Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Hepworth (Barbara)

Sculpteur anglais (Wakefield 1903).


Elle s’inscrit à seize ans à la School of Art de Leeds. Elle y rencontre Henry Moore*, de cinq ans son aîné, et entre avec lui au Royal College of Art, à Londres. En 1924, une bourse lui permet de séjourner en Italie, où l’attirent surtout l’art roman et l’art étrusque, les fresques de Cimabue, de Giotto et de Masaccio. Barbara Hepworth porte un grand intérêt à Tari des Cyclades, à l’art grec archaïque, à l’art égyptien, mais les influences déterminantes seront celles de Brâncuşi* et de Arp*, à qui elle rend visite à Paris au cours d’un voyage en 1932. Elle a, entre-temps, épousé en secondes noces le peintre Ben Nicholson* et partage avec lui le même atelier pendant trois ans et demi. Elle rencontre Gabo (v. Pevsner [les frères]) à Paris, puis en Angleterre et voit beaucoup aussi Moholy-Nagy* et Mondrian*, qui a en 1938-39 un atelier voisin du sien à Hampstead. En 1939, elle s’installe définitivement à Saint Ives, en Cornouailles. Après une période très difficile, son œuvre devient mondialement connu : exposition à Leeds en 1943 ; Biennale de Venise en 1950 ; exposition à la Whitechapel Gallery en 1954 ; grand prix de la Biennale de Sao Paulo en 1959 ; rétrospectives du musée Kröller-Müller, aux Pays-Bas, en 1965 et de la Tate Gallery en 1968. Barbara Hepworth reçoit d’importantes commandes, comme Meridian pour la State House, à Londres, en 1958, Winged Figure d’Oxford Street en 1962 et Single Form pour le siège des Nations unies, à New York.

Dès 1921, elle pratique la taille directe. Elle se perfectionne, au cours de son séjour en Italie, dans cette technique, qu’avaient pratiquée en Angleterre Henri Gaudier-Brzeska et Jacob Epstein. L’absence de maquette lui permet d’obéir à toutes les suggestions du matériau, d’en utiliser au mieux les possibilités, qu’il s’agisse de la pierre — albâtres et marbres, onyx, serpentine, stéatite, granit, grès, ardoise — ou du bois, dont elle a utilisé d’innombrables essences. Le métal fondu ne l’attire d’abord qu’épisodiquement, car elle n’a pas un tempérament de modeleur, mais il lui permet, à partir de 1957, de donner — que ce soit en cuivre, en laiton, en bronze, voire en aluminium — une dimension monumentale à ses œuvres.

La forme humaine, parfois aux limites de l’identifiable, domine l’œuvre jusqu’en 1934. Elle refait une brève apparition, d’une manière très stylisée, dans les années 1945-1949 et reste sous-jacente, à partir de 1953, dans des transpositions abstraites du thème de la Figure debout. Mais Barbara Hepworth est aussi attirée par une définition géométrique des volumes, proches, comme chez Brâncuşi, de certaines formes organiques : œufs, galets, oiseaux, nids, cocons. Cette tendance aboutit souvent à une scission de l’œuvre en masses distinctes — deux ou trois, parfois plus —, qui jouent en contrepoint. Il y a enfin chez Barbara Hepworth une attirance pour la géométrie stricte des constructivistes : elle a fait partie, en effet, des groupes Cercle et Carré de Paris et Unit One et Circle de Londres, et dans son œuvre sont discernables des influences de Mondrian, de Ben Nicholson et surtout de Gabo. De ce dernier, elle reprend l’utilisation des fils tendus, dont le réseau introduit un élément dynamique en opposition avec le caractère compact et statique du bloc sculpté. Mais à ces tendances s’opposent un goût sensuel du matériau et de son épiderme, et surtout l’usage de perforations : depuis le premier essai de 1931, pierre, bois, bronze comportent souvent des ouvertures circulaires ou ovales, évidées obliquement, ce qui met en valeur les courbures sensibles des surfaces. À partir de 1937, la pratique de la polychromie accentue ces effets : la zone colorée coïncide avec la concavité de ces ouvertures, qui jouent en opposition avec les parties convexes, laissées dans leur couleur d’origine.

M. E.

 J. P. Hodin, Barbara Hepworth (Éd. du Griffon, Neuchâtel, 1961). / M. Shepherd, Barbara Hepworth (Londres, 1963). / A. Bowness, The Complete Sculpture of Barbara Hepworth, 1960-1969 (Londres, 1971).

Héraclides ou dynastie d’Héraclius

Empereurs de Constantinople (610-711).


Quand Héraclius Ier (v. 575-641, empereur de 610 à 641) succède au tyran Phokas (602 à 610), la situation de l’Empire est désastreuse : l’économie et les finances sont ruinées, le territoire dépecé, l’armée décomposée. Les Avars dévastent impunément la péninsule balkanique, cependant que leurs sujets slaves prennent en masse possession du plat pays et s’infiltrent jusque dans le Péloponnèse. Les populations autochtones cherchent refuge dans les forteresses du littoral, les régions montagneuses et les îles de l’Archipel. Durant la première décennie du règne d’Héraclius, les territoires d’Espagne sont grignotés ; des exarques d’Italie font défection ; les Perses envahissent l’Arménie, la Syrie et une bonne partie de l’Asie Mineure ; après un siège de trois mois, Jérusalem succombe en 614, et la vénérable relique de lia Croix prend le chemin de Ctésiphon. Comme en 609, un détachement perse vient camper en 615 sur le rivage du Bosphore. L’Égypte, grenier à blé de Constantinople, est conquise en 619, ce qui provoque dans la capitale une famine et une dévaluation monétaire. La situation est si désespérée que l’empereur envisage de transporter sa résidence à Carthage : il en est empêché par l’énergique patriarche Serge (610-638), qui met à sa disposition les richesses énormes de l’Église.


La restauration de l’Empire

L’existence même de l’Empire était en jeu : Héraclius résolut de le régénérer en profondeur. Les territoires byzantins d’Asie Mineure qui avaient échappé à la conquête sassanide furent divisés en grandes circonscriptions militaires, appelés thèmes, placés sous l’autorité de « stratèges », qui avaient le pas sur l’autorité civile. On y créa des biens militaires, dont le propriétaire contractait l’engagement d’un service militaire héréditaire. Cette réforme, outre qu’elle freinait l’extension de la grande propriété foncière en élargissant la couche des paysans libres, eut pour effet de favoriser la création d’une armée nationale, dont le besoin était d’autant plus impérieux que le recrutement des mercenaires grevait lourdement le Trésor, sans pour autant assurer la défense efficace de l’Empire.