Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Guttiférales

Ordre de plantes à fleurs qui rassemble les familles des Guttifères, des Hypéricacées, des Eucryphiacées et des Quiinacées.


Cet ordre, très proche de celui des Théales (v. magnoliales) est caractérisé par ses feuilles toujours opposées, la présence d’un appareil sécréteur, de nombreuses étamines, soudées, au moins à leur base, par leurs filets en un seul faisceau, et d’un ovaire supérieur à placentation axile.


Hypéricacées

La famille des Hypéricacées, qui comprend 8 genres et environ 400 espèces (3 genres et une vingtaine d’espèces en France, presque uniquement des Hypericum [Millepertuis]), vit dans les régions tempérées et chaudes du globe. On y rencontre des arbres (Vismia ; 50 espèces en Amérique et en Afrique), des petits arbustes et des plantes herbacées (Hypericum est le genre le plus important). Les feuilles de certaines espèces, renfermant de nombreuses glandes moins opaques que le parenchyme, paraissent, par transparence, comme percées d’autant de petits trous. Les fleurs, jaunes, groupées ordinairement en cymes, sont du type cinq (Vismia), mais, chez les Millepertuis, les étamines sont réunies en trois faisceaux et l’ovaire est à trois loges. De nombreuses espèces d’Hypericum sont cultivées comme plantes ornementales dans les jardins ; on peut citer H. calycinum (Millepertuis à grandes fleurs) du Caucase, H. androsæmum (Toute-Saine, Passecure), plante aromatique à baies rouges, puis noirâtres (on la place parfois dans un genre distinct : Androsæmum), H. elatum, H. hircinum. H. perforatum, commun en France et originaire de l’Asie occidentale, d’Europe et de l’Afrique du Nord, devient en Amérique une mauvaise herbe très envahissante, qui détruit de grandes surfaces de pâturages. C’est cependant un excellent vulnéraire, et on en extrait une huile rougeâtre d’usage médical.


Guttifères ou Clusiacées

La famille des Clusiacées, très voisine, comprend des plantes ligneuses tropicales. Le genre Clusia (100 espèces américaines) renferme surtout des lianes, dont certaines (Figuier maudit, « lianes meurtrières »), grâce à leurs racines aériennes, arrivent parfois à étouffer les arbres qui les portent. Le genre Garcinia (dont on compte 200 espèces en Afrique et en Asie) donne une gomme-gutte (gomme-gutte de la Thaïlande et de Ceylan) à partir d’un latex jaune recueilli par incisions sur les tiges. Les graines d’autres espèces fournissent une matière grasse appréciée (beurre de Kokum), et les fruits rouges et volumineux de Garcinia mangoustan, originaire de l’Inde, ont une saveur exquise. Citons enfin le genre Calophyllum (100 espèces aux Antilles, en Asie et en Afrique tropicale), qui fournit des bois précieux (bois de rose, de fer) et donne divers baumes. La petite famille des Eucryphiacées (2 genres), rapprochée parfois des Cunoniacées à cause de la structure de ses vaisseaux, renferme surtout des arbustes résineux (Eucryphia) vivant en Australie, en Tasmanie et au Chili ; certaines espèces produisent un bois très dur.

J.-M. T. et F. T.

Guyane

État d’Amérique du Sud.
La Guyane (anc. Guyane britannique), entre 1 et 8° de lat. N., est comprise dans la zone équatoriale. Son climat, difficile, a retardé son peuplement, puisqu’on ne comptait en 1900 que 278 000 habitants. Son indépendance récente n’a pas changé l’orientation de son économie, fondée sur l’exportation de quelques matières premières et encore dépendante de la Grande-Bretagne.



Le milieu naturel

Un vaste plateau incliné vers l’Atlantique se termine par une plaine étroite dans la région côtière et se relève en une véritable chaîne de montagnes à la frontière du Brésil. La plaine côtière, dont la largeur ne dépasse pas 80 km, est découpée par des lagunes et des flèches littorales sableuses, couvertes de palétuviers, ou formée de basses terres dont la végétation de savane offre une transition progressive avec la forêt équatoriale du plateau. Celui-ci, sur une largeur de 500 km, est constitué par un soubassement cristallin couvert d’argiles latéritiques. Il contient d’importantes richesses minérales, en particulier de la bauxite et de l’or. Les fleuves qui descendent de la partie montagneuse sont coupés de rapides et de chutes, et ne sont navigables que dans la partie côtière.

Le climat est caractérisé par des températures très constantes, qui oscillent autour de 26 °C. Les pluies, très abondantes, sont apportées par les alizés du nord-est. Il n’y a jamais de véritable saison sèche. Le total annuel atteint 2 295 mm à Georgetown. Les montagnes de l’intérieur sont moins arrosées (1 500 mm).

M. R.


L’histoire

Sir Walter Raleigh visite la Guyane en 1595-96 ; les essais d’implantation britannique face aux Français et surtout aux Hollandais sont d’abord infructueux. Puis, à partir de 1621, la Compagnie des Indes occidentales assure le développement de la canne à sucre et du coton dans certains territoires. Mais ceux-ci sont âprement disputés et changent plusieurs fois de mains. Ainsi, en 1781, l’amiral George Rodney se rend maître de l’ensemble des colonies européennes, mais, dès 1782, les Français le battent et fondent Longchamps (la future Georgetown) ; en 1783-84, Longchamps devient Stabroek en devenant hollandaise.

La mainmise française sur la Hollande à partir de 1796 a pour résultat de rendre les possessions hollandaises aux Anglais, en deçà du Courantyne ; elles sont restituées par la paix d’Amiens à la République batave (1802), puis reprises par les Britanniques (1803), qui abolissent la traite des esclaves (1807).

Finalement, les traités de 1814 laissent aux Pays-Bas le Surinam* et à la France la Guyane* française. Les Anglais s’installent définitivement dans la partie occidentale des Guyanes, avec Georgetown comme capitale. Cependant, des territoires contestés entre les trois pays seront l’objet d’accords laborieux à la fin du xixe s. et au début du xxe.

La Guyane britannique bénéficie de l’arrivée de nombreux travailleurs africains et aussi de colons britanniques. Néanmoins, jusqu’en 1841, le pays est sans gouvernement propre. Par la suite, une forte immigration viendra de l’Inde. L’économie guyanaise, fondée sur la culture de la canne à sucre, reste longtemps médiocre. La découverte de l’or en 1879 lui donne momentanément un coup de fouet.