Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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gynécologie (suite)

Marcello Malpighi (1628-1694) décrivit la structure à la fois glandulaire et musculaire de l’utérus, et le Hollandais Reinier De Graaf (1641-1673) les follicules ovariens. Gaspard Bartholin (1585-1629) découvrit les glandes vulvaires qui portent son nom. Lotichius de Francfort (1598-1652) fut vraisemblablement le premier à utiliser le terme de gynécologie. J. Van Horne (1621-1670) appela ovaire l’organe nommé jusque-là « testicule féminin ».

Au xviiie s., la gynécologie, contrairement à l’obstétrique, ne progressa que très peu. En revanche, au cours du xixe s., l’acquisition de connaissances nouvelles concernant l’antisepsie, la bactériologie, l’anesthésie, l’anatomie microscopique lui permet de prendre un essor considérable. C’est en 1809 que l’Américain Ephraim McDowell (1771-1830) réussit pour la première fois l’ablation d’un kyste de l’ovaire pesant 7 kg. En France, Auguste Nélaton (1807-1873) pratiqua de nombreuses ablations de l’ovaire. Véritable fondateur de la gynécologie moderne, Joseph Récamier (1774-1852) réhabilita et répandit l’usage du spéculum vaginal, cylindre métallique permettant de voir l’intérieur du vagin. Il introduisit le curetage utérin, en utilisant une curette à long manche. En Allemagne, Bernhard von Langenbeck (1810-1887) réalisa le premier une ablation de l’utérus par les voies naturelles, pour traiter le cancer de l’utérus.

Jules Émile Péan (1830-1898) pratiqua la première ablation de l’utérus par voie abdominale, à Paris, peu après Eugène Koeberlé (1828-1915), de Strasbourg. Jean-Louis Faure (1863-1944) codifia de nombreuses interventions gynécologiques, et Max Hartman (1876-1962) publia de nombreux travaux concernant le cancer utérin.

L’école germanique compta également des gynécologues remarquables : Karl Schröder (1838-1887), précurseur de la chirurgie gynécologique ; Albert Neisser (1855-1916), qui découvrit le gonocoque et son rôle dans l’infection génitale ; Johann Pfannenstiel (1862-1909), qui recommanda l’incision transversale sus-pubienne qui porte encore son nom. En Autriche, Ernst Wertheim (1864-1920) codifia en 1898 l’hystérectomie élargie dans le traitement du cancer du col de l’utérus. Schiller découvrit en 1928 le test indispensable au dépistage du cancer du col de l’utérus au début, qui consiste à suspecter toute zone ne se colorant pas en brun acajou après application d’une solution iodo-iodurée.

En Angleterre, Robert Lawson Tait (1845-1899), le premier, conseilla l’intervention précoce dans la grossesse extra-utérine.

Aux États-Unis, Howard Atwood Kelly (1858-1943) fut un des plus brillants gynécologues, en tant qu’opérateur. Rubin proposa l’insufflation utéro-tubaire, exploration capitale en matière de diagnostic de la stérilité. Emil Novak (1884-1957) classa les tumeurs endocriniennes de l’ovaire et fut consulté par les gynécologues du monde entier sur les cas litigieux de coupes histologiques. C’est en 1917 que Stockardt et George Nicholas Papanicolaou (1883-1962) décrivirent les modifications cellulaires du cycle vaginal, et en 1941 que G. N. Papanicolaou et H. F. Traut publièrent leurs premiers travaux concernant le diagnostic du cancer utérin par les frottis vaginaux. De très nombreux chercheurs, aussi bien aux États-Unis qu’en Europe, devaient imprimer alors à la gynécologie une orientation endocrinologique qui représente l’aspect actuel et novateur des recherches en pathologie génitale féminine. Le premier, Louis Prenant (1861-1927) pressentit que le corps jaune ovarien constituait à lui seul une véritable glande endocrine. Pol Bouin (1870-1962) et Paul-Albert Ancel (1873-1961) mirent en évidence le phénomène de la dentelle utérine et son rapport avec le corps jaune. Robert Courrier, Edgar Allen et Edward Adebert Doisy découvrirent la folliculine. L’Allemand Ludwig Fraenkel prouva que le corps jaune ovarien était nécessaire au maintien de la gestation. Jacques Loeb (1859-1924) attacha son nom au test de la transformation déciduale de la muqueuse utérine. Selmar Ascheim et Bernhard Zondeck démontrèrent l’existence d’une hormone gonadotrope particulière dans le sang et les urines des femmes enceintes, à l’origine des tests biologiques actuels pour le diagnostic de grossesse. Maurice Harold Friedman, utilisant cette propriété gonadotrope des urines, généralisa en 1931 le test de grossesse en injectant les urines de femmes présumées enceintes à une lapine.

L’histoire de la gynécologie actuelle est dominée par la disparition de l’infection génitale. L’avènement des antibiotiques a en effet fait disparaître les infections chroniques désespérantes de l’utérus et des trompes. La gonococcie n’est plus le fléau qu’elle était. Cependant, si l’infection guérit et n’attente plus au pronostic vital, elle laisse encore derrière elle des cicatrices qui continuent à compromettre la fonction de reproduction, et les lésions à germes banals ou à bacille tuberculeux des trompes demeurent l’une des principales causes de stérilité.

En matière de cancérologie gynécologique, les progrès se font dans deux directions : dépistage précoce du cancer utérin par les frottis vaginaux et la colposcopie ; traitement mieux codifié, associant, à des tactiques opératoires nouvelles, la radiothérapie à haute énergie et la chimiothérapie.

L’endocrinologie a continué à faire progresser à pas de géant la gynécologie. Les dosages des hormones ovariennes et hypophysaires sont de plus en plus minutieux. Ils ne sont plus seulement statiques, mais dynamiques, après stimulation artificielle ou freinage. La synthèse industrielle de corps nouveaux a permis de bloquer l’ovulation, pour des raisons thérapeutiques ou contraceptives (v. contraception), ou au contraire de provoquer une ovulation jusque-là absente chez une femme stérile. La génétique, en révélant l’existence d’anomalies chromosomiques chez certaines femmes, a permis d’expliquer certains syndromes endocrinologiques et certaines dysplasies de l’ovaire.

Enfin, des méthodes d’exploration nouvelles comme l’hystérosalpingographie, la biopsie de l’endomètre, la cœlioscopie et les ultra-sons ont permis de faire des diagnostics gynécologiques de plus en plus précis.