Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

halogénés (dérivés) (suite)

Halogénures phényliques : ФX

Le chlorobenzène se forme dans l’action de PCl5 sur le phénol :
ФOH + PCl5 → OPCl3 + HCl + Ф—Cl.
Mais on l’obtient plus avantageusement par chloration du benzène ; le bromobenzène se prépare de la même façon.

L’iodobenzène résulte de l’action de l’acide iodhydrique sur le diazobenzène en présence de poudre de cuivre :

Les halogénures phényliques sont des liquides peu volatils, d’odeur benzénique et non lacrymogènes, ce qui les distingue de Ф—CH2Cl, par exemple.

L’halogène est encore assez inerte, mais moins que chez les halogéno-éthyléniques. Ils peuvent être réduits et donnent, à température élevée, quelques substitutions nucléophiles :
(ancienne préparation du phénol).

ФBr et ФI, dans l’éther, ФCl dans le tétrahydrofuranne forment des organomagnésiens.


Diéthers halohydriques

Les dihalogénures-α, homologues les plus généraux du bromure d’éthylène CH2Br—CH2Br, se font généralement par addition des halogènes aux oléfines. Ce sont des liquides denses, cristallisant s’ils sont symétriques ; le bromure d’éthylène fond à 10 °C.

Ils donnent des substitutions nucléophiles à condition que le réactif antagoniste soit peu basique (NH3, H2O, KCN, CH3—CO2Ag, etc.) ; sinon, on observe deux déshydrohalogénations successives :

Les métaux provoquent le départ de l’halogène.
R—CHBr—CHBr—R′ + Zn → ZnBr2 + R—CH=CH—R′.

Les dihalogénures-β résultent de l’addition d’hydracides à un halogénure allylique.
R—CH=CH—CH2Br + HBr → R—CHBr—CH2—CH2Br.

Ils sont, plus encore que les dihalogénures-α, sensibles à la déshydrohalogénation.


Dihalogénures géminés

Deux préparations dominent : l’addition d’hydracide à un halogéno-éthylénique
R—CBr=CH—R′ + HBr → R—CBr2—CH2—R′,
et l’action des penthalogénures de phosphore sur les dérivés carbonylés
R—CO—R′ + PCl3Br2 → OPCl3 + R—CBr2—R′.

Ce sont des liquides plus volatils que les diéthers halohydriques-α isomères. Très sensibles à la déshydrohalogénation :

ils ne subissent des substitutions nucléophiles, d’ailleurs difficiles, que si la molécule ne porte pas d’hydrogène en α du carbone dihalogéné :
Ф—CHCl2 + 2 EtONa → 2 ClNa + Ф—CH(OEt)2 (acétal).


Trihalogénures trigéminés

Seul, dans ce groupe, le chloroforme HCCl3 présente un intérêt chimique. Obtenu de nos jours par chloration photochimique du méthane, il fut découvert dans l’action des hypochlorites sur l’éthanol ; celui-ci est oxydé en aldéhyde, lequel est chloré en chloral CCl3—CHO.

Le milieu alcalin coupe le chloral :
CCl3—CHO + NaOH → HCO2Na + CHCl3.

HCBr3 et HCl3 se préparent de la même façon : action de l’halogène, en milieu alcalin, sur un alcool CH3—CHOH—R ou une cétone CH3—CO—R.

Le chloroforme est un liquide lourd, bouillant à 62 °C. C’est un bon solvant des graisses et des alcaloïdes ; il est très peu soluble dans l’eau. Longtemps employé comme anesthésique, il est de plus en plus délaissé.

Chimiquement, il est assez inerte ; néanmoins il peut être réduit en 3 stades jusqu’au méthane ; la potasse le décompose principalement selon l’équation
HCCl3 + 4 KOH → 3 KCl + 2 H2O + HCO2K.

Avec l’éthylate de sodium, il forme, partiellement, l’éther orthoformique HC(OEt)3.

Il donne 3 fois la réaction de Friedel et Crafts conduisant au triphénylméthane HC (Ф)3.

En milieu alcalin, il transforme l’aniline en phénylcarbylamine dont l’odeur repoussante permet de caractériser l’un ou l’autre des réactifs ; enfin, il transforme le phénol en aldéhyde salicylique.

Le tétrachlorure de carbone CCl4 a été examiné parmi les fonctions quadrivalentes.

Les dérivés halogènes ont donc une importance fondamentale en synthèse, importance accrue du fait de la fécondité des organomagnésiens, dont la préparation fait appel à certains d’entre eux.

C. P.

Hals (Frans)

Peintre néerlandais (Anvers, v. 1580/1585 - Haarlem 1666).


Il existe beaucoup d’anecdotes, mais peu de précisions biographiques sur la vie de Frans Hals, pourtant célèbre portraitiste. Sa famille se fixa à Haarlem* peu après sa naissance, puisque son frère Dirck (peintre lui aussi) y fut baptisé en 1591. Tout ce dont on est sûr, c’est que sa carrière se déroula dans cette ville, où se trouvent aujourd’hui encore la plupart de ses tableaux. Élève de Carel Van Mander (1548-1606) vers 1600-1603, Frans ne paraît cependant pas avoir subi une profonde influence de ce maître de haute culture italienne et de style maniériste. Il n’ira jamais en Italie, selon l’habitude de l’époque, pour achever sa formation. Il s’instruit au contact des gravures de Hendrick Goltzius (1558-1617) et des premiers tableaux de corporation peints par Cornelis van Haarlem (1562-1638), l’un des plus anciens créateurs de Doelenstück (ou Schuttersstuk), ou tableaux de milices armées.

Ses premières œuvres connues se situent autour de 1610, date à laquelle il est membre de la gilde de Saint-Luc à Haarlem. Son premier fils, Harmen, qui sera peintre, est baptisé en 1611. Hals aura huit autres enfants d’un second mariage. Il se cantonne exclusivement dans l’art du portrait : l’un de ses premiers portraits, celui de Jacobus Zaffius (1611, Haarlem, musée Frans Hals) ainsi que celui d’un Homme tenant un crâne (Birmingham, Barber Institute) conservent encore une certaine raideur propre aux artistes du xvie s., comme Cornelis Ketel (1548-1616), Antonio Moro (v. 1519 - v. 1576), Dirck Barentsz (1534-1592). Mais ces deux œuvres montrent déjà que Hals a rompu avec le maniérisme et trouvé le réalisme propre à son génie. Dans tous ses portraits, Hals, dont l’acuité psychologique sera plus tard cruelle, s’en tient encore, avec quelle virtuosité, à la ressemblance et au naturel. De 1620 à 1630, influencé par les caravagistes d’Utrecht, il peint une grande série de portraits de caractère : plusieurs Bouffons, le Joyeux Buveur (Amsterdam, Rijksmuseum), la Bohémienne (Louvre), l’inquiétante Hille Bobbe, vieille sorcière au hibou (Berlin). Le caravagisme adapté à l’esprit septentrional trouve en eux sa plus haute expression réaliste. L’audace de Hals est au niveau de sa « main » : touches rapides, juxtaposées, fulgurance et rehauts lumineux sur des fonds de tonalité bistre ; son pinceau se fait plus vigoureux pour serrer de près le réel ; cette tendance s’accentue avec les années.