halogénés (dérivés) (suite)
Halogénures phényliques : ФX
Le chlorobenzène se forme dans l’action de PCl5 sur le phénol :
ФOH + PCl5 → OPCl3 + HCl + Ф—Cl.
Mais on l’obtient plus avantageusement par chloration du benzène ; le bromobenzène se prépare de la même façon.
L’iodobenzène résulte de l’action de l’acide iodhydrique sur le diazobenzène en présence de poudre de cuivre :
Les halogénures phényliques sont des liquides peu volatils, d’odeur benzénique et non lacrymogènes, ce qui les distingue de Ф—CH2Cl, par exemple.
L’halogène est encore assez inerte, mais moins que chez les halogéno-éthyléniques. Ils peuvent être réduits et donnent, à température élevée, quelques substitutions nucléophiles :
(ancienne préparation du phénol).
ФBr et ФI, dans l’éther, ФCl dans le tétrahydrofuranne forment des organomagnésiens.
Diéthers halohydriques
Les dihalogénures-α, homologues les plus généraux du bromure d’éthylène CH2Br—CH2Br, se font généralement par addition des halogènes aux oléfines. Ce sont des liquides denses, cristallisant s’ils sont symétriques ; le bromure d’éthylène fond à 10 °C.
Ils donnent des substitutions nucléophiles à condition que le réactif antagoniste soit peu basique (NH3, H2O, KCN, CH3—CO2Ag, etc.) ; sinon, on observe deux déshydrohalogénations successives :
Les métaux provoquent le départ de l’halogène.
R—CHBr—CHBr—R′ + Zn → ZnBr2 + R—CH=CH—R′.
Les dihalogénures-β résultent de l’addition d’hydracides à un halogénure allylique.
R—CH=CH—CH2Br + HBr → R—CHBr—CH2—CH2Br.
Ils sont, plus encore que les dihalogénures-α, sensibles à la déshydrohalogénation.
Dihalogénures géminés
Deux préparations dominent : l’addition d’hydracide à un halogéno-éthylénique
R—CBr=CH—R′ + HBr → R—CBr2—CH2—R′,
et l’action des penthalogénures de phosphore sur les dérivés carbonylés
R—CO—R′ + PCl3Br2 → OPCl3 + R—CBr2—R′.
Ce sont des liquides plus volatils que les diéthers halohydriques-α isomères. Très sensibles à la déshydrohalogénation :
ils ne subissent des substitutions nucléophiles, d’ailleurs difficiles, que si la molécule ne porte pas d’hydrogène en α du carbone dihalogéné :
Ф—CHCl2 + 2 EtONa → 2 ClNa + Ф—CH(OEt)2 (acétal).
Trihalogénures trigéminés
Seul, dans ce groupe, le chloroforme HCCl3 présente un intérêt chimique. Obtenu de nos jours par chloration photochimique du méthane, il fut découvert dans l’action des hypochlorites sur l’éthanol ; celui-ci est oxydé en aldéhyde, lequel est chloré en chloral CCl3—CHO.
Le milieu alcalin coupe le chloral :
CCl3—CHO + NaOH → HCO2Na + CHCl3.
HCBr3 et HCl3 se préparent de la même façon : action de l’halogène, en milieu alcalin, sur un alcool CH3—CHOH—R ou une cétone CH3—CO—R.
Le chloroforme est un liquide lourd, bouillant à 62 °C. C’est un bon solvant des graisses et des alcaloïdes ; il est très peu soluble dans l’eau. Longtemps employé comme anesthésique, il est de plus en plus délaissé.
Chimiquement, il est assez inerte ; néanmoins il peut être réduit en 3 stades jusqu’au méthane ; la potasse le décompose principalement selon l’équation
HCCl3 + 4 KOH → 3 KCl + 2 H2O + HCO2K.
Avec l’éthylate de sodium, il forme, partiellement, l’éther orthoformique HC(OEt)3.
Il donne 3 fois la réaction de Friedel et Crafts conduisant au triphénylméthane HC (Ф)3.
En milieu alcalin, il transforme l’aniline en phénylcarbylamine dont l’odeur repoussante permet de caractériser l’un ou l’autre des réactifs ; enfin, il transforme le phénol en aldéhyde salicylique.
Le tétrachlorure de carbone CCl4 a été examiné parmi les fonctions quadrivalentes.
Les dérivés halogènes ont donc une importance fondamentale en synthèse, importance accrue du fait de la fécondité des organomagnésiens, dont la préparation fait appel à certains d’entre eux.
C. P.