Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Guatemala (suite)

L’économie

15 p. 100 seulement de la superficie de ce pays pourtant essentiellement agricole sont exploités, le reste étant formé par une montagne d’accès difficile ou recouverte par la forêt tropicale dense ou la savane. Deux types d’agriculture dominent : la polyculture (maïs, haricots, courges, orge), pratiquée en autoconsommation ou pour l’approvisionnement des villes par les petits propriétaires indigènes ; les cultures de plantation, principales ressources commerciales du pays et destinées à l’exportation vers les États-Unis surtout, qui occupent la dépression du Motagua et la Boca Costa. Les caféiers ont été plantés vers 1860 par des étrangers, Allemands, Anglais, Américains, qui ont profité d’une main-d’œuvre abondante et bon marché et ont institué le système des colonos (ouvriers agricoles indiens des plantations ayant la jouissance d’un petit lopin de terre) ; le café reste le principal produit d’exportation du Guatemala. La canne à sucre et les bananes exploitées par des ladinos sont apparues plus tard. En 1936, les compagnies américaines, en particulier la United Fruit Company, ont obtenu le monopole de la culture et du commerce des bananes. La United Fruit a créé, pour son exportation, le port de Puerto Barrios sur l’Atlantique. Enfin, dans la forêt de Petén, on exploite la gomme (chicle) destinée aux fabriques de chewing-gum des États-Unis, mais cette production est en décadence.

Le système espagnol de l’hacienda et ce type d’agriculture de plantation ont provoqué au Guatemala, comme dans la plupart des pays d’Amérique latine, une forme d’occupation du sol entraînant de grands abus socio-économiques : plus de la moitié des terrains cultivables appartenaient à 1 p. 100 seulement des propriétaires ladinos ou à des compagnies étrangères. Cette situation a suscité en 1945 l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement influencé par la révolution mexicaine de 1910 et par la réforme agraire pratiquée au Mexique. Mais aujourd’hui la réforme agraire est ici seulement orientée vers la colonisation des terres chaudes inoccupées.

L’industrie est peu développée. Les ressources du sous-sol sont faibles : zinc, pétrole concédé à des sociétés américaines (gisement non exploité). En revanche, il existe un potentiel hydro-électrique important. Les installations industrielles, en majorité concentrées à Guatemala, valorisent presque exclusivement la production agricole. Toutefois, depuis la création du marché commun centre-américain, un plan d’industrialisation a été élaboré, et quelques grosses usines ont été créées (pneumatiques, raffinerie de pétrole).

1 430 km de voies ferrées, plus de 12 000 km de routes relient les villes entre elles ; si la route qui franchissait le pays d’ouest en est, joignant les zones de cultures de plantation aux ports d’exportation de l’Atlantique, a longtemps été la voie commerciale principale, avec le marché commun, la panaméricaine nord-sud (511 km en territoire guatémaltèque) tend aujourd’hui à jouer un rôle essentiel. Mais une grande partie des échanges se font encore avec les États-Unis par les ports de l’Atlantique, Puerto Barrios et Puerto Matías de Gálvez (créé en 1952 pour faire échec au monopole de la United Fruit).

L’art au Guatemala

La vie artistique du pays, à l’époque coloniale, se réduit à celle de sa capitale : constamment menacée par les tremblements de terre depuis la destruction, en 1541, de la Vieille Ville (Ciudad Vieja), Antigua fut fondée en 1543 et endommagée par les séismes de 1590, 1689, 1717, 1751 et 1773. Une si dure expérience imposa un type d’architecture basse et massive, que des effets ornementaux appropriés durent animer.

Jusqu’au milieu du xviie s., époque où probablement Nicolás de Cárcamo construisait l’église et l’hôpital annexe de San Pedro (1654-1665), il ne nous reste pour ainsi dire rien. Mais le grand maître d’Antigua est José de Porres (1638-1703), auteur de la troisième cathédrale et d’une façade de Santa Teresa (1683-1687) ; il y a dans ces œuvres un goût pour les procédés maniéristes qui fait songer à des monuments espagnols tels que la façade de la Cancillería (1567) de Grenade. Le monument clé d’Antigua est le couvent de la Merced, dont la façade, véritable retable de stuc, est d’un grand effet plastique ; ce type de décoration est d’origine nettement péninsulaire et avait déjà été adopté avec succès à Puebla (Mexique). L’art du xviie s. se clôt avec une autre façade, celle de San Francisco (commencée en 1675), où apparaissent déjà les colonnes torses.

Le principal architecte de la première moitié du xviiie s. fut Diego de Porres, qui renouvela l’organisation plastique du mur (église de la Recolección) ; on lui attribue la construction de l’hôtel de ville, qui fut rapidement imité au Palais des capitaines généraux. Quelques façades d’Antigua sont remarquables pour l’emploi de pilastres dépourvus de fonction portante, appartenant à deux types principaux : le pilastre à bossages, sans effet de verticalité, et le pilastre en balustre (Santa Clara, 1734, inspirée de Serlio). Le couvent des Capucines (terminé en 1736) mérite un commentaire particulier : ce qu’on appelle son cloître des novices, ou Tour de retraite, en fait un édifice exceptionnel. Les historiens ne sont d’ailleurs pas d’accord sur la destination de ce bâtiment circulaire ; il semble qu’il dérive d’un modèle de Philibert Delorme.

La figure de José Manuel Ramírez domine à Antigua la seconde moitié du xviiie s. Son œuvre la plus importante est l’université, reconstruite en 1763, avec ses cloîtres à piliers massifs et arcs mixtilignes. De nouveau, en 1773, un tremblement de terre dévasta Antigua et, trois ans plus tard, Luis Díez Navarro tirait les plans de la nouvelle capitale, Guatemala ; ceux de la cathédrale sont dus à Antonio Bernasconi.

L’art du Guatemala est illustré au xxe s. par un peintre de talent, Carlos Mérida (né en 1891), qui créera des compositions aux lignes dynamiques, d’un équilibre savant. L’architecte Molina cultive les structures cubiques aux grandes surfaces transparentes contrastant avec des murs aveugles. Son œuvre la plus importante est l’édifice Cruz Azul (1959).

Traduit d’après S. S.

➙ Mayas.

 S. D. Markman, Colonial Architecture of Antigua, Guatemala (Philadelphie, 1966).