Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Hartung (Hans) (suite)

D’une période à l’autre, désormais, Hartung joue davantage de l’une ou l’autre de ses ressources (statisme en 1952, souplesse en 1955, virtuosité en 1958), à moins que ce ne soit d’effets techniques différents (grattages sur des « nuages » de peinture fraîche vaporisée à partir de 1961, taches en 1966, taches et droites brèves en 1967...). Grand prix de peinture à la Biennale de Venise en 1960, Hartung tient toujours entre ses mains, en 1973, le gouvernement des éclairs.

J. P.

 R. V. Gindertaël, Hans Hartung (Tisné, 1960). / D. Aubier, Hartung (Fall, 1961). / H. Hartung, Werkverzeichnis der Graphic, 1921-1965 (Braunschweig, 1965). / U. Apollonio, Hans Hartung (Milan, 1966 ; trad. fr., O. D. E. G. E., 1967).

Hārūn al-Rachīd

Calife ‘abbāsside (766-809).


Hārūn al-Rachīd prend le pouvoir en 786 à l’âge de vingt ans. Le règne de ce cinquième calife ‘abbāsside, personnage légendaire des Mille et Une Nuits, incarne aux yeux des Occidentaux l’âge d’or de l’islām. C’est pourtant sous ce règne que commence la dislocation de l’Empire islamique. En effet, sans manquer d’intelligence, l’homme est très vite dépassé par les diverses contradictions qui minent alors le monde musulman.

Il subit la forte influence de sa mère, al-Khayzurān, et de son secrétaire, Yaḥya ben Khālid al-Barāmika (ou al-Barmak). Son père, le calife Al-Mahdī, lui confie certes en 779-80 et 781-82 le commandement de deux expéditions contre les Byzantins avec le concours de vieux généraux, mais Hārūn al-Rachīd est alors trop jeune pour être considéré comme l’artisan des succès remportés au cours de ces opérations. Al-Mahdī le nomme cependant, après ces victoires, gouverneur d’Ifrīkiya, d’Égypte, de Syrie, d’Arménie et d’Azerbaïdjan. Mais l’administration de toutes ces provinces est en réalité dirigée par Yaḥya al-Barāmika.

En 782, sous l’instigation de sa mère, dont il est le favori, Hārūn est placé en second rang dans la succession au trône. Al-Khayzurān parvient même avec le concours de Yaḥya à convaincre al-Mahdī d’écarter al-Hādī au profit de Hārūn. Al-Mahdī meurt en 785, avant de prendre cette décision. Et Hādī, qui succède à son père, ne manque pas de maltraiter et d’humilier son frère Hārūn, qui, poussé par sa mère et par Yaḥya, ne renonce pas à ses prétentions au califat.

La mort d’al-Hādī (786) laisse la voie libre à Hārūn al-Rachīd. Très reconnaissant et manquant d’expérience, le jeune calife laisse la réalité du pouvoir à Yaḥya al-Barāmika, qui constitue, pendant dix-sept ans, avec ses deux fils al-Faḍl et Dja‘far, une véritable dynastie barmakide. Mais, en 803, al-Rachīd se retourne contre cette famille persane. Le calife prend alors la situation en main, s’appuyant sur ses mawālī (musulmans non arabes) et ses eunuques.

Le règne de Hārūn al-Rachīd est marqué par des troubles politiques et sociaux qui touchent tant la partie occidentale que la partie orientale de l’Empire. Manquant d’unité géographique, celui-ci est alors miné par les contradictions ethniques, religieuses, politiques et sociales. Après avoir perdu l’Espagne en 755, les ‘Abbāssides renoncent au Maroc, tombé en 789 sous le coup des Idrīsides, famille d’origine alide. L’Ifrīqiya est à son tour confiée à Ibrāhīm ben al-Arhlab, qui, après avoir rétabli l’ordre dans cette province, y constitue en 800 une dynastie pratiquement indépendante. Les troubles n’épargnent pas non plus les provinces orientales. L’Égypte, écrasée par les impôts et très mal administrée, se révolte en 788 et en 794-95 ; le pouvoir central doit intervenir énergiquement pour sauver la situation. En Syrie, restée fidèle aux Omeyyades, la situation s’est tellement aggravée qu’al-Rachīd envoie en 796 Dja‘far al-Barāmika rétablir l’ordre dans cette province. Au Yémen, la population se révolte en 795 contre les exactions du gouverneur ‘abbāsside. Cette révolte n’est apaisée qu’en 804, neuf ans après son déclenchement.

En plus de ces troubles politiques, al-Rachīd doit affronter l’agitation sociale. Le développement économique accuse les oppositions entre les diverses classes de la société ‘abbāsside. De là la naissance de mouvements qui, sous des formes religieuses — chī‘ites ou khāridjites — cachent des rivalités économiques et sociales. Sous al-Rachīd, ces mouvements se manifestent surtout en Perse, terre d’élection des révoltes sociales. En 792, les chī‘ites fomentent une révolte au Daylam. Après avoir apaisé cette révolte en 793 grâce à l’intervention d’al-Faḍl al-Barāmika, al-Rachīd se heurte à l’opposition des khāridjites, qui déclenchent plusieurs soulèvements, dont les plus importants en 794 et en 795. Pour combattre ces mouvements, il se place sur le terrain religieux, dénonçant au nom de sunnisme (l’islām orthodoxe) les « hérésies » chī‘ites et khāridjites. Cette attitude lui assure l’adhésion de l’opinion publique musulmane. C’est pour se réconcilier cette opinion publique qu’il se montre sévère vis-à-vis des zindīqs (libres penseurs) et même des dḥimmīs (sujets non musulmans de l’Empire), qu’il oblige à porter à Bagdad des vêtements spéciaux.

Son prestige grandit encore plus aux yeux des musulmans grâce aux guerres répétées qu’il mène contre Byzance. Al-Rachīd pense continuer ainsi les traditions de djihād (guerre sainte) et gagner la faveur des musulmans, qui considèrent la lutte contre les « infidèles » comme un des devoirs les plus importants du calife. C’est ainsi qu’il organise périodiquement des attaques contre les frontières byzantines et participe personnellement à certaines d’entre elles. Il remporte plusieurs victoires, notamment en 797 et en 806, qui aboutissent à des traités de paix conclus respectivement avec l’impératrice Irène et l’empereur Nicéphore, auquel il impose des conditions particulièrement humiliantes, l’obligeant à payer une capitation sur sa personne et celle de son fils. Cependant, l’Empire musulman ne gagne pas de territoires au détriment de Byzance. Les difficultés d’approvisionnement et surtout les troubles intérieurs ne permettent pas à al-Rachīd de mener les guerres à leur terme. Au demeurant, le calife ne semble pas particulièrement désirer l’agrandissement d’un empire dont le gouvernement pose d’innombrables problèmes. C’est pour faire face à l’un d’entre eux qu’il marche en 808, malgré sa mauvaise santé, contre les rebelles du Khurāsān à la tête d’une importante armée irakienne. Mais son état de santé empirant, il s’arrête à Ṭūs (nov. 808). Le 24 mars 809, il meurt à l’âge de quarante-trois ans.