Hauptmann (Gerhart) (suite)
Il va chercher ses inspirations hors d’Allemagne : d’abord en Grèce, d’où il était revenu en 1914 avec l’Arc d’Ulysse (Der Bogen des Odysseus) ; puis au Mexique de la conquête espagnole avec le Sauveur blanc (Der weisse Heliand), drame qui retrace la passion du roi Montezuma (1920). Il revient à l’histoire allemande : Till Eulenspiegel (1928), Hamlet in Wittenberg (1935), Ulrich von Lichtenstein (1939). La première œuvre est une épopée en vers, la seconde un drame sur Luther, la troisième une comédie. Plusieurs drames bourgeois paraissent aussi dans les années 30, tel, en 1932, Vor Sonnenuntergang (Avant le coucher du soleil) : ce litre fait pendant à celui de la première pièce ; c’est le drame d’un chef d’entreprise vieillissant, comblé et tourmenté à la fois par sa passion pour une jeune femme. Les initiés voulaient y voir une évocation du second mariage de l’auteur.
Durant la Seconde Guerre mondiale, Hauptmann s’enferma de plus en plus dans son manoir de Silésie, et sa dernière série de drames, la Trilogie des Atrides, publiée à partir de 1941, renoue avec les origines du théâtre tragique d’Occident ; les flots de sang et les horreurs guerrières contemporaines y transparaissent aussi à travers les symboles. La Seconde Guerre mondiale, la tyrannie hitlérienne qui va bientôt s’écrouler en sont la toile de fond.
Jusqu’à la fin, la destinée de Gerhart Hauptmann a été comme un reflet de celle de son peuple : après les années d’hésitation durant la république de Weimar, les premières années de l’hitlérisme avaient marqué comme un renouveau de vitalité, vite noyé dans le sang et les désastres. Hauptmann était près de mourir quand les soldats polonais et russes prirent possession de son domaine de Silésie. On lui montra de la considération, et un train spécial emmena sa dépouille mortelle de la Silésie, devenue polonaise, vers l’île de Hiddensee, dans la mer Baltique, en juin 1946.
P. G.
F. W. J. Heuser, Gerhart Hauptmann (Tübingen, 1961). / R. Michaelis, Der schwarze Zeus, Gerhart Hauptmanns zweiter Weg (Berlin, 1962). / K. G. Knight et F. Norman (sous la dir. de), Hauptmann, Centenary Lectures (Londres, 1964). / K. L. Tank, Gerhart Hauptmann (Hambourg, 1968).