Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

handicapé (suite)

Prévention des handicaps

Lorsque le handicap est un fait, il faut s’y adapter, mais le rôle de la société est de mettre tout en œuvre pour supprimer, dans toute la mesure du possible, les causes de handicaps. Réduire le nombre des accidents du travail et des maladies professionnelles est le but de la prévention, dont la médecine du travail est l’instrument dans chaque entreprise, mais qui ne peut être efficace que si une coordination des efforts des différents services est faite en ce sens. Réduire le nombre des accidents de la route demande à la fois une parfaite organisation du réseau routier et des dispositifs de signalisation, une surveillance régulière des véhicules et surtout une discipline rigoureuse des conducteurs.

Réduire le nombre des infirmes de naissance et des infirmités survenant dans l’enfance est un objectif qui ne peut être atteint que par le concours de la génétique médicale, de l’obstétrique, de la bonne organisation des maternités, de la médecine néo-natale et de la pédiatrie ainsi que par une mise à profit constante des découvertes dans les différentes branches de la médecine qui s’y rapportent. Les organismes de protection maternelle et infantile sont destinés à appliquer les mesures préventives et à permettre la mise en œuvre des traitements qui peuvent empêcher nombre de handicaps de survenir.

J. B.

 Guide pratique pour les handicapés physiques et les infirmes mentaux (Néret, 1942 ; nouv. éd., 1965). / P. Oléron, l’Éducation des enfants physiquement handicapés (P. U. F., 1961). / L. Lefèvre, Scolarité et éducation des poliomyélitiques ou accidentés (E. S. F., 1966). / C. Veil, Handicap et société (Flammarion, 1968). / M. F. Bloch-Lainé, Étude du problème général de l’inadaptation des personnes handicapées (la Documentation française, 1969). / P. Cadot, Inadaptation et réadaptation (C. E. D. A. R. R., Saint-Omer-en-Chaussée, 1969). / J. Courbeyre, les Handicapés moteurs et leurs problèmes (Laffont, 1969). / J.-P. Held et E. Pierrot-Deseilligny, Rééducation motrice des affections neurologiques (Baillière, 1969).

Hannibal

Général carthaginois (247 - Bithynie 183 av. J.-C.).



Introduction

Fils d’un général, Hamilcar Barca († 229 av. J.-C.), qui combattit brillamment Rome pendant la première guerre punique, Hannibal avait passé son enfance dans les camps d’Espagne et s’était distingué de bonne heure par ses qualités d’intelligence et de bravoure. Il avait été élevé dans la haine des Romains, traditionnelle dans sa famille. Il est impossible de savoir d’où vint l’initiative de la grande expédition qu’il entreprit contre Rome : était-ce le plan de Carthage ? L’idée venait-elle de son père ou de son entourage ? Ou bien était-ce un projet purement personnel, imposé à un État dont les grands chefs établis en Espagne n’étaient pas totalement dépendants ? Autre question : qui prit l’initiative de la guerre ? Hannibal attaqua la petite ville de Sagonte (auj. Sagunto, appelée Murviedro par les Arabes), près de l’Ebre. C’était violer l’esprit du traité entre Rome et Carthage. Rome pouvait s’en irriter, mais Hannibal pouvait avoir ainsi cherché le conflit. On est tenté, en cette matière controversée, de se rallier à l’opinion de J. Carcopino, attribuant la pleine responsabilité de la guerre à Hannibal. Sagonte tombée après un long siège (219), la guerre déclarée avec Rome, Hannibal prit le parti de gagner l’Italie par la voie de terre. J. Pernoux a pensé trouver l’explication de cette entreprise téméraire dans l’absence de cartes exactes de la Méditerranée : le général pouvait avoir fait une comparaison erronée des itinéraires possibles vers Rome.


La marche vers Rome

Hannibal emmenait avec lui une armée hétérogène, comprenant au départ Africains et Ibères, en attendant d’entraîner ultérieurement avec lui des peuples entiers. Il aurait quitté le pays punique avec une centaine de milliers d’hommes et trente-sept éléphants. Il devait perdre la moitié de cette armée avant de rencontrer les Romains. Ceux-ci, en effet, manquèrent les rendez-vous. Publius Cornelius Scipion* arriva trop tard pour arrêter Hannibal sur l’Ebre. Mais il y eut de rudes combats contre les naturels du nord de l’Espagne. En Gaule, il fallut éviter quelques troupes de Gaulois inquiets et, en particulier, passer le Rhône en leur échappant. Là aussi, les Romains manquèrent l’occasion : Scipion arriva de Marseille quelques jours plus tard. Quel itinéraire Hannibal suivit-il ensuite pour franchir les Alpes ? Toutes les hypothèses ont été émises par les historiens. Aujourd’hui, l’itinéraire de l’Isère et du Mont-Cenis rallie de nombreux suffrages. C’était, quel que soit le chemin exact, un itinéraire détourné, de nature à surprendre l’adversaire. Mais aussi un itinéraire difficile : l’étroitesse des passes, la neige, les embuscades des montagnards... L’armée apparut en Italie épuisée, amoindrie, mais elle débouchait dans une plaine dont Rome n’avait guère prévu la défense.

Hannibal fut vainqueur sur les rives du Tessin et de la Trébie (218) non sans nouvelles pertes. Il ne lui restait plus qu’un éléphant. Mais il trouvait dans les Gaulois de Cisalpine, brusquement soulevés contre Rome, des alliés qui lui apportèrent un renfort considérable. Ceux qui ne se rallièrent pas furent d’ailleurs rudement traités, et le pillage fut fructueux (mines d’or de Verceil, magasins romains). Une armée romaine gardait l’Apennin à Arezzo : pour la contourner, Hannibal empêtra son armée dans la plaine inondée de l’Arno en crue. Ses troupes souffrirent beaucoup, et les bêtes de somme se noyèrent en masse. C’est à ce moment qu’une ophtalmie fit perdre un œil à Hannibal. Celui-ci alla piller la campagne sous les yeux des Romains, qui ne purent résister à la provocation évidente et se laissèrent entraîner, puis massacrer par les Puniques, conduits par un maître de la stratégie, dans une étroite passe bordant le lac Trasimène (217).

Rome était sans défense, mais Hannibal ne l’attaqua pas. Il préféra restaurer son armée, remanier ses méthodes à la lumière de ce qu’il avait appris de l’infanterie romaine, piller à l’occasion et attendre peut-être la défection des Italiens, qui auraient pu, comme les Gaulois, se retourner contre Rome. Rien ne se produisit de ce côté. Hannibal passa dans le sud de la péninsule, tandis que Rome levait de nouvelles légions. À Cannes, il réussit à décimer une armée romaine deux fois supérieure à la sienne (216). Rome se retrouvait sans défense. Pourquoi Hannibal n’a-t-il pas attaqué Rome et ainsi totalement exploité sa victoire ? Certains historiens l’excusent et trouvent des raisons : l’attente de renforts espérés de Carthage — Hannibal les attendit dix ans ! — le peu d’empressement de l’allié macédonien, la difficulté, à cette époque, de prendre une ville d’assaut, la fidélité de l’Italie centrale à Rome, contrairement à l’Italie méridionale, qui se ralliait alors massivement à la cause punique.