Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Hambourg (suite)

La navigation à vapeur crée un dynamisme nouveau (les voiliers, cependant, resteront nombreux jusqu’en 1870). La spécialisation gagne les activités portuaires ; l’armement se sépare du commerce. L’augmentation de la taille des navires et leur renchérissement exigent des capitaux croissants. Bientôt va se poser le problème de l’approfondissement du chenal de l’Elbe. La recherche d’un service régulier avec les États-Unis amène quelques commerçants de Hambourg à fonder en 1847 la célèbre HAPAG (Hamburg-Amerikanische Packetfahrt-Actien-Gesellschaft). C’est l’époque de l’émigration européenne massive vers les États-Unis qui commence. Le port de Hambourg sert de port d’embarquement non seulement aux Allemands, mais aussi aux Slaves, aux Autrichiens, aux Hollandais, aux Belges, aux Scandinaves, voire aux Français. L’industrialisation de l’arrière-pays suscite la création de nouvelles compagnies : Hambourg Südamerikanische Dampfschiffahrts-Gesellschaft (1871) ; Deutsche Dampfschiffahrts Gesellschaft Kosmos (1871) ; Woermann Linie (1885) ; Deutsche Levante Linie (1889) ; Deutsch-Ostafrika Linie (1890). L’extension de ces lignes coïncide avec le développement du mouvement colonial, qui, en Allemagne, s’est fait avec un certain retard par rapport aux autres pays.

La guerre des Duchés (1864), la victoire sur l’Autriche (1866) bouleversent la carte politique de l’Allemagne. Hambourg regarde beaucoup plus vers le grand large que vers le continent. Le rapport des forces l’oblige, cependant, lors de la confrontation Prusse-Autriche, à choisir le camp de la première. Quelques années auparavant, en 1860, une décision lourde de conséquences pour l’avenir du port était prise. Les installations traditionnelles étaient devenues insuffisantes. Les autorités hambourgeoises décidèrent la construction d’un port de marée ; la solution était heureuse, malgré les dépenses de creusement des chenaux qu’elle entraînait, car elle permettait l’accès des navires à toute heure de la journée. Cette décision capitale est à l’origine du port moderne.

Hambourg entra dans la Confédération de l’Allemagne du Nord au moment de la dispute entre l’Autriche et la Prusse mais se refusa encore d’adhérer au Zollverein. Il fallut attendre 1881 pour qu’elle le fît. L’industrialisation de la Ruhr, le développement de la Basse-Saxe et surtout l’essor de la région de Berlin, dont Hambourg était le premier port, favorisèrent cette décision. C’est que Hambourg était tiraillée entre ses intérêts d’outre-mer, notamment dans le monde anglo-saxon, et ses intérêts panallemands. L’unification de l’Allemagne donnait à Hambourg des chances nouvelles. La bourgeoisie urbaine sut les saisir.

330 navires de haute mer peuvent s’y ancrer. C’est un port universel, pouvant traiter toutes les marchandises. Le trafic a avoisiné 45 Mt en 1971.


Le premier centre industriel de la R. F. A.

À la suite de la division de Berlin, Hambourg est devenue le premier centre industriel de la R. F. A. L’industrialisation a été une nécessité après guerre, à la suite de la perte des territoires orientaux. En englobant environ 100 000 migrants quotidiens, la ville compte plus de 300 000 travailleurs. L’industrie occupe donc une place importante. Toutes les branches, sauf les mines et la sidérurgie, sont représentées. L’industrie est largement née des activités portuaires. La pétrochimie, les fonderies de métaux non ferreux, la chimie, les moulins à huile, les fabriques de graisse (margarine), les industries alimentaires, le travail du caoutchouc sont étroitement liés aux importations. Les constructions navales arrivent seulement au quatrième rang, selon le nombre des salariés, après la construction de machines, l’électrotechnique et la chimie. Les constructions aéronautiques, en liaison avec les services de révision de la Lufthansa de l’aéroport de Fuhlsbüttel, ne cessent de progresser, pour se placer parmi les activités les plus dynamiques. À vrai dire, le travail industriel repose sur une vieille tradition artisanale du Moyen Âge, adaptée aux techniques nouvelles à partir du xixe s. Il ne s’est point développé une mono-industrie si préjudiciable à d’autres grands ports. C’est la diversité des activités qui a permis à Hambourg de renaître après les terribles destructions de 1944-45.


La place commerciale

Près de 2 000 entreprises entretiennent des relations extérieures à Hambourg. En 1970, les entreprises de la ville ont importé pour 20,7 milliards de deutsche Mark de marchandises, soit 19,2 p. 100 des importations de la R. F. A. Les exportations s’élèvent à 7,8 milliards, soit 6,2 p. 100 des exportations du pays. La structure du commerce — et cela est lié à la situation portuaire — montre que Hambourg joue un rôle plus considérable dans le commerce d’outre-mer que dans le commerce européen.


La place financière

La Bourse de Hambourg, la plus ancienne de l’Europe du Nord, est un des éléments de prospérité de la ville. Collectant les capitaux d’une vaste région, elle a contribué à des investissements qui servent l’économie urbaine et régionale. Elle s’est d’abord intéressée aux marchandises.

La banque, ici comme dans d’autres villes, est née du commerce, et surtout du commerce international. Hambourg compte 110 instituts de crédit (banques, caisses du Crédit mutuel, caisses d’épargne) ayant leur siège social dans la ville. De 1964 à 1969, l’épargne liquide a passé, pour l’ensemble des instituts de crédit de la ville, de 3,7 à 7,2 milliards de deutsche Mark. Par là, bien des équipements ou des entreprises peuvent être financés par des banques ou des instituts locaux qui, connaissant les animateurs ou promoteurs, peuvent leur faire confiance et ainsi soutenir le développement économique de la ville.


La vie intellectuelle et culturelle

Les activités maritimes ont entraîné un cosmopolitisme dont a bénéficié l’ensemble de la cité. Hambourg compte un grand nombre de représentations étrangères accréditées. Environ 60 académies, instituts, séminaires ou associations s’occupent de relations ou d’études des pays d’outremer. Hambourg est sans doute le premier centre pour la presse allemande. Le tirage total de tous les quotidiens approche 6 millions d’exemplaires. Bild imprime 4,4 millions d’exemplaires, Die Welt 290 000. Tous deux appartiennent au konzern Springer. L’ensemble des hebdomadaires a un tirage supérieur à 3,5 millions. Plus de 200 bibliothèques sont disséminées sur le territoire urbain.

Par sa puissance économique et son rayonnement culturel, Hambourg devient la métropole incontestée de l’Allemagne du Nord. L’amélioration des relations entre la R. F. A. et la R. D. A. ne peut que profiter à l’économie urbaine et notamment au port.

F. R.