Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Hanovre (dynastie de) (suite)

Les tentatives de restauration jacobites

Le danger jacobite ne fut, en fait, jamais très sérieux en Angleterre même, où son catholicisme et une tradition autocratique illustrée par Charles Ier et Jacques II ne parlait guère en faveur de la dynastie Stuart. Il fut au contraire beaucoup plus sérieux en Écosse, où les Stuarts bénéficiaient de l’appui d’une bonne partie des Highlanders, hostiles à la puissance des Campbell (ducs d’Argyll), qui représentaient dans les hautes terres l’ « ordre whig », et de tous ceux qui, tories ou whigs, presbytériens ou épiscopaliens, étaient opposés à l’acte d’union de 1707. Les Stuarts, enfin, bénéficiaient d’un appui extérieur d’importance, celui de la monarchie française, enchantée de pouvoir mettre en difficulté la Grande-Bretagne. Mais, en fin de compte, les Hanovre finiront par se débarrasser de ces adversaires. (V. Stuarts.)


George Ier et le gouvernement de l’Angleterre

Il est difficile d’attribuer, au roi la responsabilité de la politique suivie pendant son règne par l’Angleterre. Tout au plus a-t-il eu une influence sur le choix des ministres : c’est ainsi que les « whigs » les plus célèbres durent abandonner les ministères au profit d’hommes moins connus, tels Charles Townshend (1674-1738), James Stanhope (1673-1721), Robert Walpole (1676-1745) et Charles Spencer Sunderland (1674-1722). Mais bientôt se produisit une rupture dans cette équipe : Stanhope crut qu’en flattant le penchant royal pour la politique allemande il gagnerait un soutien suffisamment assuré pour lui permettre de gouverner l’Angleterre ; l’impopularité d’une telle politique, l’indignation devant les millions dépensés en Allemagne et le scandale de la compagnie de la mer du Sud (South Sea Bubble) en 1720 amenèrent rapidement la fin de cette tentative. L’appui d’un tel roi ne pouvait guère servir à un homme politique. Et, avec les débuts du ministère Walpole* (1721-1727), ce fut le programme du gouvernement whig qui fut appliqué, sans que le roi n’intervînt, sinon pour des détails. L’initiative semblait appartenir au cabinet et au Parlement au moment où mourut George Ier en 1727. Son fils lui succéda sous le nom de George II.


George II, roi de 1727 à 1760

Bien que, comme son père, George II (1683-1760) soit resté un Allemand, qui ne parla jamais correctement la langue anglaise, il avait une connaissance de l’Angleterre supérieure à celle de George Ier. Créé duc de Cambridge dès 1706, il avait fréquenté très vite les Anglais, combattant à la bataille d’Oudenaarde en 1708 et faisant fonction de gardien du royaume en 1716, lors du premier voyage de son père au Hanovre.

Mais il s’était rapidement brouillé avec son père et avait pris la tête de l’opposition. Lorsqu’il succéda à George Ier, on pouvait donc s’attendre à un changement de cabinet. Il n’en fut rien : le favori de George II, sir Spencer Compton († 1743), se révéla incapable, et le roi suivit en fin de compte les conseils de sa femme, Caroline Wilhelmine de Brandebourg-Ansbach (1683-1737) et garda Walpole. Personnellement médiocre, George II sut toujours s’incliner devant les personnes dont il avait décelé la supériorité : d’où la confiance qu’il accorda à l’intelligente Caroline d’Ansbach (ce qui ne l’empêcha pas d’avoir de nombreuses maîtresses) et à Robert Walpole.

De 1727 à 1742, on peut dire que l’homme qui régna sur l’Angleterre fut Walpole : George II se consacra avant tout à ses économies (qu’il aimait à recompter, pièce de monnaie par pièce de monnaie...) et à de minimes détails d’administration ou d’étiquette. Les seuls problèmes qu’il dut affronter furent ceux que lui posèrent son fils Frédéric, qui reprit la tradition créée par George II lui-même lorsqu’il était prince de Galles : sous les trois premiers Hanovre, c’est toujours autour du prince de Galles que se regroupa l’opposition. Au reste, Frédéric se révéla un individu totalement dépourvu de capacités et ne fut pas un grand danger : ce n’est que plus tard que l’idéal du « roi patriote » défendu par le fondateur du nouveau torysme, Bolingbroke (1678-1751), devait se révéler dangereux pour les whigs au pouvoir.

Aussi, que ce soit avec ou sans Walpole, les whigs restèrent-ils au pouvoir pendant tout le règne de George II. Les plus grands événements de cette période, qui vit les débuts de la révolution industrielle et ceux de la prédication de John Wesley*, échappent en fait à l’histoire politique intérieure de l’Angleterre. Par contre, dans le domaine extérieur, la longue période de paix que Walpole avait su ménager prit fin en 1739, lorsque la guerre anglo-espagnole éclata, et surtout en 1740, lorsque la mort de l’empereur Charles VI entraîna la guerre de la Succession d’Autriche. Ce sont d’ailleurs ces conflits qui provoquèrent la chute de Walpole, réputé trop pacifique pour mener vigoureusement les opérations. Au cours de cette guerre, George II conduisit lui-même les troupes anglo-hanovriennes à la victoire contre les Français (Dettingen, 27 juin 1743). Un moment, on put penser que l’un des leaders whigs, lord Carteret (1690-1763) [1er comte Granville], allait réussir là où Stanhope avait échoué : jouant sur les ambitions et les sentiments hanovriens de George II, il devint, lui aussi, l’homme du roi. Mais, comme son père, George II fut incapable de l’aider à se maintenir au pouvoir, et, en 1744, Carteret, violemment attaqué pour avoir gaspillé en Allemagne l’argent anglais, dut se retirer.

Les événements qui suivirent (victoire sur le « jeune prétendant » Charles Édouard [1720-1788], traité d’Aix-la-Chapelle, formation du cabinet Pitt) ne doivent rien à George II : au contraire, celui-ci s’opposa toujours à Pitt, qu’il détestait pour négliger ses intérêts en Allemagne et prononcer des discours au-dessus de sa compréhension ! Les deux seules actions riches en conséquences de tout son règne sont, en fait, liées à l’Allemagne : c’est lui qui fit venir le Hanovrien Händel* en Angleterre et qui fonda l’université de Göttingen. Parmi ses enfants, le plus remarquable fut son troisième fils, William Augustus, duc de Cumberland (1721-1765), le vainqueur de Culloden et aussi l’un des plus fervents propagateurs des courses de chevaux, dont la mode se répandit à l’époque. À la mort de George II, en 1760, c’est son petit-fils, le fils du prince de Galles Frédéric-Louis (1707-1751), qui lui succèda sous le nom de George III.