Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Hawaii (suite)

La population est très inégalement répartie dans tout l’archipel. Une île, Oahu, accapare 82,2 p. 100 du total du fait de la présence de la capitale, Honolulu*, ce qui lui confère une densité de 402 habitants au kilomètre carré, alors que les autres îles restent peu peuplées : 61 601 habitants à Hawaii (6 hab. au km2), 45 097 pour l’ensemble Maui - Molokai - Lanai (15 hab. au km2), 28 792 pour Kauai et Niihau (17 hab. au km2).

Ce déséquilibre s’est fortement accentué depuis le début du siècle puisque, en 1900 encore, Oahu ne représentait que 38 p. 100 de la population totale de l’archipel.


L’économie

Cette concentration de la population dans l’île d’Oahu est le reflet des profondes transformations de l’économie hawaiienne et de son expansion spectaculaire. Les grandes plantations de canne à sucre et d’ananas restent encore importantes, mais leur place relative dans l’économie de l’archipel n’est plus dominante. Les surfaces consacrées aux productions végétales sont faibles : 131 500 ha, 8 p. 100 de la superficie de l’archipel, alors que de vastes secteurs (32 p. 100 des îles) sont voués à l’élevage, souvent bien extensif, il est vrai.

La canne à sucre est de loin la plus importante ressource agricole. Au total, 24 plantations dans les îles d’Hawaii, de Maui, d’Oahu et de Kauai disposent d’environ 98 000 ha en production entièrement irrigués, sauf sur la côte nord-ouest de l’île d’Hawaii. La récolte a atteint, en 1969, 11,3 Mt de canne, fournissant 1,2 Mt de sucre brut valant 105 millions de dollars. La culture de la canne est aux Hawaii la plus moderne du monde, obtenant des rendements énormes (26,8 t/ha de sucre brut pour un cycle végétatif de deux ans contre 7 t/ha à Porto Rico pour une récolte annuelle). Il faut 10 heures de travail aux Hawaii pour obtenir une tonne de sucre brut contre plus de 18 heures dans les zones betteravières et en Floride, et 85 heures à Porto Rico. La mécanisation est poussée à l’extrême, et l’industrie sucrière n’emploie plus aujourd’hui que 10 830 ouvriers, 5 fois moins qu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Ceux-ci jouissent des salaires les plus élevés du monde (par journée de 8 heures, l’ouvrier agricole touche en effet 23,86 dollars, plus 8,4 dollars d’avantages sociaux, soit plus de 177 F au total). La culture de la canne à sucre tend peu à peu à se concentrer dans les îles autres qu’Oahu, envahie par les lotissements et les complexes touristiques. Le sucre brut produit aux Hawaii est transporté en grande partie dans la plus grosse raffinerie du monde, installée à Crockett, dans la baie de San Francisco, et propriété commune des firmes sucrières hawaiiennes.

La culture de l’ananas a longtemps été le quasi-monopole de l’archipel. Elle occupe encore près de 26 000 ha, répartis dans les grandes plantations des îles de Lanai, Molokai, Maui et Oahu. Les fruits obtenus sont essentiellement mis en conserve, et pour la plus grande partie à Honolulu (valeur totale des conserves : 125 millions de dollars).

Les autres cultures ne jouent qu’un rôle très secondaire, aussi bien le café de Kona (île d’Hawaii) que les fleurs et les fruits tropicaux. La culture des papayes et celle des noix de macadamia a connu cependant ces dernières années un essor remarquable. Quant à l’élevage bovin, presque entièrement orienté vers le marché local, il est réparti dans des étables spécialisées à Oahu pour la production laitière et dans de vastes ranches à Molokai, Maui et surtout Hawaii pour les bêtes à viande.

En dehors des produits agricoles, l’industrie n’a guère de base pour se développer, ni de marché accessible, sauf le marché local. Aussi les implantations se sont-elles limitées à une raffinerie de pétrole (une autre en construction), des usines de ciment et de matériaux de construction, des usines de boissons et de produits alimentaires, plus quelques ateliers textiles et des manufactures de souvenirs pour touristes.

Le tourisme est devenu depuis la Seconde Guerre mondiale l’une des ressources fondamentales de l’archipel. Son essor correspond à l’amélioration des transports aériens, qui ont supplanté les paquebots, encore utilisés pour des croisières. L’aéroport d’Honolulu et celui, récent, d’Hilo (île d’Hawaii) ont accueilli, en 1970, 1 595 000 visiteurs, presque tous américains, qui, restant en moyenne 11 à 12 jours, ont dépensé... 594 millions de dollars ! Waikiki demeure le cœur de l’activité touristique avec près des deux tiers des 27 519 chambres existant dans l’archipel en juin 1970 ; 4 532 nouvelles chambres devaient s’ajouter à ce total dans les derniers mois de 1970...

Enfin, la remarquable prospérité hawaiienne (revenu par tête d’habitant : 4 502 dollars par an en 1970, soit plus que la moyenne des États-Unis, environ 4 000 dollars) doit beaucoup aux énormes dépenses réalisées par le gouvernement fédéral pour ses bases militaires (660 millions de dollars en 1969) et pour ses organismes civils (325 millions de dollars). Les gouvernements, fédéral et local, emploient d’ailleurs, en plus des militaires, 71 000 personnes ! C’est dire combien les Hawaii participent aujourd’hui à la civilisation américaine avec la prépondérance écrasante du secteur tertiaire et des activités urbaines.

Par ses liaisons aériennes et ses liens économiques et culturels avec les pays bordiers, Hawaii affirme de plus en plus sa vocation de point de contact au cœur du monde du Pacifique. Cet élargissement des horizons caractérise aussi les grosses sociétés locales comme Dillingham, Castle and Cooke, AMFAC, A. and B., qui développent rapidement leurs investissements en dehors de l’archipel, sur le continent américain, aux Philippines, en Australie...

C. H. de L.

➙ Honolulu / Océanie.

 W. Lafeber, The New Empire. An Interpretation of American Expansion, 1860-1898 (Ithaca, N. Y., 1963). / R. A. Smith, The Frontier States. Alaska, Hawaii (New York, 1968).