Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Guerre mondiale (Seconde) ou Guerre de 1939-1945 (suite)

Le préalable des Balkans. Le déclenchement de l’agression contre l’U. R. S. S. exige que l’Allemagne ait préalablement éliminé toute difficulté pouvant surgir des Balkans. Or, Mussolini, refusant le rôle de parent pauvre de la nouvelle Europe, avait décidé, sans en avertir Hitler, de conquérir la Grèce. Le 28 octobre 1940, les troupes italiennes étaient passées à l’attaque, mais les forces grecques, refoulant leurs agresseurs, occupaient bientôt le tiers de l’Albanie ; les Anglais décidaient alors d’appuyer la Grèce, où ils débarquaient des troupes en mars 1941, et des éléments antiallemands commençaient à s’agiter à Belgrade.

C’est alors que Hitler décide d’intervenir : huit jours après qu’un coup d’État chassant le régent Paul de Yougoslavie a porté au pouvoir le roi Pierre II, la Wehrmacht envahit brutalement le 6 avril la Yougoslavie et la Grèce. Dès le 17, les forces yougoslaves devaient capituler, et, le 27 avril, les Allemands entraient à Athènes, chassant de Grèce les unités britanniques, qui rembarquèrent au début de mai en direction de l’Égypte, où se réfugia le roi Georges II. Du 20 au 30 mai, les parachutistes allemands du général Student conquièrent la Crète.

Ce nouveau succès de la guerre éclair, auquel se sont associées la Bulgarie et la Hongrie, entraîne l’éclatement de la Yougoslavie. La Slovénie est partagée entre l’Allemagne et l’Italie, qui crée une Croatie « indépendante » dont un prince italien est proclamé roi. La Bulgarie reçoit la majeure partie de la Macédoine et de la Thrace, tandis que le Monténégro reconstitué est soumis à l’Italie. Le retard apporté par ces opérations au déclenchement de l’attaque allemande contre l’U. R. S. S. sera lourd de conséquences.


22 juin 1941
Hitler attaque l’Union soviétique

Quelques heures après le franchissement de la frontière soviétique par la Wehrmacht, l’ambassadeur de Staline à Berlin était informé de l’ouverture des hostilités, tandis que Hitler proclamait par radio sa « volonté » d’assurer la sécurité de l’Europe... et de « sauver le monde ». Appuyées par 2 000 avions et secondées par 50 divisions « alliées » (finlandaises, roumaines, italiennes, hongroises), 145 divisions allemandes, dont 19 blindées (3 300 chars), articulées du nord au sud dans les trois groupes d’armées de Leeb, Bock et Rundstedt, se lancent à l’assaut de l’U. R. S. S. L’armée rouge compte 140 divisions, dont 24 de cavalerie à cheval et 40 brigades blindées réparties en quatre grands fronts aux ordres de Vorochilov, Timochenko, Boudennyï et Meretskov. Malgré les avertissements des Américains et des Anglais, et les multiples violations aériennes du territoire russe par la Luftwaffe, il semble bien que Staline se soit laissé surprendre.

Tandis que Leeb conquiert les pays baltiques et marche sur Leningrad, investi le 8 septembre, Bock gagne la grande bataille pour Smolensk (8 juill. - 5 août). Mais, contre l’avis de son état-major, qui voulait centrer tout son effort sur l’axe Smolensk-Moscou, Hitler envoie Rundstedt conquérir l’Ukraine. Ses troupes sont à la fin d’août sur la ligne Jitomir - Ouman - Odessa et livrent avec les groupements blindés Kleist et Guderian* une nouvelle bataille d’encerclement du 13 au 26 septembre autour de Kiev. Ce n’est qu’au début d’octobre, après la prise de Viazma et d’Orel, que les chars de Guderian sont rameutés sur Toula et Moscou. Le 1er novembre, les avant-gardes allemandes atteignent Mojaïsk, à 90 km de Moscou. Le 5 décembre, elles sont à 22 km au nord de la capitale, dont Hitler et le monde entier attendent la chute avant Noël. Mais, le 6 décembre, une brutale contre-offensive soviétique dirigée par Joukov* dégage Toula, reconquiert Kline et Kalinine, sauve Moscou et bloque définitivement la Wehrmacht, à bout de souffle et incapable de tenir tête aux rigueurs d’un hiver où le thermomètre descend jusqu’à – 50 °C. Ce premier et retentissant échec de la guerre éclair entraîne dans la Wehrmacht une grave crise. Le Führer chasse plusieurs chefs de l’armée (Brauchitsch, Rundstedt et Guderian) et assume désormais directement le commandement des forces terrestres.

Alors que Hitler se lançait dans une aventure qui scellera sa perte, Staline bénéficiait aussitôt de l’assistance des alliés occidentaux. Le 10 juillet 1941, Churchill s’engageait à ne conclure avec l’Allemagne aucun armistice ni paix séparée. Roosevelt décidait en septembre de faire bénéficier l’U. R. S. S. de la loi prêt-bail : elle recevra de 1942 à 1945 du matériel de guerre américain dont la valeur s’élèvera à 11 milliards de dollars. En juillet 1941, les troupes américaines avaient relevé les Britanniques en Islande, et, le 14 août, Churchill et Roosevelt se rencontraient en mer et proclamaient la charte de l’Atlantique, affirmant leur unité de vues sur les principes qui devaient guider le rétablissement d’une paix fondée sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Ils seront réaffirmés le 1er janvier 1942 par la déclaration des Nations unies signée à Washington par les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’U. R. S. S. et vingt-trois pays en guerre avec l’Axe.


La rupture entre le Japon et les États-Unis

Si les États-Unis s’engagent ainsi sur le théâtre occidental, leur vigilance est attirée plus encore en Extrême-Orient par l’attitude du Japon. En 1940, pour interdire les fournitures d’armes à Tchang Kaï-chek, Tōkyō, profitant de la défaite française, avait imposé en juin la fermeture du chemin de fer du Yunnan (Yun-nan) et obtenu de l’Angleterre celle de la nouvelle route de Birmanie (juill.). Au moment de la signature du Pacte à trois (sept.), le duc Konoe annonce un ordre nouveau en Extrême-Orient, qui, pour lui, comprend la Mandchourie, la Chine, l’Inde, le Sud-Est asiatique (y compris l’Australie) et le Pacifique. La pression du Japon s’accroît sur l’Indochine* française, qui doit accepter la présence de ses troupes, d’abord au Tonkin (juill. 1940), puis, après l’arbitrage imposé par Tōkyō au conflit franco-thaïlandais, en Cochinchine (juill. 1941). À cette attitude, Roosevelt répond d’abord par des mesures économiques, mettant l’embargo sur les expéditions américaines à destination du Japon (notamment le pétrole), puis bloque le 26 juillet 1941 les avoirs japonais aux États-Unis.