Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Amérique précolombienne (suite)

Dans le sud du Brésil, les premières cultures d’agriculteurs sont représentées par les niveaux à céramique tupi-guarani, que l’on trouve au sommet de certains amas de coquilles côtiers. On estime qu’ils remontent à 800 apr. J.-C. environ. Les Tupi-Guaranis vivaient dans de petits villages et pratiquaient la pêche et la culture du maïs. Leur poterie polychrome continua d’être fabriquée jusqu’à l’époque historique.


Les chasseurs-pêcheurs du Sud

À l’extrémité du Chili, les Andes s’émiettent en un immense archipel recouvert de forêt, au climat humide et froid. Lorsque les Européens y parvinrent, cette région était habitée par de petits groupes de pêcheurs nomades — Alakalufs et Yahgans — vivant la majeure partie de l’année dans leurs canots de bois ou d’écorce, ou dans de petits campements provisoires. Il n’y a aucune raison de penser que ces groupes n’étaient pas les héritiers attardés des premiers occupants de l’Amérique australe, arrivés quelque dix mille ans auparavant.

Vers l’est, les grandes pampas battues par le vent, peu favorables au développement de cultures agricoles, étaient au xvie s, le domaine des chasseurs de guanacos et d’autruches, Onas de Terre de Feu, Tehuelches et Puelches d’Argentine, Charrúas d’Uruguay vivaient en petits groupes familiaux nomades. Leur équipement se limitait à des armes et à des instruments d’os et de pierre taillée ; les huttes et les vêtements étaient faits de peaux. Une organisation sociale complexe, un rituel cérémoniel élaboré contrastaient avec cette économie très simple.

D. L.

 W. C. Bennett et J. B. Bird, Andean Culture History (New York, 1949). / G. H. S. Bushnell, Peru (Londres, 1957 ; trad. fr. le Pérou, Arthaud, 1958). / J. M. Cruxent et I. Rouse, An Archaeological Chronology of Venezuela (Washington, 1959 ; 2 vol.). / A. Métraux, les Incas (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1962). / B. J. Meggers et C. Evans (sous la dir. de), Aboriginal Cultural Development in Latin America (New York, 1963).

amiante-ciment

Matériau composite, constitué d’une matrice de ciment contenant une charge de fibres d’amiante.


Inventé en 1900 par Louis Hatschek, ce matériau possède des qualités variées : inaltérabilité, incombustibilité, imperméabilité malgré une porosité marquée, légèreté, enfin résistances, en particulier à la traction et à la flexion, remarquables pour un matériau à base de ciment ; c’est en quelque sorte un ciment armé par 10 à 15 p. 100 de fibres d’amiante. Il se présente sous diverses formes : ardoises de couverture, plaques planes ou ondulées, hourdis, tuyaux, conduits de fumée, amiante-ciment émaillé pour revêtements décoratifs, etc.


Matières premières

• Le ciment utilisé est un portland, de préférence sans constituant secondaire, en raison de l’importance de la régularité des teintes pour des produits de grande surface ; il est moulu à finesse moyenne pour faciliter la filtration nécessaire au cours de la fabrication. De préférence pauvre en alcalins, il doit être faiblement gypse pour permettre le recyclage de l’eau.

• L’amiante présente deux variétés minéralogiques commerciales :
— l’asbeste, variété fibreuse de l’actinote, qui est une amphibole, silicate hydraté de magnésium, de calcium et de fer ;
— le chrysotile, qui est une serpentine, silicate hydraté de magnésium, présentant une texture fibreuse assez marquée, en dépit d’une structure atomique, lamellaire : Mg3Si2O5(OH)4.

C’est le chrysotile qui est employé dans la fabrication de l’amiante-ciment, en raison de son élasticité, de son aptitude à être facilement défibré et de sa résistance élevée à la traction, qui, sur fibres choisies, peut atteindre 10 000 bars. Le chrysotile est un produit d’altération métamorphique, présent dans la roche, sous forme de veines stratifiées, où le sens des fibres est normal à celui du filon : les gîtes serpentineux sont exploités principalement au Canada, en Rhodésie et dans l’Oural.


Fabrication

Elle est assez analogue à celle du carton. Le mélange intime de l’amiante avec le ciment est précédé du défibrage du chrysotile, préalablement débarrassé de la roche au lieu même de son extraction. Les fibres, naturellement agglomérées, passent dans un broyeur à meules qui rompt les faisceaux, puis dans un désintégrateur qui les sépare le plus complètement possible et les transforme en une sorte d’ouate. L’amiante est alors incorporé à une pâte très fluide de ciment. Un brassage énergique a lieu dans un malaxeur analogue aux « piles hollandaises » de l’industrie du papier et du carton. La bouillie, extraite de la pile, est déversée dans un bac ; convenablement diluée, elle alimente la machine (analogue aux machines à carton), composée d’un ou de plusieurs caissons métalliques dans lesquels tourne un gros cylindre-tamis. La bouillie se dépose sur le tamis en couche uniforme de quelques dixièmes de millimètre. Un feutre sans fin, suivi d’une toile métallique, recueille les couches des différents tamis, couches qui se soudent les unes aux autres. Le feutre passe sur des caissons à vide, qui permettent un premier essorage. La pâte est ensuite conduite au cylindre mouleur, autour duquel elle s’enroule jusqu’à épaisseur voulue, sous un serrage modéré, permettant au cylindre de pâte, découpé suivant une génératrice, d’être développé sous forme de plaque. Les plaques, formées de six à neuf couches minces de matières superposées, ont de 4 à 5 mm d’épaisseur. Découpées aux dimensions voulues, elles sont empilées avec l’intercalation de plaques d’acier huilées et passées à la presse hydraulique sous environ 200 bars. Perdant les trois quarts de leur eau et le quart de leur épaisseur, les différentes couches se confondent et forment un bloc monolithe. Lorsque la matière a atteint une résistance suffisante pour les manutentions et les opérations ultérieures, après environ quarante-huit heures, on enlève les tôles, on vérifie, on corrige, on régularise et, s’il le faut, on perce les plaques qui sont empilées, pendant environ un mois, dans des chambres humides à durcissement.