe de Bidder, qui coiffe les testicules et les ovaires. Le Crapaud mâle, qui possède des testicules et des organes de Bidder, est un hermaphrodite potentiel. La crête génitale qui donnera naissance à l’organe de Bidder comprend peu ou pas de médulla ; ayant beaucoup plus de cortex, ou en ayant uniquement, elle produit un organe à potentialité femelle ; en arrière de cette crête s’édifie la gonade normale, ovaire ou testicule, qui inhibe le développement de l’organe de Bidder. Si on castre des Crapauds mâles ou femelles, l’organe de Bidder évolue, dans les deux sexes, en un ovaire fonctionnel ; chez le mâle, les voies génitales se différencient comme chez la femelle, et le mâle pondra des œufs ; trois années sont nécessaires pour obtenir cette ponte. Les mâles sont donc transformés en femelles fonctionnelles. De même, chez les femelles castrées, les organes de Bidder deviennent des ovaires fonctionnels.

Oiseaux. La plupart des Oiseaux femelles possèdent un ovaire et un oviducte gauches ; à droite, il existe une gonade vestigiale à potentialité mâle ; ces femelles sont des hermaphrodites potentiels.

Arthropodes. Des faits analogues s’observent chez divers Arthropodes. Chez le Lampyre, les ébauches gonadiques sont semblables jusqu’à la troisième mue, et la nature du sexe n’est établie qu’au début de l’intermue prénymphale.

Un phénomène analogue est fréquent chez les Crustacés malacostracés. Les cellules germinales sont indifférenciées jusqu’à la cinquième mue chez Orchestia gammarella. La gonade des jeunes « Puces » de mer (Talitrus saltator) est mâle dans sa région proximale et femelle dans sa région distale ; au cours des mues successives, elle se transforme totalement en ovaire chez la femelle, tandis que, chez le mâle, une portion ovarienne non fonctionnelle persiste.

Chez les Crustacés Décapodes, les Gébies mâles possèdent des testicules dont la partie postérieure présente une structure d’ovaire qui ne mûrit pas. Cette bivalence sexuelle du début de l’organogenèse paraît être un phénomène largement répandu.


L’hermaphrodisme accidentel

Dans un groupe où le gonochorisme est la règle, des individus peuvent être hermaphrodites. Cet hermaphrodisme spontané, considéré comme une anomalie sexuelle, présente des formes variées, correspondant à divers degrés d’intersexualité.

En voici quelques exemples ; les gonades elles-mêmes peuvent être hermaphrodites ; des Porcs, des Vaches, des Chèvres possèdent des gonades mixtes ayant une structure ovarienne et une structure testiculaire (ovotestis). Les gonades sont unisexuées, mais les tractus génitaux sont mixtes ; on a décrit un jeune cabri chez lequel les testicules sont normaux ainsi que le tractus génital, à l’exception des glandes de Cooper, qui font défaut ; mais en outre, il possède un utérus à deux cornes, un vagin clos qui se termine en cul-de-sac au voisinage de l’urètre.

Dans l’espèce humaine, les cas d’intersexualité sont exceptionnels et relèvent de la tératologie.