Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Händel (Georg Friedrich) (suite)

À leur mort respective, leur postérité s’annonce différemment. Bach († 1750) a quelques élèves et quatre enfants qui peuvent diffuser sa musique ; Händel († 1759) n’a pas de fils direct ni spirituel. D’une manière inattendue, il arrive le contraire de ce qui était prévisible : les œuvres du premier, jugées démodées, sont laissées de côté — même par les siens —, alors que celles du second continuent à lui survivre. Les Anglais, trop heureux d’avoir un grand compositeur ayant opté pour leur patrie, se chargent de sa postérité par la publication et les concerts.

Lorsque les Mozart sont invités à Londres, le 28 mai 1764, le roi fit jouer à Wolfgang non seulement des pièces de Bach (vraisemblablement Johann Christian, fixé à Londres depuis deux ans, ou Carl Philipp Emanuel, son frère), mais aussi de K. F. Abel et de Händel. Le 28 juin, le petit Wolfgang joue un concerto pour orgue dans un programme comprenant des airs chantés de Händel. Il précise par la suite, le 10 avril 1782, dans une lettre à son père : « Je suis en train de me faire une collection de fugues de Bach, aussi bien Sébastien que d’Emanuel et de Friedemann Bach, et puis aussi de celles de Händel, et il ne manque plus que celles-là. » En 1789, il fait des arrangements du Messie.

En 1794, J. Haydn — qui a déjà connaissance des manuscrits de J.-S. Bach — se rend en Angleterre et entend des oratorios d’Händel à Westminster. « Il est notre maître à tous », déclare-t-il, et il se met à l’écriture de deux de ses plus belles œuvres : les Saisons et la Création.

Beethoven, à son tour, lance le « Voici la Vérité » après avoir reçu en 1826 les trente-six volumes publiés en Grande-Bretagne. Il ajoute au petit Gerhard von Breuning : « Regarde, j’ai reçu ce cadeau [...]. Depuis longtemps je le désirais, car Händel est le plus grand, le plus solide des compositeurs ; de lui, je puis encore apprendre. »

Que s’est-il passé ensuite pour que notre personnage soit éclipsé ?

Des considérations d’ordre politique ont dû se mêler à des conceptions esthétiques nouvelles. L’Allemagne du début du xixe s., dans un mouvement nationaliste, rejette les étrangers. Händel en fait partie ; bien plus, il est le renégat par excellence, celui qui s’est sauvé de sa terre natale, qui n’a pratiquement pas utilisé dans son œuvre vocale et même instrumentale la langue de son pays, celui qui a repoussé jusqu’à son nom (il signe George Frideric Händel à partir du moment où il est naturalisé anglais) et repose en Angleterre.

En 1829, Mendelssohn dirige à Leipzig la Passion selon saint Matthieu de Bach. Le centenaire de la composition de l’œuvre permet à l’Allemand de renouer avec son passé musical ; de plus l’homme qui est l’auteur de la partition est l’exemple même du bon citoyen. La multiplication des hommages rendus au cantor de Saint-Thomas, dès cet instant, aboutit à la fondation, par Robert Schumann, en 1850, de la Bach-Gesellschaft et à la publication de 46 volumes de 1851 à 1900. Si Schumann, par ailleurs, déclare qu’Israel in Egypt est « son idéal d’une œuvre chorale », le grand public n’a toujours qu’une connaissance superficielle de l’auteur du Messie.

Alors que l’Angleterre a créé en 1843 la Handel Society, qui tente, avec des moyens limités, de faire connaître le musicien, l’Allemagne attend les années 1856 pour inaugurer la Deutsche Händel-Gesellschaft. Friedrich Chrysander (1826-1901), qui accomplit un travail louable en rééditant 94 volumes, reproche à Händel sa « trahison » envers la patrie.

En 1861, Brahms compose des Variations et fugue sur un thème de Händel. Nietzsche parle de Händel comme d’un « bon Européen ». Sa célébrité franchit les frontières, puisque Liszt et Saint-Saëns en font un précurseur de la musique descriptive par ses oratorios.

De nombreux ouvrages sont consacrés à Händel depuis le début du siècle, en particulier en Allemagne. La Hallische Händel-Ausgabe, à partir de 1955, s’applique à une nouvelle édition de l’œuvre, pendant que l’Angleterre s’attache à sa diffusion. La France découvre à son tour le musicien : une Société Haendel est fondée à Paris en 1910 par F. Rangel.

M. V.

 J. Mainwaring, Memoirs of the Life of the Late G. F. Handel (Londres, 1760 ; trad. fr. Vie de feu G. F. Haendel, Paris, 1778). / C. Burney, Account of the Musical Performances in Commemoration of Handel (Londres, 1785). / V. Schoelcher, The Life of Handel (Boston, 1857). / F. Chrysander, G. Fr. Händel (Leipzig, 1858-1867, 3 vol. ; 2e éd., 1919). / F. Volbach, G. F. Händel (Berlin, 1898). / R. A. Streatfeild, Händel (Londres, 1909). / R. Rolland, Haendel (Alcan, 1910 ; 2e éd., A. Michel, 1952). / M. Brenet, Haendel (Laurens, 1912). / Händel-Jahrbuch, éd. par R. Steglitz (Leipzig, 1928, 1933 et 1955). / E. J. Dent, Handel (Londres, 1934). / F. Ehrlinger, Händels Orgelkonzerte (Wurtzbourg, 1940). / P. Nettl, Georg Friedrich Händel (Berlin, 1958). / W. Dean, Handel’s Dramatic Oratorios and Masques (Londres, 1959). / K. Sasse, Händel Bibliographie (Leipzig, 1961 ; 2e éd., 1967).

handicapé

« Toute personne dont les possibilités d’acquérir ou de conserver un emploi sont effectivement réduites du fait d’une insuffisance ou d’une diminution de ses capacités physiques ou mentales. » Cette définition du handicapé, contenue dans la loi du 23 novembre 1957, est volontairement très générale, englobant aussi bien ceux qui sont invalides de naissance que ceux qui le sont devenus par maladie ou accident.


Le but de cette loi, complétée par de nombreux décrets et arrêtés, est, en effet, d’apporter à tous les handicapés des possibilités de reclassement professionnel et de réinsertion dans la société, quelle que soit la cause de leur état.


Causes des handicaps

Jusqu’à une époque assez récente, les handicapés étaient plus ou moins bien considérés et, par suite, aidés selon la cause de leur état.

C’est ainsi que la société, se jugeant en dette à l’égard des mutilés de guerre, leur accordait dès le lendemain de la Première Guerre mondiale des possibilités de se soigner, une relative réparation matérielle du préjudice qu’ils avaient subi, et un droit au reclassement professionnel, selon leurs possibilités.