Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

handicapé (suite)

Les accidentés du travail obtenaient ce droit au reclassement par une loi de 1930, mais il fallut attendre la création de la Sécurité sociale, en 1945, pour que tous les assurés sociaux puissent obtenir la garantie de retrouver un emploi en cas d’incapacité partielle. Ces dispositions furent étendues à tous les infirmes en 1953 par décret, mais ce n’est que la loi de 1957 qui apporta enfin un statut précis à tous les handicapés, y compris les infirmes de naissance. Les textes ultérieurs ainsi que la création d’un « Comité supérieur pour le reclassement professionnel et social des travailleurs handicapés » donnèrent à ceux-ci les moyens de reprendre à la fois un emploi et une espérance de vivre aussi normalement que possible.

Si, depuis la fin de la guerre d’Algérie, le nombre des handicapés par faits de guerre ne s’accroît plus en France, ce sont les accidents* de la route, en forte augmentation, les accidents* du travail et les maladies professionnelles qui, chaque année, augmentent le nombre des handicapés physiques.

Le nombre des sujets porteurs d’une infirmité de naissance ou survenue dans l’enfance augmente du fait des progrès de la médecine, qui permettent la survie de nombreux handicapés physiques ou mentaux, qui, autrefois, n’auraient pas vécu du fait de leur fragilité. Les aberrations chromosomiques (v. chromosome et génétique), les maladies métaboliques ou infectieuses de la mère, les embryopathies (affections de l’embryon) et les fœtopathies (affections du fœtus), les accidents de l’accouchement (notamment l’anoxie* néo-natale), les infections virales ou microbiennes de la première enfance sont parmi les causes les plus fréquentes de ces infirmités qui empêchent le développement normal des facultés de l’enfant.

Les progrès de la réanimation et de la chirurgie, sauvant la vie de nombreux accidentés, font qu’un grand nombre de blessés se retrouvent avec des séquelles plus ou moins importantes, alors qu’autrefois ils seraient morts de leurs blessures.

Enfin, on pense généralement que la concentration urbaine, le bruit, la pollution, le surmenage dans les usines, le relâchement des liens familiaux sont responsables de nombreuses affections mentales, névroses ou psychoses, qui constituent autant de handicaps.


Les différents handicaps

Chez l’adulte, il est relativement facile de définir un handicap physique et d’évaluer ses conséquences : ainsi, la perte d’usage d’un membre ou son amputation, la perte ou l’altération de la vue ou de l’ouïe, une mutilation de la face ou des maxillaires donnent lieu à des invalidités qui peuvent être chiffrées.

Chez l’enfant, au contraire, et ce d’autant plus qu’il s’agit d’un sujet très jeune, une altération des organes des sens, des fonctions sensitives ou motrices entrave le développement normal des fonctions de relations. Les possibilités d’apprentissage des gestes et des comportements courants sont très réduites ou nulles, et l’enfant ne pourra pas acquérir un développement psychique harmonieux.

Les arriérations* mentales de tous niveaux et même les débilités* mentales légères constituent, elles aussi, des handicaps, qui s’aggravent avec les années si l’on ne fournit pas à l’enfant dès le début les moyens de pallier ses insuffisances. On aboutit à des handicaps mentaux, souvent compliqués de handicaps physiques, car les enfants nés avec des anomalies psychiques ont souvent des déficiences ou des malformations physiques multiples.

Même une anomalie caractérielle discrète peut conduire à un handicap si le sujet ne trouve pas dans sa famille et dans son entourage la compréhension, l’aide et le soutien qui lui éviteront de devenir un désadapté social.


Placements et réinsertion sociale

De nombreux organismes publics et privés sont spécialisés dans la prise en charge de tels ou tels handicapés particuliers. Les blessés de guerre, les infirmes moteurs (paralysés, poliomyélitiques), les sourds et sourds-muets, les aveugles, les sujets atteints de maladies chroniques (cardiaques, diabétiques, hémophiles, pulmonaires, etc.) ont des offices, des associations ou des comités qui s’occupent de leurs cas.

Pour les enfants inadaptés (les débiles et les arriérés mentaux), les établissements sont nombreux et reçoivent soit uniquement des arriérés profonds, soit des débiles profonds et moyens, ou encore des débiles légers et moyens (instituts médico-pédagogiques).

On comprend qu’il est plus facile de traiter en groupes des sujets atteints d’une même affection : par exemple, les sourds et malentendants bénéficient de moyens audio-visuels appropriés, les infirmes moteurs d’installations de kinésithérapie et de mécanothérapie, les débiles de maîtres et de moyens pédagogiques spécialisés.

Toutefois, les sujets ainsi groupés subissent une sorte de ségrégation par rapport à la société ; or, le but principal des soins qui leurs sont prodigués est précisément de les réintégrer dans la société. On comprend les difficultés qui peuvent résulter des placements les mieux étudiés et appropriés.

C’est pourquoi les pouvoirs publics ont prévu toute une gamme de possibilités d’insertion professionnelle des handicapés, mettant à contribution les familles et leurs associations, les employeurs et les services publics, l’expérience ayant prouvé que les efforts des personnes directement ou indirectement concernées permettaient d’humaniser et de faciliter les contacts et les actions entreprises.

Celles-ci commencent avec la réadaptation fonctionnelle proprement dite, qui est du domaine médical et qui vise à donner à l’organe ou à l’appareil atteint la meilleure récupération possible. Ensuite vient la formation professionnelle, en centre spécialisé ou en apprentissage, qui permet à l’enfant de s’orienter vers une profession en rapport avec ses possibilités et à l’adulte de reprendre son précédent métier, avec une aide technique appropriée, ou de s’orienter vers une autre profession si la première est devenue impossible. Enfin, le travail protégé, qui est le but des efforts précédents, peut s’exercer soit dans des centres d’assistance par le travail pour les plus handicapés, soit dans toute usine, tout atelier ou toute entreprise, ce qui permet au travailleur handicapé de reprendre contact avec les travailleurs normaux et de retrouver, avec la possibilité de faire un travail profitable, la dignité et la joie de vivre.

La loi prévoit les conditions dans lesquelles le travailleur handicapé peut reprendre son activité dans l’entreprise qui l’employait précédemment et, pour les grandes entreprises, le nombre de postes qui doivent être réservés par priorité pour le travail protégé des différents handicapés.