Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Guerre mondiale (Première) ou Grande Guerre de 1914-1918 (suite)

Les déclarations de guerre en 1914

• L’Autriche à la Serbie (28 juill.), à la Russie (5 août).

• L’Allemagne à la Russie (1er août), à la France et à la Belgique (3 août).

• La Grande-Bretagne à l’Allemagne (4 août), à l’Autriche (13 août).

• Le Japon à l’Allemagne (23 août).

• La France et la Grande-Bretagne à la Turquie (3 nov.).

Quelques personnages de l’Europe de 1914

En Allemagne, Guillaume II*, empereur depuis 1888, est beau-frère du roi Constantin Ier de Grèce et cousin du tsar Nicolas II, du roi d’Angleterre George V et du roi Ferdinand Ier de Roumanie. Theobald von Bethmann-Hollweg (1856-1921), chancelier depuis 1909, manœuvre habilement avec le Reichstag, où il maintient les socialistes dans la majorité.

François-Joseph Ier*, le vieil empereur de Vienne (quatre-vingt-quatre ans), a confié ses Affaires étrangères au comte Leopold Berchtold (1863-1942), grand seigneur indolent. L’armée impériale et royale a pour chef d’état-major Franz Conrad von Hötzendorf (1852-1925), remarquable technicien, admirateur des Allemands, très hostile aux Serbes et peu tendre pour les Italiens.

À Londres, les libéraux sont au pouvoir avec lord Asquith et, au Foreign Office, sir Edward Grey, aussi honnête qu’ignorant des affaires européennes. Le jeune Winston Churchill* (quarante ans) est Premier lord de l’amirauté depuis 1911.

Chez les Français, enfin, Raymond Poincaré* est à l’Elysée l’homme fort du pays. Jaurès, figure prestigieuse de la gauche, est assassiné le 31 juillet, et le gouvernement est dirigé par René Viviani, peu versé dans les questions de politique étrangère, où la France brille plutôt par ses grands ambassadeurs : Paul Cambon (1843-1924) à Londres, son frère Jules (1845-1935) à Berlin, Camille Barrère (1851-1940) à Rome, Maurice Paléologue (1859-1944) à Saint-Pétersbourg.


La parole est aux militaires

Un mois après Sarajevo, les gouvernements s’en remettent aux états-majors, dont les armées se mobilisent et se concentrent avec une mathématique exactitude et dans un enthousiasme général. Pour chaque peuple, l’enjeu de la guerre est pleinement accepté : pour les Français, il s’agit de reprendre Metz et Strasbourg ; pour les Allemands, d’obtenir dans le monde « la part légitime de tout être qui grandit » ; pour tous, cependant, le risque apparaît limité : chacun est persuadé que la puissance et le coût des armes modernes obligent la guerre à être très courte..., 6 mois, hasardent les plus pessimistes. Hanté depuis l’alliance franco-russe par le problème de la guerre sur deux fronts, l’état-major allemand, suivant le célèbre plan élaboré par Schlieffen*, « joue » sa victoire sur la rapidité et l’ampleur de sa manœuvre enveloppante à travers la Belgique. Visant à abattre définitivement l’armée française avec la quasi-totalité de ses forces, ce plan accepte le risque d’une invasion des Russes en Prusse-Orientale, qui n’est défendue que par une dizaine de divisions. Chez les Français, Joffre*, qui croit que la droite allemande ne dépassera pas le couloir de la Sambre, dispose ses 5 armées de Belfort à Hirson, prolongées au nord vers Maubeuge par les 6 divisions britanniques de French. Quant aux Russes, il est simplement entendu qu’ils attaqueront en Prusse-Orientale dès que possible avec le maximum de forces.


Septembre 1914 : échec à l’ouest du plan de guerre allemand

Dès le 7 août, Liège tombe entre les mains des Allemands, qui entament le 14 la marche en avant de leurs deux armées d’aile droite, Kluck et Bülow. Le 20, ils sont à Bruxelles, à Namur et à Neufchâteau, tandis que les Belges se replient sur Anvers. Au même moment, de terribles combats s’engagent en Alsace, où les Français atteignent Mulhouse, en Lorraine, où Castelnau* et Foch* doivent renoncer à Morhange, mais résistent victorieusement en avant de Nancy et dans les Ardennes, où, le 22 août, Français et Allemands se heurtent en aveugles dans les sanglantes batailles de rencontre de Neufchâteau et de Virton. C’est pourtant en Belgique que se joue l’action principale. Sourd aux appels de Lanrezac, qui seul voit clair dans le jeu allemand, Joffre tarde à porter sa Ve armée sur la Sambre. Elle y parvient seulement le 22, pour se faire bousculer à Charleroi par les forces conjuguées de Kluck, de Bülow et de Hausen, tandis que French essuie un grave échec à Mons. Le 25, Joffre lance son ordre de repli général sur la Somme et l’Aisne.

À la fin du mois, l’euphorie règne à Berlin : « L’ennemi en pleine retraite n’est plus capable d’offrir une résistance sérieuse », proclame le communiqué allemand du 27 août.

Le 9 septembre, le projet de traité de paix, qui prévoit l’organisation d’une Europe allemande, est approuvé par le chancelier T. von Bethmann-Hollweg. Mais, alors que Moltke* croit tenir la décision, les Français vont étonner le monde par leur extraordinaire redressement. Progressivement, Joffre reprend l’initiative, bloque l’avance allemande sur la Marne (6-13 sept.) et rejette l’ennemi sur l’Aisne (v. Marne [bataille de la]).


Tannenberg et les fronts orientaux

Alarmé le 21 août par les appels au secours de von Prittwitz, qui doit reculer en Prusse-Orientale sous la violence des attaques russes de Rennenkampf, Moltke doit y dépêcher deux corps. Il confie la direction du front de l’est au général Hindenburg*, auquel il donne Ludendorff comme adjoint. Ceux-ci brisent aussitôt l’effort des armées russes en détruisant celle de Samsonov dans la mémorable bataille de Tannenberg (26 août).

Au sud, toutefois, la brillante offensive du grand-duc Nicolas* chasse les Autrichiens de Lvov (3 sept.) et les refoule sur la frontière allemande de Silésie, qui ne sera dégagée que par une nouvelle et remarquable contre-offensive de Hindenburg et de Mackensen sur Łôdź (novembre). Plus au sud encore, les Autrichiens subissent un grave échec en Serbie, où la petite armée du voïvode R. Putnik réussit à rentrer victorieuse à Belgrade le 13 décembre.