Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Hals (Frans) (suite)

C’est de 1616 que date la première commande du peintre, le Banquet du corps des archers de Saint-Georges (Haarlem, musée Frans Hals), portrait collectif dans la tradition iconographique de Cornelis van Haarlem. Chacun des douze personnages groupés autour de la table est traité comme un portrait individuel : les visages, tous empreints de jovialité, ont cependant, chacun, leur caractère et leur vie propre, et c’est là que réside l’innovation de Hals. L’animation générale, rendue par les attitudes, l’obliquité des poses, l’aération spatiale sont autant d’éléments d’une esthétique nouvelle. Tous les portraits de Hals, dès lors, possèdent le trait caractéristique surpris dans le modèle, qui l’individualise et le rend vraiment naturel. Dans le Banquet du corps des archers de Saint-Adrien de 1627 (Haarlem, musée Frans Hals) se retrouvent les mêmes caractères de vérité, mais avec une composition où la volonté d’animation n’exclut pas un certain désordre. Ce n’est que vers 1630-1635 que Hals réussit à simplifier ses compositions : les contours de ses formes se font moins accidentés ; les fonds s’assombrissent, et, dans les visages, la couleur et le modelé se font plus violents. La Réunion des officiers du corps des archers de Saint-Adrien de 1633 (Haarlem, musée Frans Hals), qui se détache sur un fond très sombre et un arrière-plan de paysage très artificiel, est d’une composition plus simple, plus statique, mais toujours aussi captivante par l’expression particulière de chacun des quatorze personnages. En 1641, nouvelle commande : les Régents de l’hôpital Sainte-Élisabeth à Haarlem, tableau d’une tonalité plus grave, où les teintes sont réduites à des blancs purs argentés et des noirs profonds. En 1644, Hals fait partie du Conseil de la gilde de Haarlem ; il peint le portrait de Descartes (Louvre) en 1649 et celui de l’Homme au gant (Londres, National Gallery) en 1655, dans lesquels le réalisme formel qu’il avait jusqu’alors recherché fait place à l’expression de l’âme. À partir de 1654, sa vie s’assombrit : en 1662, il demande un secours à la municipalité. Âgé de plus de quatre-vingts ans, il peint en 1664 pour l’hospice des vieillards les deux tableaux émouvants des Régents et des Régentes (musée Frans Hals, installé dans l’hospice), images pathétiques et lucides de la vieillesse. Ces deux derniers chefs-d’œuvre de Hals, étonnants à l’époque par leur expression spontanée toute moderne, loin des conventions stylistiques d’alors, ne suscitèrent que de piètres imitations contemporaines. Ils ne retrouvèrent leur influence novatrice qu’au xixe s. avec Manet et ses successeurs.

P. H. P.

 N. S. Trivas (sous la dir. de), The Paintings of Frans Hals (New York, 1941). / P. Descargues, Frans Hals (Skira, Genève, 1968). / S. Slive, Frans Hals (New York et Londres, 1971 ; 2 vol.).
Catalogue d’exposition : Frans Hals (musée Frans Hals, Haarlem, 1962).

haltérophilie

Sport des poids et haltères.



Son développement

Excellent sport de force et de développement musculaire, l’haltérophilie eut beaucoup à souffrir jusqu’au xixe s. des troupes de forains, bateleurs, qui s’exhibaient dans les foires ou sur les places publiques en réalisant des tours de force.

Les débuts furent laborieux, notamment en France. Vers 1882 naissaient en Allemagne les premières associations, avant que se crée à Roubaix la Fédération athlétique du Nord, qui devait contrôler des compétitions sur les mouvements suivants : le développé, l’arraché, l’épaulé et jeté à un et à deux bras, le dévissé, la volée d’un bras et le bras tendu. En 1896, l’haltérophilie figure aux jeux Olympiques d’Athènes, mais ni Français ni Allemands n’y participent, et, aux Jeux de Saint Louis en 1904, les épreuves se déroulent dans l’indifférence complète. Les premières compétitions de 1903 à 1910 comportent un nombre différent de mouvements, allant jusqu’à 17. Ce n’est qu’en 1913 qu’un bon lutteur et excellent leveur de poids, Jules Rosset, entouré de quelques champions consacrés, fonde la Fédération française de poids et haltères. Aidé par le journaliste Frantz Reichel, il fait inscrire l’haltérophilie aux jeux Olympiques d’Anvers en 1920, compétition disputée par les représentants de quatorze nations, sur des mouvements — développé, arraché et épaulé et jeté à deux bras — qui ont constitué jusqu’en 1972 les programmes de toutes les épreuves officielles. Le premier championnat d’Europe a lieu en 1930, et la première confrontation mondiale en 1937.

Le sport de la force a connu de grands champions parmi ses précurseurs, tel Louis Uni, dit « Apollon », un colosse de 1,90 m pour 125 kg, né en 1862. Celui-ci aurait été le premier homme à avoir épaulé et jeté l’essieu dit ensuite « d’Apollon », une énorme barre de près de 5 cm de diamètre, munie de deux roues de wagons et pesant 162,400 kg. Mais aucune pièce officielle ne confirme cet exploit, et « Apollon » n’avait, en fait, épaulé et jeté qu’une barre de 120 kg. La véritable barre existe toujours au gymnase de la S. A. Montmartroise, à Paris, où Charles Rigoulot et, après la Seconde Guerre mondiale, les Américains John Davis et Schemansky réussirent la performance officielle.


Records et progression

Charles Rigoulot fut champion olympique des mi-lourds en 1924 (avant de détenir plus d’une centaine de records), en totalisant 322,500 kg aux trois mouvements, chiffre que le champion du monde actuel poids mouche a nettement dépassé. Il n’y a toutefois aucune mesure de comparaison entre les exploits des « pionniers » et ceux des spécialistes actuels. Jusqu’en 1926, les haltérophiles levaient ou jetaient des barres munies de sphères volumineuses, à l’équilibre de charge difficile. D’abord en Suisse, puis en France et enfin dans le monde entier, les sphères furent remplacées par des barres à disques (on ajoute à la barre des disques de poids différents), beaucoup plus maniables et montées sur roulement, qui permirent une nette amélioration des performances.

En 1936, à Berlin, l’Allemand J. Manger fut champion olympique des lourds avec le total de 410 kg ; en 1948, à Londres, l’Américain John Davis le fut avec 452,550 kg ; en 1956, à Melbourne, l’Américain Paul Anderson fut le premier homme à atteindre les 500 kg aux trois mouvements.

En 1962, aux championnats d’Europe à Budapest, le capitaine de l’armée soviétique Iouri Vlassov totalisait 540 kg (177,500 au développé, 155 à l’arraché et 207,500 au jeté). En 1967, il céda sa couronne mondiale à un autre Soviétique, Leonid Jabotinski, qui porta le record à 590 kg.

Puis vint l’ère de l’actuel numéro un de l’haltérophilie mondiale : Vassili Alexeïev (137 kg), qui réalisa 595 kg, puis 600, 620 et enfin 640 kg, et dont les trois records du monde sont de 230 kg au développé, 180 à l’arraché et 235,500 au jeté.