Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Guerre mondiale (Seconde) ou Guerre de 1939-1945

La Seconde Guerre mondiale, qui coûta la mort de plus de 40 millions de personnes, a duré six ans, du 1er septembre 1939, date de l’agression allemande contre la Pologne, au 2 septembre 1945, jour où le Japon capitula. Circonscrite à l’origine à l’Europe, elle devient véritablement mondiale avec l’entrée dans la guerre, en 1941, de l’U. R. S. S., du Japon et des États-Unis.



Introduction

Le nombre des belligérants, la nature et la puissance des moyens mis en œuvre, le caractère idéologique du conflit donneront plus d’ampleur encore à cet affrontement qu’à celui de 1914-1918. On y distinguera deux immenses théâtres d’opérations. Le premier, centré sur l’Europe, va de l’Atlantique inclus à la Volga et de l’océan Arctique à l’Afrique équatoriale ; le second, axé sur le Japon, englobe le Pacifique, l’Inde, la Chine et le Sud-Est asiatique. En dehors de quelques États d’Amérique latine et de quelques îlots européens (Espagne, Portugal, Suède, Suisse), toutes les nations du monde et leurs dépendances entreront peu à peu dans la guerre. Si quelques « têtes » dominent particulièrement ce conflit (Churchill*, Hitler*, Roosevelt*, Staline*), ils le doivent évidemment à leur propre tempérament, mais aussi à l’importance des ressources humaines, économiques, scientifiques et techniques que leur pays mettra à leur disposition. Tous les historiens s’accordent à discerner deux parties dans le déroulement de cette guerre. La première, qui s’étend jusqu’à la fin de 1942, est marquée par le flux conquérant des puissances de l’Axe (Allemagne, Italie. Japon). Un terme y sera mis dans le Pacifique par l’échec naval japonais des Midway, en Afrique par la bataille d’El-Alamein et le débarquement allié au Maroc et en Algérie, en U. R. S. S. par le désastre de la Wehrmacht à Stalingrad. Dans une seconde partie, les Alliés reprennent l’initiative et la direction du conflit, puis, refoulant systématiquement le Japon dans le Pacifique et débarquant en Europe, contraindront d’abord l’Italie (1943), puis l’Allemagne et le Japon (1945) à la capitulation.


Les origines du conflit

Quelles que soient les imperfections et les faiblesses du traité de Versailles de 1919, on ne peut imputer à elles seules la responsabilité de cette nouvelle guerre. Sans doute, l’épuisement économique et démographique des vainqueurs de 1918, leurs divisions et notamment la crainte de l’Angleterre de voir la France trop puissante, l’éclatement de l’Europe danubienne en de nouveaux États aux frontières contestables et contestées, l’impuissance d’une Société des Nations imposée et aussitôt refusée par les États-Unis, la crise économique mondiale de 1929, enfin, constitueront autant de motifs pour accentuer la fragilité du nouvel équilibre international. Il n’empêche que c’est d’abord à l’Allemagne de Hitler qu’appartient la responsabilité fondamentale de ce conflit. Soulevé par la mystique du national-socialisme, le Reich, qui n’avait jamais voulu admettre sa défaite, dévoile clairement dès 1931 sa volonté de briser le diktat de Versailles et exige une liberté entière en matière d’armement. En 1933, Hitler est installé au pouvoir par Hindenburg. Quelques années plus tard commencera la folle aventure de ses coups de force, auxquels la faiblesse et les illusions de l’Angleterre et de la France ne répondront que par autant de capitulations. On notera en particulier que leur absence de toute riposte à la réoccupation de la rive gauche du Rhin par la Wehrmacht, en violation du traité de Versailles, le 7 mars 1936, retirait aux démocraties occidentales tout moyen de coercition à l’égard de l’Allemagne nazie.

Au même moment s’affirmaient en Extrême-Orient les visées expansionnistes de l’empire japonais. Ayant imposé son protectorat à la Mandchourie, occupé la province de Jehol et quitté la S. D. N. (1933), le Japon entre en 1937 en guerre avec la Chine ; il occupe rapidement Shanghai (Chang-hai), Nankin et les principaux ports du Sud-Est (1939), refoulant à Chongqing (Tch’ong-k’ing) Tchang Kaï-chek. Celui-ci y dirige la résistance chinoise sans provoquer de réactions des États-Unis, alors entièrement absorbés par le redressement de leur économie et qui n’interviendront pratiquement pas dans la crise internationale d’où sortira la Seconde Guerre mondiale.

Mais c’est dans la vieille Europe que les exigences démesurées du dictateur allemand, encouragé par la démission des démocraties occidentales, allumeront le conflit. Après s’être habilement assuré à l’automne de 1936 du soutien politique du Japon par la signature du Pacte antikomintern, dirigé contre l’U. R. S. S., et de l’alliance de l’Italie fasciste par la constitution de l’axe Berlin-Rome, Hitler annexe l’Autriche en mars 1938. La guerre est évitée de justesse par les accords de Munich (sept.), qui, par l’incorporation au Reich du territoire des Sudètes, amorcent le démembrement de la Tchécoslovaquie. Dès mars 1939, ces accords sont violés par Hitler, dont les troupes entrent à Prague, tandis que Mussolini, un mois plus tard, annexe l’Albanie, puis signe avec Hitler le 22 mai 1939 le pacte d’Acier, qui enchaîne inconditionnellement l’Italie à l’Allemagne. Cette fois, Paris et Londres décident enfin de résister. Aussi, quand Berlin somme brusquement Varsovie, le 25 mars 1939, de soumettre à un aménagement le statut de Dantzig et du corridor, Londres prépare-t-il avec diligence un traité d’alliance avec la Pologne, et Paris confirme le sien. Les deux capitales étendent leurs garanties à la Roumanie et à la Grèce le 13 avril. Un accord semblable est conclu entre la Grande-Bretagne, la France et la Turquie, le 19 octobre, après la cession à Ankara du sandjak d’Alexandrette (auj. Iskenderun), détaché de la Syrie.


Le déclenchement de la guerre

Aux approches de l’été de 1939, la seule inconnue qui demeure dans les données initiales d’un conflit désormais inéluctable est l’attitude de l’U. R. S. S. Sans doute la France et l’Angleterre espèrent-elles encore que l’inconnue de Moscou empêchera Berlin de se lancer dans une guerre générale. Le 11 août, une mission militaire franco-britannique était dépêchée en U. R. S. S. pour tenter d’obtenir l’appui de l’armée rouge contre les nouveaux appétits de l’Allemagne nazie. Aussi est-ce avec stupeur que Paris et Londres apprendront la signature dans la nuit du 23 au 24 août 1939, par Ribbentrop et Molotov, d’un pacte de non-agression entre l’Allemagne et l’U. R. S. S., dont la négociation avait été tenue rigoureusement secrète.