Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Hanovre (royaume de) (suite)

Considéré par la Confédération germanique uniquement comme royaume de Hanovre, et non comme une partie continentale de la Grande-Bretagne, le Hanovre connaît tout d’abord une histoire intérieure relativement paisible, marquée par la convocation, en 1814, d’états généraux et par la constitution, en 1819, d’une représentation formée de deux chambres. Des troubles en 1830 sont suivis par la libération des paysans (1831-1833) et par l’introduction en 1833, d’une Constitution libérale.

Cette évolution, somme toute fort calme, est interrompue en 1837, quand, par suite de différences notables des lois de succession, Victoria, devenue reine d’Angleterre, ne peut, en tant que femme, être aussi reine de Hanovre ; c’est son oncle Ernest Auguste qui monte sur le trône. Il abolit la Constitution de 1833, ce qui provoque la protestation de sept professeurs de Göttingen (die Göttinger Sieben), finalement démis de leurs fonctions. La Constitution de 1840 est un compromis, et, à la différence du duché de Brunswick, les événements de 1848 ont en Hanovre un très léger écho (la Constitution de 1848 établit la Chambre haute sur le principe non de la noblesse, mais de la propriété terrienne).

Sous le règne du roi aveugle George V (1851-1866, mort en 1878), les conflits empirent, peut-être avec la complicité de la Prusse, dont les libéraux J. von Miquel (1828-1901) et R. von Bennigsen (1824-1902) sont les partisans. Après une longue période de neutralité, le Hanovre prend dans le conflit austro-prussien le parti de Vienne ; il capitule le 29 juin 1866 à Langensalza, malgré une première victoire remportée le 27 juin. Il est occupé, puis annexé par la Prusse.

Cette annexion ébranle le principe de la légitimité monarchique, sur laquelle s’appuie tout aussi bien la Prusse, et fait entrer dans cet État des groupes d’opposition actifs : l’Église luthérienne refuse d’accepter l’union prussienne ; les catholiques, autour de Windthorst (1812-1891), forment le noyau du Zentrum ; le parti loyaliste est exaspéré par la brutalité de Bismarck, qui n’hésite pas à confisquer la fortune personnelle du roi pour s’en servir comme d’une caisse noire (Welfenfonds, appelé aussi Reptilienfonds, termes passés dans le langage politique allemand). Bismarck ne peut imposer son idée de démembrer le Hanovre, mais l’administration locale est progressivement adaptée au modèle prussien. Le roi meurt à Paris en 1878, sans avoir renoncé à la couronne ; cette renonciation sera faite en 1913, lorsque son petit-fils deviendra duc de Brunswick.

En 1924, grâce à la politique centralisatrice de la SPD, le plébiscite organisé pour régler la question de l’appartenance à la Prusse est un échec du parti hanovrien ; divers membres soutiennent la très active NSDAP (Nationalsozialistische Deutsche Arbeiter-Partei). Arrivée au pouvoir, celle-ci entreprend de donner de nouvelles structures territoriales qui menacent de faire définitivement disparaître l’État. La défaite de 1945 permet de reconstituer cet État en août 1946 et de le faire entrer en novembre dans le nouvel État de Basse-Saxe*.

J.-B. N.

 E. von Meier, Hannoversche Verfassungs- und Verwaltungsgeschichte (Berlin, 1898-1900 ; 2 vol.). / G. Schnath, Geschichte des Landes Niedersachsen (Francfort, 1962).

Hanse

Vocable d’origine germanique, employé déjà dans le sens de « suite guerrière » dans la Bible d’Ulfilas, puis dans celui de « réunion de jeunes filles » (mägda hose) dans le Beowulf, le mot Hanse désigne primitivement un groupement d’individus. Reparu au xiie et au xiiie s. dans les pays situés entre l’Elbe et la Seine, entre la mer du Nord et les Alpes, il s’applique alors soit à une taxe payée par les marchands, soit à un groupement de marchands associés appartenant à une ou plusieurs villes et trafiquant avec des marchands « forains », c’est-à-dire « étrangers », qui ne participent pas, tout au moins au début, à leurs privilèges.


Simple « ghilde » unissant à l’origine les marchands désireux de s’assurer le monopole de la vente à la halle, la « Hanse parisienne des marchands de l’eau », qui n’apparaît, en fait, qu’à la fin du xie s., est un exemple type de Hanse urbaine n’associant, au moins au début, que les marchands d’une seule ville : Paris*.


Un cas particulier de Hanse urbaine : la Hanse de Londres

Très nombreuses aux Pays-Bas, en Angleterre et en Allemagne, les Hanses urbaines ont plus généralement pour dessein d’assurer à leurs membres le monopole du commerce à l’étranger en limitant le nombre de ses bénéficiaires et en imposant le versement d’un lourd droit de Hanse aux marchands forains trafiquant dans leur ville.

La Hanse de Londres, qui est constituée sans doute avant 1187, apparaît à cet égard hors de pair.

Dénommée au xiie s. Hansa Brugensis ou, à tort, Hansa Flandrensis, bien qu’elle n’ait jamais compris les villes de Saint-Omer, de Gand, dotées de Hanses particulières, et de Douai, ne pouvant être acquise qu’en Angleterre ou à Bruges et pour le seul profit des échevins de cette dernière ville, cette Hanse de Londres n’est, en fait, selon Henri Pirenne, qu’« un agrandissement de la Hanse de Bruges ou, plus exactement [qu’] une fédération de gildes urbaines » agrégées en trois noyaux constitutifs essentiels : la Hanse de Bruges réunissant de cinq à sept villes ; la Hanse d’Ypres, en groupant de trois à six ; le groupe wallon, enfin, qui n’en comprend que trois (Tournai, Lille et Orchies). Elle ne réunit, en fait, que les seuls grands marchands de ces dix-sept villes (quinze selon les statuts latins, douze selon les statuts français postérieurs à 1241), qui trafiquent en Angleterre et qui animent les foires de Flandre. Elle se présente comme une association de défense et de protection mutuelles totalement indépendante du comté de Flandre, mais qui se transforme naturellement en une fédération de villes à caractère territorial, les échevinages recrutant essentiellement leurs membres parmi les animateurs du grand commerce itinérant. Et, lorsque celui-ci devient sédentaire à la suite du déclin des foires de Champagne et de l’acquisition par Bruges de l’étape des laines anglaises, à la fin du xiiie s. et au début du xive, elle disparaît.