Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

hallucination (suite)

• Les hallucinations les plus fréquentes appartiennent en fait au domaine des maladies mentales proprement dites, c’est-à-dire sans substratum organique connu. On ne les rencontre jamais dans les névroses, à l’exception de l’hystérie, où des malades très mythomanes peuvent parfois raconter des pseudo-hallucinations complaisamment livrées au médecin. En fait, en matière de maladie mentale, l’hallucination est synonyme de psychose et de délire. Citons d’abord les psychoses délirantes aiguës, ou bouffées délirantes, qui parfois se rapprochent quelque peu de l’onirisme tant les hallucinations sont vives, mobiles et vécues dans une sorte d’état psychique voisin de l’hypnose. Bien plus fréquentes sont les psychoses chroniques : en premier lieu, la schizophrénie, qui, dans certaines de ses formes, comporte des hallucinations, surtout auditives et cénesthésiques, un automatisme mental et des thèmes délirants, décousus, impénétrables, bizarres, non systématisés ; en second lieu, les délires chroniques, avec parmi eux la psychose hallucinatoire, tellement fréquente chez la femme d’âge mûr. Cette psychose est particulièrement riche en hallucinations auditives, génitales, cénesthésiques et psychiques, avec automatisme mental. Le délire qui sous-tend les hallucinations et s’organise autour d’elles est relativement systématisé à thèmes de persécution, de possession, d’influence. La conviction est totale et se fonde justement sur les hallucinations. Outre la psychose hallucinatoire chronique et le groupe des délires hallucinatoires chroniques idéopathiques, on rencontre des hallucinations dans la paraphrénie, qui constitue une autre variété de délire chronique.

En revanche, dans les délires paranoïaques vrais, les hallucinations sont absentes ou restent au second plan. Enfin, des hallucinations ont été décrites à titre assez exceptionnel dans la mélancolie ou la manie, mais il est toujours difficile de distinguer dans ces cas l’illusion, l’interprétation de l’hallucination vraie.

Le traitement des hallucinations dépend de leurs causes. Dans le cadre des affections psychiatriques, les neuroleptiques sont remarquablement efficaces pour faire disparaître le phénomène hallucinatoire. Parmi eux, citons des butyrophénones, la chlorpromazine et ses dérivés, le sulpiride, l’azacycconol.

Les hallucinogènes

Ces substances, d’origine végétale ou obtenues par synthèse, sont capables de provoquer des hallucinations. Les produits d’origine végétale sont connus depuis des siècles et ont été le plus souvent utilisés au cours de rites religieux. C’est ainsi que certains champignons hallucinogènes sont consommés par des indigènes du Mexique (le psilocybe, qui contient la psilocybine) ou de la Nouvelle-Guinée (certains bolets).

La mescaline, substance extraite d’un cactus du Mexique, le peyotl, est également hallucinogène, provoquant des visions et des rêves colorés au prix de perturbations psychiques rappelant la schizophrénie.

Le chanvre indien, ou hachisch, euphorisant longtemps employé en médecine, est également hallucinogène, mais il pousse souvent à la violence et est actuellement prohibé.

Le diéthylamide de l’acide lysergique (L. S. D. 25), dérivé d’un des constituants de l’ergot* de seigle, a été préparé vers 1943 par les chimistes suisses A. Stoll et A. Hofmann, ce dernier ayant découvert sur lui-même les propriétés de cette substance, qui permet, avec des doses infimes (le vingtième de milligramme), de faire des « voyages » au pays des rêves fantastiques.

Le L. S. D. 25, employé en psychiatrie et seulement à l’hôpital pour des cas très précis, est rattaché à la législation sur les stupéfiants et il ne peut être délivré qu’après autorisation ministérielle.

G. R.

 H. Faure, les Objets dans la folie, t. I : Hallucinations et réalité perceptive (P. U. F., 1965 ; 2e éd., 1969).

halogène

Nom donné par Berzelius à l’un quelconque des éléments de la famille du chlore : le fluor*, le chlore*, le brome*, l’iode*, qui peuvent former des sels en se combinant aux métaux.


La thérapeutique utilise les halogènes sous forme de dérivés minéraux et de dérivés organiques.


Dérivés minéraux

• Le fluor joue un rôle essentiel dans l’assimilation du calcium et la prévention de la carie dentaire, d’où son utilisation dans nombre de dentifrices et son introduction dans les eaux d’alimentation particulièrement déminéralisées.

• Le chlore, sous forme d’hypochlorites fortement oxydants et antiseptiques, a été introduit au cours de la Première Guerre mondiale pour l’irrigation des plaies (liquides de Labarraque et de Dakin) et dans la lutte contre les gaz vésicants (chlorure de chaux). Les chlorates alcalins sont encore utilisés dans le traitement des angines et des stomatites. L’acide chlorhydrique dilué est un stimulant de la digestion gastrique ; le chlorure de sodium, électrolyte essentiel des liquides de l’organisme, est à la base des liquides isotoniques et hypertoniques prescrits comme succédanés du plasma sanguin. Toutefois, les propriétés des chlorures sont en général déterminées par l’ion métallique de leur molécule : calcium (hémostatique), zinc (antiseptique), mercure (calomel et sublimé corrosif).

• Le brome, au contraire, possède une action sédative qui lui est propre : d’où son emploi sous forme de bromures (de sodium, de potassium, de strontium), aujourd’hui délaissés au profit des barbituriques et d’une médication neurotrope particulièrement riche.

• L’iode, découvert en 1811 par Bernard Courtois (1777-1838), est utilisé depuis cette époque comme antiseptique sous forme de solutions alcooliques, improprement appelées teintures ; en solutions aqueuses, elles sont dites « de Lugol ». Ces solutions se montrent également révulsives, voire vésicantes, et, à leur usage comme antiseptique externe, on préfère celui de dérivés organomercuriels (mercurescéine, merthiolate de sodium). Sous forme topique, les iodures alcalins, associés ou non à l’iode, se révèlent en outre fondants, résolutifs et antimycosiques. À l’intérieur, l’iode se fixe rapidement sur les molécules des protéines et se trouve rapidement éliminé par l’urine sous forme d’iodure de sodium. L’iode produirait une lymphocytose passagère qui stimulerait les réactions de défense de l’organisme. Les iodures alcalins sont hypotenseurs ; on les a utilisés dans le traitement de consolidation de la syphilis.