Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Guyane (suite)

Sur le plan politique, les Britanniques ont hérité des Hollandais d’une organisation compliquée. En 1928, le pays reçoit une Constitution fondée sur le suffrage restreint et le monocamérisme. Divers amendements aboutissent à la Constitution de 1953, qui introduit le suffrage universel, un système ministériel et le bicamérisme. Dès cette époque, le conflit éclate entre les planteurs et le parti progressiste populaire, majoritaire aux élections, dirigé par le docteur Cheddi Jagan et appuyé sur la population originaire de l’Inde, qui représente 50 p. 100 de la population totale. Ce conflit amène la puissance possédante à maintenir en Guyane d’importantes forces armées. Cependant, le résultat des élections de 1957 oblige les Britanniques à envisager l’indépendance du pays dans le cadre du Commonwealth. Mais l’opposition rencontrée par Jagan — Premier ministre de 1961 à 1964 — de la part des Noirs (35 p. 100 de la population), menés par Forbes Burnham, et des Blancs (United Force de Peter d’Agniar) retarde l’heure de l’indépendance. Finalement, celle-ci est proclamée le 26 mai 1966 : la Guyane britannique prend le nom de Guyane. C’est un État souverain du Commonwealth doté d’un Parlement unicaméral élu au système proportionnel et d’une Constitution démocratique et parlementaire.

D’abord lié au régime monarchique, la Guyane devient, le 22 février 1970, « république coopérative » au sein du Commonwealth ; le 17 mars suivant, Raymond Arthur Chung est élu président de la République par l’Assemblée nationale.

P. P.


La population

La population noire importée par la traite au début du xixe s. a été renforcée par l’arrivée d’immigrants noirs libres à la fin du xixe s. Au même moment, le gouvernement anglais élaborait une politique systématique d’immigration, touchant plus particulièrement les coolies hindous, tandis que des Portugais s’installaient en nombre plus restreint. 90 p. 100 de la population vivent dans la région côtière ; les forêts des plateaux et des hautes terres ne sont habitées que par quelques groupes indiens.


La vie économique

La forêt, en particulier par ses essences rares, donne lieu à une exploitation importante dans la partie que les rivières ou les voies de communication rendent accessible. L’agriculture, outre les cultures vivrières, comprend quelques grandes cultures d’exportation, la plus importante étant la culture de la canne à sucre, héritée de l’époque coloniale et qui occupe encore près du tiers de l’espace agricole. Il s’agit de grandes propriétés appartenant à des Anglais, des Néerlandais ou des Américains.

Ces plantations, concentrées dans la plaine côtière, font vivre près de la moitié de la population. Quelques petites exploitations produisent de la canne à sucre et la vendent aux gros exploitants, qui la traitent dans une quinzaine d’usines. Une partie du sucre obtenu est exporté, en particulier vers le Canada. Le sucre représente 35 p. 100 de la valeur des exportations. Le riz est cultivé dans les parties inondables de la plaine côtière. La production est en essor rapide ; d’abord vivrière, elle assure 5 p. 100 du total des exportations de la Guyane (la moitié de la récolte étant exportée). Le riz est cultivé sur de petites ou de grandes exploitations, où travaillent des salariés peu payés. L’insuffisance de l’élevage rend nécessaire l’importation de lait et de viande. On note quelques tentatives de développement de l’élevage bovin dans l’intérieur, sur les hauts plateaux. L’acheminement de la viande jusqu’à Georgetown s’effectue par avion. Outre l’industrie alimentaire, représentée par les sucreries, l’activité la plus importante est l’exploitation des richesses minières et l’exportation de minerais.

De très importants gisements de bauxite sont exploités à une centaine de kilomètres de la mer par des compagnies à capitaux étrangers, essentiellement canadiens et américains. Le minerai, transporté par eau, est traité à l’usine de Mackenzie, puis dirigé vers le Canada, en particulier vers l’usine géante d’Arvida. La bauxite représente un peu plus de 25 p. 100 de la valeur totale des exportations. Le pays compte deux ports (Georgetown et New Amsterdam), mais il y a à peine plus de 100 km de voies ferrées, 500 km de routes principales et 500 km de routes temporaires ou de pistes. Les rivières n’étant navigables que dans la partie côtière, l’intérieur du pays reste très isolé.

Le commerce extérieur est très important. Trois pays monopolisent les exportations, essentiellement de bauxite et de canne à sucre : dans l’ordre, les États-Unis, la Grande-Bretagne, puis le Canada. La Guyana importe des produits alimentaires et des produits de biens d’usage et de consommation. Les mêmes partenaires se retrouvent au niveau de ces importations, mais la Grande-Bretagne est le plus gros fournisseur. Aux programmes de développement élaborés dans le cadre de l’aide de la Grande-Bretagne succède depuis 1969 un plan quinquennal qui se voudrait plus autonome et qui repose sur l’intervention d’un organisme financier gouvernemental, la Guyana Credit Corporation, qui tente de provoquer une certaine industrialisation, encore bien précaire, du pays.

M. R.

 R. T. Smith, British Guiana (Londres, 1962).

Guyane française

Départ. français d’outre-mer, dans le nord-est de l’Amérique du Sud, entre la Guyane hollandaise (Surinam*) et le Brésil.
Occupant une superficie de 91 000 km2, la Guyane française compte environ 45 000 habitants. Capit. Cayenne.



Le milieu naturel

On peut distinguer deux parties : une partie basse, pays de plaines, et une partie haute de 100 à 600 m, pays de collines. Les plaines se situent le long de la côte, sur une profondeur d’environ 30 km. Au-delà apparaissent des chaînons aux sommets plats, aux flancs abrupts, presque toujours parallèles à la côte, tels les monts de l’Observatoire, dont l’altitude ne dépasse pas 350 m. Par contre, le Massif central guyanais, orienté N.-S., a plus de 600 m d’altitude.

Les cours d’eau, nombreux, coulent du sud au nord. Les plus importants sont le Maroni, le Mana, l’Approuague et l’Oyapock.